Youssef Ghalem est diplômé de l'école d'ingénieurs l'Ensias à Rabat en 2010. Après s'être spécialisé en système d'information, il a rejoint la Société générale à Casablanca en 2011 en tant que chef de projet.

Mais ce jeune Casablancais de 26 ans laisse tomber une perspective de carrière stable pour un MBA aux Etats-Unis qu'il prévoyait de faire en 2014. Pour cela, «il me manquait un projet extraprofessionnel», nous raconte Youssef Ghalem.

C'est de cette manière qu'il entame le projet Kezakoo, un site de contenu de e-learning, qui présente des cours du primaire, secondaire et universitaire. Kesako, kezako ou encore quésaco, est un pronom interrogatif emprunté à l'occitan qui signifie «Qu'est-ce que c'est?».

Bref, une fois le projet ficelé, il en est devenu «amoureux». Il ne l'a plus considéré comme le simple volet business qu'il devait mettre sur pieds pour s'envoler au pays de l'Oncle Sam. Mais un projet entrepreneurial qu'il veut développer. Et le MBA ? «Pas pour le moment, nous confie Youssef Ghalem, je veux me consacrer pleinement à développer mon projet».

Il se sert de son expérience en gestion de projet et système d'information pour en faire un projet d'avenir. De plus, Youssef a toujours été proche des étudiants, il donnait des cours particuliers depuis qu'il a eu son diplôme d'ingénieur d'Etat.

Youssef Ghalem, le matheux artiste

Ce polyglotte passionné par les maths a été champion du Maroc du scrabble junior 2010-2011. Il estime que son parcours professionnel ne le définit pas correctement. «J'aurais aimé être chercheur en cryptographie, branche de la sécurité informatique qui repose sur les maths et surtout l'arithmétique qui est ma principale passion», nous confie-t-il.

Cet entrepreneur naissant a d'autres facettes : par exemple une voix d'or, une voix de blues ou de country. «De temps en temps, je fais des improvisations sympas avec des potes». C'est aussi un grand voyageur qui adore écrire pour des des blogs dédiés à l'informatique et aux jeux vidéo.

La plus grande bibliothèque informatique au Maroc

La problématique à laquelle il espère répondre est la conception d'un système pour aider les étudiants marocains dans leur cursus scolaire.

Parce qu'il est «sidéré» par l'état déplorable de l'enseignement dans son pays.

« Mon business model repose sur une feuille de route allant de fin 2013 à début 2017,» nous déclare Youssef Ghalem. La plateforme présentera des cours gratuits, un contenu premium (payant à des prix très abordables), des quiz interactifs et un suivi personnalisé en fonction de la performance de l'étudiant.

L'interactivité et le suivi constituent l'avantage compétitif de Kezakoo. De plus, Youssef estime que les élèves, de plus en plus connectés, ne cessent pas se plaindre des cours du soir. Il joint ainsi l'utile à l'agréable.

Kezakoo, que Youssef Ghalem définit comme «la plus grande vidéothèque éducative au Maroc» se propose de couvrir l'intégralité des programmes scolaires. Actuellement, 400 vidéos sont en ligne. D'ici 2015, il table sur 15.000 vidéos.

Pour lui, le contenu vidéo est plus vivant et adapté pour l'apprentissage des étudiants. De plus il rend l'élève plus autonome, estime-t-il.

La version définitive du site en avril 2014

Les cours sont exposés par des professeurs sélectionnés minutieusement sur la base d'un contrat de partage de revenu. «Actuellement le site n'est qu'une vitrine, la version officielle est en préparation et sera disponible en avril 2014», souligne Youssef. Pour le développer, Youssef a eu recours à ses propres économies et à l'aide familiale.

Prochainement, il compte lever des fonds pour accélérer le pas en termes de développement du site et de création du contenu. Il reste néanmoins discret sur les montants.

Par ailleurs, Youssef Ghalem s'est récemment associé avec 3 partenaires stratégiques. Anas Chraibi, directeur d'adserver.ma, la plus grande régie publicitaire au Maroc, et deux experts en éducation dont il ne divulgue pas le nom.

Selon Youssef Ghalem, le premier constituera un appui pour la politique communication de la plateforme, à côté de Facebook et des partenaires médias. Les revenus seront engendrés par les publicités online et les recettes de comptes premium dédiées au particulier. Des formations professionnelles figurent parmi les projets de développement de la plateforme, à l'horizon 2015. En terme de visiteurs, il espère attirer 40.000 visiteurs quotidiens d'ici 2017.