Abdellatif Laâbi vu par un Japonais
Dans son livre "Les Arabes, un point de vue japonais", Nobuaki Notohara ne tarit pas d'éloges sur l'écrivain marocain Abdellatif Laâbi, dont il a lu les œuvres et qu’il a rencontré à Paris, en 1984.
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Reda Zaireg
Le 5 août 2014 à 10h59
Modifié 5 août 2014 à 10h59Dans son livre "Les Arabes, un point de vue japonais", Nobuaki Notohara ne tarit pas d'éloges sur l'écrivain marocain Abdellatif Laâbi, dont il a lu les œuvres et qu’il a rencontré à Paris, en 1984.
"Lorsque je rencontre une personnalité comme Abdellatif Laâbi, je me demande: pourquoi les idées de ces auteurs ne se sont pas transformées en mouvement social ? Pourquoi rencontrons-nous des cas isolés d'un niveau pareil, et jamais de mouvement populaires du même niveau ?" s'interroge Nobuaki Notohara. Pour lui,"Laâbi, comme écrivain arabe, représente beaucoup pour nous au Japon. C'est un écrivain qui (...) s'est engagé dans l'action, et a payé un lourd tribut".
L'estime de Notohara a aussi pour cause le fait que Laâbi "est l'écrivain arabe ayant passé le plus de temps en prison. (...) Il a réalisé quelque chose de miraculeux. Il a découvert ce qu'est la liberté, en prison, et s'est découvert lui-même".
Notohara relate sa rencontre avec l'écrivain marocain, à Paris en 1984. "On a discuté pendant trois heures, puis on est allés chez lui. Cette rencontre a renforcé la conception que je me faisais de Laâbi, l'humain, après avoir lu ses livres".
Ce qui a frappé l'auteur est l'accueil que lui a réservé Laâbi. "Beaucoup d'écrivains arabes que j'ai rencontré semblaient surpris, lorsqu'ils rencontraient un lecteur asiatique. Ils ne s'y attendent pas. Laâbi non. Notre dialogue a été très spontané. Nous avons discuté sans barrière dès les premiers instants".
Au sujet de son expérience carcérale, Laâbi a dit à Notohara: "ceux qui m'ont emprisonné ont voulu couper mes liens avec ma vie, avec le monde qui m'entoure et mes amis. leur but était de détruire mes sens et mes sentiments. La prison est un champ de bataille dont le but est de détruire l'homme. (...) Mais en même temps, elle apprend aussi à affronter la réalité dont nous faisons partie, et aide à comprendre cette réalité dans sa globalité".
Décrivant l'apport de la prison à sa personnalité, Laâbi dit "quelque chose est né en moi. Et ce quelque chose est passé inaperçu. Ni le gardien de prison, ni le pouvoir n'y ont fait attention. (...) J'ai vécu dans l'intériorité".
Notohara estime, enfin, que "Laâbi ne se représente pas que lui-même, mais représente tout un mouvement populaire. (...) C'est un individu qui porte en lui la collectivité".
"Les Arabes, un point de vue japonais" a été publié en arabe par les éditions Dar Al-Jamal en 2003.