Gare routière de Tanger : qui veut perdre des millions ?
La gare routière est à l’origine de pertes importantes pour la commune urbaine, évaluées par la Cour régionale des comptes à 4 MDH par an. Loyers impayés ou sous-évalués, guichets et commerces inexploités et frais de justice liés aux procédures d’expropriation expliquent le déficit.
Gare routière de Tanger : qui veut perdre des millions ?
Partager :
-
Pour ajouter l'article à vos favorisS'inscrire gratuitement
identifiez-vousVous possédez déjà un compte ?
Se connecterL'article a été ajouté à vos favoris -
Pour accéder à vos favorisS'inscrire gratuitement
identifiez-vousVous possédez déjà un compte ?
Se connecter
Jamal Amiar
Le 28 février 2014 à 12h25
Modifié 27 avril 2021 à 22h25La gare routière est à l’origine de pertes importantes pour la commune urbaine, évaluées par la Cour régionale des comptes à 4 MDH par an. Loyers impayés ou sous-évalués, guichets et commerces inexploités et frais de justice liés aux procédures d’expropriation expliquent le déficit.
Depuis 2008, la Commune urbaine de Tanger (CUT) enregistre un manque à gagner supérieur à 4 millions de DH par an, indique la Cour des comptes (CDC) dans son rapport annuel 2012.
Créée en 1990, la gare routière de Tanger compte 24 quais, 16 locaux commerciaux, 14 guichets et 12 bureaux. Dès les premières lignes de son rapport, la CDC va droit au but : «Les contrats de location examinés, signés entre la CUT et les différents exploitants des bureaux et guichets ne sont pas à jour. Ils indiquent toujours des montants de loyers différents et inférieurs à ceux stipulés par l’arrêté fiscal n°36 du 26 février 2008, en vigueur».
Si les créances de la gare - dus aux litiges en cours en justice - sur les exploitants des guichets et bureaux se montent à 108.000 DH, la CDC constate également que «12 guichets sont totalement abandonnés» privant la gare routière de loyers de 12.000 DH mensuels sur la base d’un loyer de 1.000 DH, soit un manque à gagner de 144.000 DH. Le manque à gagner pointé du doigt est déjà de 248.000 DH auxquels s’ajoutent une autre somme de 114.000 DH correspondants «aux restes à recouvrer sur les différents exploitants, des guichets, bureaux et locaux commerciaux. Total : 362.000 DH.
L’autre volet du manque à gagner calculé par la CDC provient de la comparaison effectuée entre les recettes prévues liées au transit et aux départs des différents autocars de la gare routière de Tanger entre les données de 2012 et ceux des années précédentes.
Pour les cinq années s’étalant de 2008 à 2012, le manque à gagner est supérieur à 5,2 millions de DH en 2008, 2009 et 2010, égal à 3 millions de DH en 2011 et de 2,8 millions de MDH en 2012. Total : 21,5 MDH. Ce manque à gagner trouve son origine dans la violations de la réglementation en vigueur des ministères du Transport et des Finances qui font obligation aux autocars de transport international d’utiliser les services de la gare routière avec le paiement d’un droit de 150 DH pour chaque usage. Comme le rappelle la CDC «tout débarquement des voyageurs ou dépôt de bagages en dehors de la gare, est interdit».
Autre source de pertes de revenus pour la gare routière, les grands taxis. Pas tant du fait qu’ils transportent eux aussi des voyageurs notamment vers ou en provenance de Tétouan, Larache ou Assilah, mais parce qu’ils ne paient pas un droit de 2 DH par voyage.
En outre en matière de sécurité, la CDC note l’absence d’agents de sécurité le soir et l’inexistence de caméras de surveillance. Autres absents : les tableaux d’affichages des horaires et destinations. Pour le «confort» général, la CDC note que «les déchets sont jetés partout (…). Les sanitaires, installations électriques, peintures ainsi que les menuiseries et revêtements sont dans un état de vétusté très avancé».
Dans ses recommandations, la CDC demande notamment un meilleur suivi quotidien du nombre d’autocars au départ et en transit et la sensibilisation des transporteurs internationaux et les grands taxis à la réglementation en vigueur. L‘installation de caméras, «un nettoiement régulier de l’ensemble de la gare routière» et «la mise en place de panneaux d’affichage» sont également suggérés.
Dans sa réponse, le président de la CUT, le maire PAM, Fouad Elomari, promet la mise à jour des contrats de location des bureaux, des guichets et des locaux commerciaux, un effort sur le recouvrement des impayés et l’élaboration d’un cahier des charges pour l’exploitation des 12 guichets abandonnés. La CUT indique par ailleurs que des mesures ont déjà été mises en œuvre pour améliorer la sécurité, la comptabilisation des autocars au départ et en transit et la propreté des lieux.
Dans le cadre du plan Tanger-Métropole 2013-2017, la gare routière actuelle qui se trouve sur la très fréquentée place de la Ligue arabe doit être déplacée à environ 5 km de là sur la route de Rabat près du Grand Stade. Une assiette foncière de 4,6 ha est prévue à cet effet ainsi qu’un budget de 46 MDH. Sa livraison est prévue avant fin 2017.