Après des mois de discrétion, l’ancien agent de la NSA Edward Snowden revient avec de nouvelles preuves explosives incriminant les services de renseignement anglo-saxons. Le lanceur d’alerte en exil égraine en effet des documents secrets dans lesquels il présente le programme Hacienda, nouveau logiciel de surveillance massive d’internet.

Ces révélations confiées à la journaliste américaine Laura Poitras et à l’informaticien et militant de l’Internet libre Jacob Appelbaum, indiquent que la NSA, agence de sécurité américaine, ainsi que son homologue britannique, le Quartier général des communications du gouvernement (GCHQ) et les nations appartenant également au Five Eyes (Canada, Australie et Nouvelle Zélande), ont mis au point dès 2009 et ont recouru à ce programme scannant et analysant les « ports d’entrées » des ordinateurs afin d’identifier d’éventuelles failles exploitables.

Le programme menaçant la sécurité du réseau aurait concerné 27 pays, « scannés intégralement », selon le quotidien Le Monde, citant le groupe de presse allemand Heise, spécialiste de l’actualité informatique et co-auteur de l’article détaillant le fonctionnement du logiciel Hacienda.

Cette publication, citée par le site spécialisé Developpez.com, signale : « Le processus de scan de pays entiers à la recherche d’éventuelles infrastructures réseaux vulnérables est conforme à l’objectif global Mastering the Internet (Maitrise de l’Internet) qui est aussi le nom d’un programme de renseignements du GHCQ : ces agences d’espionnage tentent d’attaquer chaque système qui est à leur merci, probablement parce qu’il pourrait leur donner accès à d’autres systèmes. Les systèmes peuvent être attaqués simplement parce qu’ils pourraient éventuellement créer un chemin vers une cible privilégiée, même si aucune information n’indique que cela pourrait être le cas. »

Les experts précisent en effet que l’objectif poursuivi par Hacienda consiste à définir une cartographie globale des systèmes d’exploitation vulnérables à travers le globe. Un préalable à la récolte d’informations techniques et la détection de brèches favorisant une éventuelle intrusion future.

Selon Le Monde, le mode opératoire de ce programme intrusif s’apparente à celui adopté par les pirates informatiques. Il se caractérise par la création « d’un réseau clandestin d’ORB –Operational Relay Boxes », qui permette de prendre le contrôle à distance des ordinateurs, « à l’insu des propriétaires ». Ce réseau clandestin servirait par la suite de « relais » pour conduire des cyber-attaques coordonnées très puissantes, sans se faire repérer.

Ce nouveau scandale de l’espionnage éclabousse essentiellement les services de renseignement américains et le GCHQ britannique. Selon les mêmes sources, ce dernier aurait « réussi à repérer plus de 3.000 ordinateurs vulnérables » en l’espace d’une seule journée...