Genel Energy n’est pas le premier opérateur à annoncer des indices au Maroc selon lui prometteurs, surtout lorsqu’il s’agit de lever de l’argent sur les places boursières. Des indices de gaz ont par exemple été récemment signalés dans le puits Sidi Mokhtar dans les environs de Chichaoua. Depuis Talsint, le Maroc est devenu prudent et ne croit plus aveuglément  les annonces des compagnies.

Actuellement, le forage de Genel et de Cairn à Cap Juby a atteint selon le communiqué une profondeur de 3.100 m, à 600 m de sa cible où ils espèrent trouver un important gisement de pétrole.

Selon des sources officielles espagnoles, les eaux profondes entre les Canaries et le Maroc recèlent un important potentiel pétrolier, estimé côté espagnol à au moins 900 millions de barils [2,3 milliards de barils dans l’hypothèse optimiste], soit 10% des besoins espagnols pendant vingt ans.

Aux Canaries, le puissant lobby touristique a retardé les forages espagnols qui ne commenceront finalement qu’en mai prochain, et seront effectués par Repsol. L’industrie touristique qui fait vivre les îles Canaries craint des fuites de pétrole et donc une pollution du littoral qui est la seule vraie richesse de l’archipel.

“Réserves significatives“?

Dans ses comptes provisoires certifiés pour l’année 2013 et rendus publics à la City de Londres jeudi 6 mars, la société pétrolière anglo-turque Genel Energy annonce «la présence de pétrole» au large de cap Juby.

Le puits dénommé Juby Maritime 1, JM-1 est situé à 3.100 mètres, sachant que la zone principale à explorer est située à 2 km de là, au puits JM-2. Genel Energy parle d’«un forage qui peut avoir un impact matériel vues ses réserves significatives.»  En 1968, les Américains d’Esso avait découvert des traces de pétrole dans la zone mais n’avaient pas poursuivi leurs forages.

Le permis Juby Maritime est détenu à 37,5% par Cairn Energy, à 37,5% par Genel Energy et à 25% par l’ONHYM, l’Office national des hydrocarbures marocains.

Aux iles Canaries, on se montre officiellement prudent sur ces annonces de Genel notamment pour des raisons environnementales. Hasard ou pas, les autorités espagnoles qui devaient déclarer des zones maritimes des Baléares et des Canaries comme «protégées» ont eu le temps de le faire pour les Baléares la semaine dernière mais pas pour les l’archipel des Canaries.

Le second motif de prudence est que des sociétés moyennes cotées en bourse produisent parfois des effets d’annonce qui leur permettraient de lever des fonds.

Dans une dépêche datée de ce dimanche, Reuters annonce que le gouvernement des îles Canaries considère que la possibilité de découverte pétrolière au large des côtes marocaines accroît le risque de pollution sur le littoral canarien et demande une interdiction pure et simple des forages prévus par l’espagnol Repsol.

En cas de découverte au Maroc, le gouvernement canarien demandera au gouvernement espagnol de demander au Royaume un maximum de garanties de protection de l’environnement en raison de la proximité du littoral.

Mais du côté de la presse et des professionnels du tourisme soucieux de faire respecter l’environnement, l’effervescence est plus que perceptible. L'information, relayée par l'agence EFE, fait tous les gros titres de la presse.

En 2012 Genel Energy a réalisé un chiffre d’affaires de 333 millions de dollars contre 348 en 2013 et des bénéfices bruts de 76 millions de dollars en 2012 contre 186 millions en 2013.