Augmentation du Smig, les textiliens sont atterrés
Les textiliens ont reçu comme un coup de massue l’annonce de la hausse du Smig, en raison de la nette perte de la compétitivité du Maroc qu’elle va provoquer. Une vague de licenciements n’est pas écartée.
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N. F. & S. E. O.
Le 1 mai 2014 à 7h37
Modifié 1 mai 2014 à 7h37Les textiliens ont reçu comme un coup de massue l’annonce de la hausse du Smig, en raison de la nette perte de la compétitivité du Maroc qu’elle va provoquer. Une vague de licenciements n’est pas écartée.
«Le chef du gouvernement a pris une décision politique dont il doit assumer les conséquences. L’impact sur la compétitivité des entreprises du secteur est certain. Comment pourrions-nous concurrencer des pays européens comme la Roumanie et la Bulgarie, de tradition textilienne et dont le Smig est inférieur à 165 euros.
Je ne parle même pas de l’Egypte ou de la Tunisie où le Smig est respectivement de 110 et 140 Euros. Jusque-là, le Maroc avait pu tirer son épingle du jeu à cause (grâce?) au printemps arabe et tirer la couverture de son côté. Mais avec la nouvelle hausse, la compétitive du Maroc est sérieusement compromise».
Les propos sont de Mustapha Sajid, président de l’Amith (association marocaine des industries du textile et de l’habillement).
La décision décriée par ce grand textilien concerne l’augmentation de 10% du Smig. Une hausse qui sera effective en deux temps, la première dès juillet de cette année. La seconde entrera en vigueur une année plus tard.
«Pour décréter une telle hausse, le gouvernement a réfléchi dans un contexte maroco-marocain, comme si l’on vivait dans une bulle. Or, il semble oublier qu’il faut s’adapter pour mieux se positionner dans un cadre de plus en plus mondialisé», ajoute la même source.
Pour étayer ses propos, M. Sajid cite comme contre-exemple le cas de certains pays européens comme l’Espagne ou le Portugal qui sont allés jusqu’à baisser le niveau du salaire minimum. Chose qui leur a permis, selon ses dires, d’amorcer leur redémarrage.
Des arguments mis en avant par le président de l’Amith et qui vont tous à l’encontre de la hausse du Smig. Toujours est-il qu’au bout des six heures de réunion avec le chef du gouvernement, les textiliens ont dû opiner du chef, certes à leur corps défendant, mais le résultat est le même, il y aura revalorisation du Smig !
Dans le secteur, la nouvelle a eu l’effet d’une bombe, voire d’un «séisme qui va gravement impacter l’industrie textile», nous déclare sans ambages M.El Fal, patron d’une usine de textile employant 1.000 personnes à Témara. « L’augmentation des charges salariales est une hérésie alors que la condition sine qua non imposée par les clients pour prendre commande est de tirer systématiquement les prix à la baisse. Face à la concurrence du Bangladesh, des pays de l’est et de la Chine, le Maroc sera donc ébranlé dans sa capacité à rester compétitif à l’international», poursuit-il.
Il ne met pas de gants pour qualifier «le discours du gouvernement de discours bidon visant à rassurer la galerie». Et d’ajouter, «si je comprends bien la difficulté à survivre de nombreux salariés, je considère qu’il vaut mieux être un petit salarié qu’un chômeur». Allusion à la future vague de licenciements dans son secteur, qu’il estime inéluctable.
Elalamy console les textiliens qui vont néanmoins créer 100.000 emplois
Simple concours de circonstance ou acte bien calculé? Hier, journée à laquelle la question de l’augmentation du Smig était au centre des discussions, entre autres avec les textiliens, une autre réunion a eu lieu entre les représentants de l’Amith et Moulay Hafid Elalamy, quelques heures seulement avant celle tenue avec le chef du gouvernement.
A l’ordre du jour de la rencontre initiée par le ministre du commerce et de l’industrie : le plan d’action relatif au déploiement de la convention cadre Etat-Amith conclue le 2 avril. Une sorte de contrat-programme qui agit, entre autres, au niveau du financement des entreprises du secteur via la mise en place du Fonds de développement industriel. Il vise aussi l’amélioration du positionnement à l’export par le biais du renforcement des actions promotionnelles du secteur à l’étranger et par la simplification du dispositif des contrats de croissance à l’export...
Les modalités ainsi que les budgets de cette convention sont confidentiels, mais de source sûre, ils justifient amplement l’engagement pris par l’Amith de créer à l’horizon 2020 quelque 100.000 emplois nouveaux, à générer 19 milliards de PIB additionnels et à réaliser un chiffre d’affaire à l’export de 34 milliards de DH…
Doit-on y voir une quelconque compensation à l’augmentation du Smig ? « Ce sont deux choses complètement différentes. La décision de Benkirane est politique alors que la mise en place de la convention relève de l’accélération de la stratégie industrielle. C’est un plan qui court jusqu’en 2020», répond M.Sajid.
Les jours à venir nous diront si M. Benkirane, la fleur au fusil, avait raison de bousculer les choses afin d’améliorer les conditions de vie des smigards ou si sa décision ne tenait compte que du seul enjeu politique sans se soucier des conséquences désastreuses que cela peut avoir sur l’entreprise marocaine.