La violence politique et sociétale seraient-elles en train de se banaliser?

Les agressions contre le personnel politique marocain se suivent et ne se ressemblent pas. Face à cette épidémie qui touchait déjà le commun des mortels, n’y a-t-il pas un risque de banalisation du phénomène et ne serait-il pas temps de réagir?  

La violence politique et sociétale seraient-elles en train de se banaliser?

Le 22 janvier 2014 à 10h52

Modifié 22 janvier 2014 à 10h52

Les agressions contre le personnel politique marocain se suivent et ne se ressemblent pas. Face à cette épidémie qui touchait déjà le commun des mortels, n’y a-t-il pas un risque de banalisation du phénomène et ne serait-il pas temps de réagir?  

La propagation de la violence au Maroc ne semble plus connaître de limites et elle contamine désormais jusqu’à la sphère politique. Des ministres en exercice ont en dernièrement fait les frais et malgré une condamnation unanime, de nouveaux incidents sont enregistrés. Ce phénomène récent serait-il le fruit d’une démocratisation et d’une liberté d’expression mal comprises ?

Quand la sphère politique devient l’arène des gladiateurs

-             Des ministres attaqués

Quatre hommes politiques et non des moindres ont dernièrement été agressés verbalement et même physiquement. Le premier d’entre eux, chef de gouvernement de surcroît s’est vu encerclé par des manifestants devant le siège du parlement à Rabat par des diplômés chômeurs. Ces derniers l’ont violemment pris à partie pour avoir bloqué leur recrutement dans la fonction publique et Abdelilah Benkirane n’a dû son salut qu’à l’intervention des forces de l’ordre.

Son ministre des transports Aziz Rebbah a aussi fait les frais, lors d’un meeting partisan à Benslimane, d’agressions verbales de la part d’une vingtaine de diplômés chômeurs venus perturber son intervention. Outré, le ministre a rejeté la faute sur les policiers présents étrangement passifs qui ne seraient «bons qu’à se faufiler parmi nous pour rédiger leurs rapports».

Le ministre de la santé Houcine El Ouardi s’est quant à lui retrouvé vilipendé en plein parlement par des syndicalistes pharmaciens mécontents de son action au sein du ministère. Il a fait l’objet d’insultes et de menaces physiques qui ont abouti à l’arrestation des agresseurs faisant l’objet d’une plainte au pénal déposée par Louardi.

Dimanche 19 janvier, l’on a découvert avec stupeur qu’un ministre en exercice et chef de parti, pouvait même faire l’objet d’une attaque physique. Nabil Benabdellah, ministre de l’habitat s’est retrouvé caillassé lors d’un meeting de son parti et si les versions divergent sur les auteurs, il n’en demeure pas moins que le dit-ministre a du subir sept points de suture au front.

La démocratie est par essence l’art de résoudre les différends d'une manière pacifique, l’irruption de la violence est symptomatique de la rupture de ce même dialogue. 

Il peut arriver également que les politiques soient à l’origine de violences verbales qui peuvent dégénérer et l’exemple le plus emblématique en est celui de Benkirane.

         Des politiques à l’origine d’une certaine violence ?

Le chef du gouvernement a ouvert la voie à des échanges musclés avec ses détracteurs et pour s’en convaincre, il n’est qu’à voir les nombreux incidents qui ont lieu à l’intérieur même de l’hémicycle. Si la confrontation d’opinion est chose normale en démocratie, ce qui l’est moins c’est le niveau lamentable des échanges où les noms d’oiseau fusent à tout va au sein du saint législatif. Benkirane semble avoir inauguré de nouveaux rapports avec les élus d’opposition qui se basent sur les rapports de force.

Ses adversaires politiques ne sont pas en reste et sont autant à blâmer que lui car pour s’en convaincre il suffit d’écouter les invectives de Chabat qui a fait de Benkirane sa « tête de turc ».

Le défilé des manifestants conduit par le SG du PI le 1er mai dernier avait ainsi promené dans les rues de la capitale un âne censé caricaturer le chef du gouvernement. Le respect de l’adversaire politique et la retenue sont semblent-il des vertus du passé qui ne sont plus dans l’air du temps. Les politiciens peuvent donc être à l’origine d’incitation à une forme de violence qui n’est pas à mettre à leur crédit.

-          La politique et la religion en renfort de la violence

L’exemple de la provocation du député PJD Mokrie Abou Zaid qui avait cru faire de l’humour en citant une « ethnie connue au Maroc pour son avarice » est symptomatique d’un discours irresponsable. Traiter les amazighs de manière si méprisante est une provocation de très mauvais goût qui n’est pas à l’honneur de ce prétendu politicien. 

La violence verbale et physique semble désormais envahir tous les champs de la société marocaine et même la religion n’est pas épargnée. Le Takfir devient récurrent. Cheikh Abou Naim a récidivé, pour le moment dans l'impunité. Rien n'est plus violent qu'une excommunication, un takfir, par un cheikh drapé dans son autorité religieuse. Le takfir est une sorte de fatwa autorisant le meurtre. C'est le principal instrument utilisé par les radicaux pour soumettre une société. 

Un phénomène de société ?

Mais le citoyen lambda non plus n'est pas épargné dans sa vie quotidienne. Ce mouvement trouve plusieurs éléments d’explication et le chômage endémique peut constituer une des réponses à son avènement. La multiplication du nombre d’agressions violentes dans les rues de nos villes sont souvent le fait de jeunes désœuvrés sous l’emprise de drogues pharmaceutiques appelées « Karkoubi ». En attendant, on peut se demander s'il y a une réelle volonté de lutter contre ces comprimés psychotropes et si la police, dans son organisation, sa gestion des ressources humaines, son organisation, est capable de relever ces défis. 

Les scènes de vandalisme qui sont devenues courantes à la sortie des stades de football ne sont pas sans rappeler les hordes de hooligans anglais assoiffés de « bastonnades ».

Que faire ?

Certains pensent à tort que les pays en voie de développement comme le Maroc ne sont pas mûrs pour une démocratisation qui fait passer la prévention avant la répression. Pour valider leur thèse, ils avancent que dans le passé, le royaume ne connaissait pas ces problèmes d’insécurité. Raccourci commode qui dans les faits ne tient pas la route car les années de plomb prouvent s’il en était besoin que la violence d’Etat n’était pas en reste. 

L’explication la plus plausible est le manque d’éducation et de sensibilisation des jeunes générations qui pensent rattraper à mauvais escient des décennies de frustration. Les promesses non tenues des politiques entraînent une perte de confiance des jeunes dans leurs institutions et peuvent nourrir le terreau de cette violence. 

L’Education nationale et la cellule familiale ont certainement une part de responsabilité dans un phénomène qui ne réglera que par un travail de prévention de longue haleine.

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