Contre l’hépatite C, un nouveau traitement à… 1 million de DH par patient

Dans des procédures accélérées en Europe et aux Etats-Unis, un nouveau médicament (Sofosbuvir), a été ou sera rapidement sur le marché, pour traiter l’hépatite C, une maladie chronique jusque là incurable qui touche des dizaines de millions de personnes.  

Contre l’hépatite C, un nouveau traitement à… 1 million de DH par patient

Le 17 janvier 2014 à 14h49

Modifié 17 janvier 2014 à 14h49

Dans des procédures accélérées en Europe et aux Etats-Unis, un nouveau médicament (Sofosbuvir), a été ou sera rapidement sur le marché, pour traiter l’hépatite C, une maladie chronique jusque là incurable qui touche des dizaines de millions de personnes.  

Le traitement présenté comme révolutionnaire, offrant jusqu'à 100% de rémission, est très onéreux. Il a été baptisé par des activistes américains "le comprimé à 1.000 dollars". Il vient d’être autorisé par l'agence américaine de régulation de l'alimentation et de la médication sur le territoire américain.

En France, il vient de bénéficier d’une ATU de cohorte (autorisation temporaire d’utilisation pour des groupes de patients).

En raison de son intérêt thérapeutique majeur, le Sovaldi [dénomination commerciale], a bénéficié d’un avis positif en un laps de temps record, de la part du Comité européen des médicaments à usage humain (CHMP), comité scientifique de l’Agence européenne des médicaments (EMA). L’autorisation finale de mise sur le marché européen est attendue pour les prochaines semaines. Elle sera probablement suivie d’une autorisation similaire au Maroc, notre pays suivant généralement l’Europe.

Selon une source du secteur médical marocain, cette affection est très répandue au Maroc. Elle représente dans le Royaume un marché estimé à 3 milliards de DH, pour le diagnostic et les analyses de charge virale uniquement. Les porteurs de virus sont estimés à 800.000 personnes dont 600.000 diagnostiqués. Ajoutons aux 600.000 porteurs du virus une part d'un tiers supplémentaire de porteurs non diagnostiqués et c'est près de 2 Marocains sur 100 sont concernés. Il s’agit donc d’un grave problème de santé publique.

Le seul problème est le coût du traitement, estimé à 70.000 à 90.000 euros par malade. Il est tout simplement impossible de tous les traiter, car le coût global représenterait 800 milliards de DH, presque la totalité du PIB du Maroc.

Il y a deux ans, il y avait eu une tentative des laboratoires Jensen & MSD, consistant à introduire la trithérapie contre l’hépatite C.

Une formule plus efficace que toutes celles qui l’ont précédée, mais à un tarif prohibitif qui condamne la formule. Seul l'OCP accepte de rembourser à 100% le traitement pour ses salariés, la facture pouvant atteindre 250.000 DH.

Au bout de deux ans, le produit est retiré du marché.

Mouad A.A., pharmacien, confirme: «Le produit des laboratoires Gilead Sciences [Sofosbuvir ] nous a été annoncé durant l'été 2013. D'ici la fin de l'année, il sera probablement sur le marché marocain, mais le prix est trop élevé pour envisager un remboursement, les pharmaciens hésiteront avant de stocker un produit aussi cher».

Jusqu’à présente, les patients marocains suivent une bithérapie basée sur l’interféron.

Elle coûte donc de 70.000 à 150.000 DH. La CNSS en couvre jusqu'à 97%, lorsque d'autres organismes comme la Cnops ou la mutuelle de l’OCP prennent en charge la totalité du traitement. Ce que cache cette couverture rassurante, c'est le parcours du combattant que les patients découvrent a posteriori. Disponibilité du médicament aléatoire, en plus d'être rare, chèque de caution déposé en pharmacie pour pouvoir recevoir le traitement, délais de remboursement pouvant aller jusqu'à 18 mois. Autant d'obstacles qui ont contraint certains patients à renoncer à la poursuite du traitement, pour en perdre les effets curatifs et retourner à la case départ.

Mouad A.A. est un pharmacien qui distribue ce produit, pour lui c'est plus de 300.000 DH qui gisent en ce moment en créances: «Je vais semaine après semaine sur le site internet de la CNSS avec mes clients et en attendant c'est ma trésorerie en subit les conséquences. Finalement, je vois ça comme une aventure, certains clients honorent leurs dettes, quand d'autres dilapident le remboursement. J'ai même perdu devant un tribunal contre ce type de client. Mais une seule semaine d'interruption peut anéantir les bénéfices du traitement, ma conscience m'empêche donc de refuser le médicament au patient». Dans le cas de figure où le plafond de remboursement de la mutuelle est atteint en plein milieu du traitement, le pharmacien est contraint d'avancer la différence.

Il est évident qu'une fois la lecture de cet article terminée, et la perspective du coût gigantesque envisagée, partager sa tasse de café devient beaucoup plus compliqué.

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