Le bilan noir des établissements de protection sociale au Maroc

Malgré les gros handicaps dont souffre le secteur social au Maroc, les bonnes intentions sont là… encore faut-il le prouver. Le détail de la conférence de presse de Bassima Hakkaoui.

Le bilan noir des établissements de protection sociale au Maroc

Le 21 janvier 2014 à 19h03

Modifié 21 janvier 2014 à 19h03

Malgré les gros handicaps dont souffre le secteur social au Maroc, les bonnes intentions sont là… encore faut-il le prouver. Le détail de la conférence de presse de Bassima Hakkaoui.

Le Maroc comptait en 2013 quelque 1.347 établissements de protection sociale, dont profitent quelque 160.000 bénéficiaires. Parmi eux, personnes âgées, enfants et personnes en situation d’handicap.

Lors de la présentation de son rapport, la ministre a déclaré que «ce rapport ne contient pas toute la vérité. Mais contient les vérités suffisantes pour aller de l’avant.» Etonnant non ?!

D’ailleurs, dans le document qui nous a été remis, le troisième volet concernant l’aspect législatif ne figure pas dans le rapport. Pire, il a été rapidement balayé par la ministre lors de sa présentation. Le reste est un bilan noir que nous nous évertuerons à synthétiser.

Le rapport souligne l’absence de la dimension psychologique dans le traitement des cas de certains enfants souffrant notamment de dislocation familiale. De plus, leur transfert d’un centre à un autre n’obéit pas à des critères clairs et bien définis.

De même, l’intégration sociale dans l’éducation des enfants n’est pas prise en compte. Ce qui influe négativement sur leurs relations sociales et sur leurs comportements en société.

Du côté des normes, l’arsenal juridique est établi de manière à donner la priorité aux structures d’accueil et aux ressources humaines de ces établissements, au détriment des bénéficiaires. De là découle un manque manifeste de la normalisation des prestations et des programmes offerts par les établissements de protection sociale au profit des bénéficiaires.

Par relation de cause à effet, la gouvernance en prend un coup! En effet, le système de suivi et de contrôle met l’accent, la plupart du temps, sur les aspects financiers et comptables, «sans donner de l’importance à l’efficacité des programmes sociaux offerts en matière de réhabilitation, de rééducation, de renforcement des capacités, du développement personnel… etc.» peut-on lire parmi les conclusions du rapport.

Aussi, le document rapporte une faiblesse du mécanisme de veille, de suivi et d’évaluation en matière de procédures de gestion ou de système d’information.

Concernant le volet des ressources humaines, il existe de grandes disparités en matière de capacité et d’efficacité des unités de gestion des centres sociaux, dont certains exigent une intervention d’urgence. Pour illustrer le propos, Bassima Hakkaoui relève que dans certains centres les rémunérations mensuelles atteignent 22.000 DH contre seulement 1.500 DH pour d’autres. Ajouté à cela la faiblesse de la couverture sociale et une absence quasi-totale de contrats de travail.

Financièrement, les établissements de protection sociale ne sont pas logés à la même enseigne. Seuls quelques une bénéficient de la surtaxe d’abattage, il s’agit uniquement des associations musulmanes de bienfaisance. Globalement, les subventions publiques allouées aux établissements sont insuffisantes. Mais comment peut-on juger de l’insuffisance ou pas des contributions si les rétributions ne sont ni suivie, ni évaluées?

Heureusement, les âmes charitables sont là pour compenser le manque. En revanche, elles sont rarement destinées aux établissements de protection sociale, et sont concentrés dans les grandes villes. C’est sans compter sur le «génie» de madame la ministre qui veut faire du prêche hebdomadaire à l’occasion de la prière du vendredi l’occasion de mobiliser les esprits bienfaisants en les incitant aux dons au profit des établissements de protection sociale.

Plusieurs questions sont néanmoins restées en suspens, et nous avons voulu en savoir plus au terme de la présentation. Hélas, et comme à l’accoutumée, la ministre de la solidarité n’a pas cédé au jeu des questions-réponses. Plus tôt, elle avait déploré le fait que la législation régissant les établissements de protection sociale n’est pas en harmonie avec les dispositions de la nouvelle constitution. Mais elle oublie sûrement qu’une charité bien ordonnée commence par soi-même. Bref, la démarche de madame la ministre est tout sauf catholique.


 

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