SMIG. Pour Jamal Belahrach, “il ne faut pas tuer la poule aux œufs d’or”

A l’approche du 1er mai, la hausse du SMIG revient dans l’agenda gouvernemental. Une éventualité qui ne manque pas de faire grincer des dents au patronat marocain dont Jamal Belahrach président de la commission de l’emploi à la CGEM qui nous livre ses explications.

SMIG. Pour Jamal Belahrach, “il ne faut pas tuer la poule aux œufs d’or”

Le 22 avril 2014 à 18h35

Modifié 27 avril 2021 à 22h27

A l’approche du 1er mai, la hausse du SMIG revient dans l’agenda gouvernemental. Une éventualité qui ne manque pas de faire grincer des dents au patronat marocain dont Jamal Belahrach président de la commission de l’emploi à la CGEM qui nous livre ses explications.

 

 

 « Une revalorisation, oui mais … »

 

Lundi 21 avril, la commission emploi et relations sociales de la CGEM se réunit. A l’ordre du jour, la demande de Abdelilah Benkirane, consistant à offrir aux salariés du privé, une hausse de 5% du Smig.

La proposition a été faite par le chef du gouvernement en fin de semaine dernière, au cours d’une réunion avec les instances dirigeantes du patronat. Abdelilah Benkirane avait expliqué qu’à l’occasion du 1er mai, “il fallait faire quelque chose de social“.

Pour Jamal Belahrach, président de la commission emploi de la CGEM, cette hausse unilatéralement décidée ne serait pas raisonnable en ces «temps de crise majeure» car le Maroc a avant tout uneéconomie basée sur la main-d'œuvre.

Dans des déclarations à Médias 24, il explique que la mise en œuvre de l’indemnité pour perte d’emploi (IPE) et de l’extension de l’AMO aux soins dentaires allait coûter 1 point de plus sur le coût du travail, ce qui impactera la compétitivité des entreprises.

La CGEM propose un “sommet social“

En acceptant ces concessions, le patronat a selon lui fait un grand effort car la compétitivité marocaine ne peut pas être érodée indéfiniment sous peine de “tuer la poule aux œufs d’or“. Pour trouver un terrain d’entente avec les revendications salariales, le préalable est selon lui “un sommet social regroupant les partenaires sociaux et le gouvernement“ pour mettre en place un nouveau contrat social.

Il assure que le Maroc ne peut se permettre de faire l’impasse sur un Grenelle de l’emploi seul à même de faire avancer le débat en discutant des composantes du travail comme son coût, celui de l’éducation et la formation.

Reconnaissant que le SMIG peut sembler léger pour les centrales syndicales, il pense que s’il avait été à l’origine indexé annuellement sur le taux d’inflation comme en France, son montant actuel serait plus conséquent. Pour Belahrach, le SMIG est d’abord un marqueur politique et si le chef du gouvernement est dans son rôle, il se doit d’assumer les revalorisations souhaitées par les syndicats. Autrement dit, au lieu de refiler la patate chaude au patronat.

Ne niant pas la difficulté de la majorité des Marocains à vivre décemment, il se dit convaincu que c’est à l’Etat de bâtir un système intégrant salaire et allocations qui permette de parvenir à un niveau de revenu acceptable.

Le rôle des entreprises est de prendre des risques pour créer des emplois et de la richesse en payant des impôts et si les partenaires sociaux défendent les intérêts des salariés, ils doivent cependant veiller à ne pas mettre en danger les intérêts des entrepreneurs.

Il pense que le chef du gouvernement ne peut prendre de décision unilatérale car il est conscient de la nécessaire compétitivité des entreprises pour survivre dans l’environnement mondial fortement concurrentiel. Pour développer l'emploi et les salaires, la croissance doit être au rendez vous et celle-ci passe obligatoirement par la compétitivité des entreprises et de leurs produits.

Il assure que lors de la réunion de la CGEM, les 33 fédérations du patronat marocain ont jugé irréalisable la promesse de Benkirane aux syndicats dans la conjoncture économique difficile que traverse le Maroc.

Belahrach conclut cependant que si le chef du gouvernement devait imposer au patronat une hausse forcée du SMIG, les entrepreneurs marocains n’auraient d’autre choix que de s’exécuter car ils restent avant tout légalistes.

 

La bataille du SMIG

Abdelilah Benkirane qui s’est engagé mardi 15 avril auprès des syndicats à leur réserver une «belle surprise» a renvoyé la balle à la CGEM en lui demandant de faire un geste pour satisfaire leurs revendications salariales. Si l’augmentation du salaire minimum (SMIG) s’est accélérée depuis 2001, les centrales syndicales ne manquent pas de rappeler au chef du gouvernement sa promesse électorale de ramener le niveau du SMIG à 3.000 DH contre 2333,76 DH/mois actuellement.

Entre 1981 et 2011, le Smig marocain a connu 18 augmentations, soit une tous les 22 mois qui a fait passer son montant mensuel de 450 DH à 233,76 DH. Selon Bank Al-Maghrib, ces augmentations ont été de 6,1%  par an et sur la dernière décennie (2001-2011), la progression a été plus soutenue en atteignant 9,7% par an en moyenne. Soulignons que l’inflation quant à elle n’a pas dépassé 1,7% par an entre 2001 et 2011, contrairement aux années 80 et 90, où elle pouvait atteindre parfois jusqu’à 12,5%. Cela revient à dire que le pouvoir d’achat n’a pas souffert de l’inflation pendant cette dernière décennie car les hausses du SMIG étaient plus importantes.

 

Un benchmark mené par lpays de niveaux socio-économiques similaires à celui du Maroc fait apparaître que certains pays appliquent un salaire minimum national, alors que d’autres fixent des salaires minima sectoriels ou régionaux grâce à la consultation des partenaires sociaux ou d’une commission tripartite (gouvernement-patronat-syndicats).

Cette analyse comparative a permis de classer le Maroc dans la tranche ayant des ratios de salaire minimum par rapport au PIB par tête et par rapport à la productivité par travailleur parmi les plus élevés du panel des pays analysés.

Les conclusions de cette analyse des expériences internationales mettent en avant le rôle essentiel de la négociation qui renforce le lien entre la croissance des salaires et celle de la productivité.


 

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