Deux dirigeants historique de l’USFP évoquent une implication dans le coup d’Etat de 1972

Deux piliers de l’USFP, Mohamed Lahbabi et Mohamed Aït Kaddour confirment les précédents propos prêtés au Fqih Basri au sujet de contacts entre l’USFP et le général Oufkir pour préparer un coup d’Etat contre Hassan II. Driss Slaoui est aussi incriminé.

Deux dirigeants historique de l’USFP évoquent une implication dans le coup d’Etat de 1972

Le 25 avril 2014 à 9h38

Modifié 25 avril 2014 à 9h38

Deux piliers de l’USFP, Mohamed Lahbabi et Mohamed Aït Kaddour confirment les précédents propos prêtés au Fqih Basri au sujet de contacts entre l’USFP et le général Oufkir pour préparer un coup d’Etat contre Hassan II. Driss Slaoui est aussi incriminé.

Quatorze ans après la publication par l’hebdomadaire «Le Journal», dans son édition du 25 novembre 2000, de la fameuse lettre de Fqih Basri, le quotidien «Al Massae» revient sur la même question, celle des coups d’Etat, avec des témoignages de Mohamed Lahbabi et Mohamed Aït Kadour, deux dirigeants historiques de l’USFP.

Ces derniers confirment, selon leurs déclarations au journal, la  véracité des faits, c’est-à-dire une certaine implication de dirigeants de l’USFP dans la préparation d’un complot contre Hassan II. Pour rappel, la missive envoyée par Mohamed Basri, en 1974, était destinée aux camarades Abderrahmane Youssoufi et Abderrahim Bouabid.

«C’est la première fois que deux membres crédibles du bureau politique de l’USFP s’expriment sur le sujet. Ils sortent de leur mutisme et rapportent des faits, des témoignages qui émanent du cercle très restreint du bureau de parti, qui ne comptait à l’époque que quelques personnes», commente pour Médias 24, l’historien Maati Mounjib.

Dans son édition de ce jeudi 24 avril, «Al Massae» donne ainsi la parole à des témoins de l’époque qui accordent de la sorte une caution morale sans précédent à la lettre de Fqih Basri. «En effet, à part une sortie dans le même sens de Abderrahim Berrahou, il y a presque une année, dans l’hebdomadaire Ayyam, peu de choses ont été dites à ce sujet», ajoute Maati Mounjib.

L’une des principales révélations est l’implication de Driss Slaoui, l’un des conseillers les plus proches de Hassan II. Mohamed Lahbabi raconte que Abderrahim Bouabid le tenait régulièrement au courant de l’évolution des choses.

Des discussions entre Abderrahim Bouabid, le général Oufkir et Driss Slaoui avaient démarré dès 1971. Mohamed Lahbabi indique qu’il emmenait à bord de son véhicule Abderrahim Bouabid jusqu’à la Tour Hassan à Rabat. Ensuite, Driss Slaoui le récupérait en voiture pour le conduire au lieu de rencontre avec Mohamed Oufkir.

«Durant mes recherches sur cette période de l’histoire du Maroc, je ne suis jamais tombé sur une preuve écrite ou autre impliquant directement Driss Slaoui. Sa participation n’a été déduite que des témoignages que j’ai recueillis», déclare à ce sujet Maâti Mounjib. Et d’ajouter: «ce qui amène à s’interroger sur le fait que le général Oufkir a quand même attaqué l’avion royal, en août 1972, sachant que Driss Slaoui se trouvait également à son bord», se demande-t-il.

C’est cette même remarque qu’émet Mohamed Lahbabi. Lors d’une discussion avec Abderrahim Bouabid durant laquelle ce dernier affirme ne pas être commanditaire de la tentative de putsch du 16 août 1972, Lahbabi a dit: «Oufkir a visé l’avion alors que Driss Saloui faisait partie des passagers». Deux à trois jours plus tard, Driss Slaoui se remémore la scène et confie à Lahbabi: «Hassan II n’est pas prêt de changer. Après notre sauvetage, il m’a dit qu’Oufkir voulait jouer mais il n’a pas réussi». Et à Slaoui de commenter: «Hassan II parle des coups d’Etat comme s’il parlait d’une partie de cartes».

Mohamed Lahbabi relate que les contacts entre Bouabid, Slaoui et Oufkir avaient pour objectif d’éloigner Hassan II par hélicoptère vers la base de Kénitra puis par avion vers la France. Sans effusion de sang, répétait Abderrahim Bouabid, selon le témoignage.

Le 3 mars 1972, il ne se passe rien et Abderrahim Bouabid confie à Lahbabi : « cela n’a pas marché. Il (Hassan II) a refusé de monter dans l’appareil. Ce n’est que partie remise. Nous attendrons le 3 mars prochain». Pour la petite histoire, il était prévu de profiter d’un rituel de Hassan II, qui après les festivités de la fête du Trône, effectuait un tour en avion.

Les témoignages de Mohamed Lahbabi confirment la non-implication des socialistes dans l’attaque de l’avion royal du 16 août 1972. “Je ne suis pas opérateur“, confie Abderrahim Bouabid à Lahbabi, le même soir.

Au sujet toujours de l’échec du 16 août 1972, Fqih Basri a indiqué à Mohamed Aït Kadour: «Oufkir est comme un  esclave qui s’est habitué à naam sidi (oui mon maître) et aux courbettes. Il ne peut pas frapper son maître en le regardant dans les yeux». Et il a poursuivi en disant : «Oufkir a ordonné à ceux qui devaient abattre l’avion de s’éloigner de lui et de tirer sur l’appareil entre Tétouan et Kénitra».

Autre point. Dans sa lettre de 1974, Fqih Basri laisse entendre la formation d’un gouvernement après l’abdication de Hassan II. Chose qu’il réitère en confiant à Mohamed Aït Kaddour, lors de l’une de leurs rencontres parisiennes: «au printemps 72, Fqih Basri m’a informé que lui, Abderrahim Bouabid et Abderrahmane Youssoufi planifiaient avec d’autres parties pour un gouvernement de remplacement. Il m’a dit littéralement: cela va être un gouvernement miniature. Allez vous préparer».

En revanche, selon Mohamed Lahbabi, Abderrahim Bouabid lui confiait que: «le régime proposé après Hassan II compterait un conseil de régence comprenant des personnalités civiles comme lui-même, Allal El Fassi, El Hadi Messouak, Hassan Sifeedine Lahrej, Mohamed Aït Kaddour et  des militaires avec le général Oufkir à leur tête».


 

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