L’Emprise, de Marc Dugain : un roman sur la collusion entre la politique et l’industrie

Le romancier français Marc Dugain publie un livre sur la manière dont le système démocratique est abusé et perverti par l’entente cynique entre responsables politiques et dirigeants de grandes entreprises.  

L’Emprise, de Marc Dugain : un roman sur la collusion entre la politique et l’industrie

Le 30 juin 2014 à 11h05

Modifié 11 avril 2021 à 2h36

Le romancier français Marc Dugain publie un livre sur la manière dont le système démocratique est abusé et perverti par l’entente cynique entre responsables politiques et dirigeants de grandes entreprises.  

Une suite est déjà annoncée pour le printemps 2015, ainsi qu’une possible série télévisée.

L’Emprise, en librairie depuis 2 mois (314 pages, éditions Gallimard), réunit un candidat favori à l’élection présidentielle française et ses concurrents, des agents du renseignement, des industriels, un syndicaliste, une photographe chinoise et un officier de l’armée.

Dans l’industrie, le groupe nucléaire se nomme Arlena et dans le domaine de l’eau et de l’électricité la firme se nomme Futur Environnement et elle a monté « une grande lessiveuse au Maghreb », sans oublier une troisième firme, la Globale des Eaux.

Le roman de Marc Dugain décrit un système politico-économique où tout le monde tient tout le monde par la barbichette, paralysant l’ensemble, accentuant les problèmes structurels au fil des ans. Cela pourrait se passer en Europe ou au Maghreb. « L’Emprise, c’est l’histoire d’un petit monde où tout le monde se tient mais où chacun est impuissant à influer le cours du monde », indique Marc Dugain. Sur une chaine de télévision française récemment, Marc Dugain ne cachait pas l’objet politique de son nouveau livre : « Un ami journaliste d’investigation m’a dit que j’avais la chance de pouvoir dire tout haut ce qu’un journaliste ne peut pas écrire », indiquait-il.

L’ouvrage de 314 pages est écrit tout en rondeur. Il décrit sobrement, les phrases sont courtes et les mots précis. Il faut parfois attendre la fin d’un chapitre pour véritablement sentir la griffe politique de l’auteur. Dans ce sens le roman touche à l’essai parfois. Le romancier se soucie de l’état de la démocratie.

Ainsi abordant la question de la pratique des sondages politiques, même si le phénomène reste limité au Maroc, Marc Dugain écrit : « Ce procédé de vote permanent avait d’ailleurs rendu la démocratie particulière, car, à chaque échéance électorale, chacun savait par d’autres pour qui il allait voter, avant même de l’avoir décidé, devenant ainsi le spectateur de lui-même, ce qui contribuait significativement à un sentiment d’impuissance » (p. 44). Quelques lignes plus loin, en page 46, Marc Dugain n’hésite pas à asséner au sujet de l’un des personnages de son roman : « (…) il se méfiait de l’Etat dont, pour lui, le but était souvent moins de servir le public que d’organiser le confort et l’irresponsabilité de ses agents et élus ».

Chez Marc Dugain, l’essentiel est partout. L’intrigue et la plongée dans les bas-fonds et les coulisses de la politique sont  proches du réel. Ses personnages vivent entre Paris, la Bretagne, la Corse, Dublin et Vancouver mais le cœur du sujet se trouve à Paris entre les sièges du pouvoir politique,  les industries de la défense et du nucléaire et les multiples jeux d’influence.

Marc Dugain ne cache d’ailleurs pas dans ses interviews à la presse que l’affaire Karachi l’a inspiré. « Disons que c’est une métaphore de l’affaire Karachi » indique-t-il.

 L’affaire Karachi pour laquelle l’ancien Premier ministre Edouard Balladur et l’ancien ministre de la Défense François Léotard sont poursuivis pour des affaires de commissions sur des matériels militaires livrés au Pakistan et qui devaient servir au financement de la campagne électorale présidentielle de Balladur en 1995 est toujours devant la justice française. Une « mésentente » sur le versement des commissions entre les parties françaises et pakistanaises aurait été à l’origine d’un attentat contre des ingénieurs français basés au Pakistan en mai 2002. 15 personnes avaient été tuées.

Pouvoir, cynisme et démocraties assoupies ou muselées sont au cœur de ce roman lorsque l’auteur fait ainsi dire à l’un des patrons de la filière nucléaire française : « On est au sommet de la technologie, et on n’a besoin de personne, à part d’un peu d’uranium qui nous coûte une guerre en Afrique de temps en temps » (p.220). Et puisque nous sommes en pleine coupe du Monde de football, ces mots enfin : « C’est une drôle d’Europe que nous faisons là, où personne ne connait vraiment l’histoire de l’autre, où personne ne s’intéresse vraiment à l’autre, équipes de football mises à part » (p.274).

En 2005 Marc Dugain avait publié La Malédiction d’Edgar sur le patron du FBI américain ; en 2007, il traitait de la Russie, de l’accident du sous-marin Koursk et de Poutine dans Une Exécution ordinaire et cette année c’est au tour de la  France d’être observée par un romancier qui ne perd rien des réalités politiques contemporaines.


 

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