A Casablanca, des comités de quartier pour revivifier la démocratie locale

Et si les habitants des quartiers prenaient en main leur destin ? L’idée fait son chemin à Casablanca. Les comités de quartier permettraient de mieux impliquer les Casablancais dans la vie locale et de trouver des solutions à l’incurie de la municipalité.  

A Casablanca, des comités de quartier pour revivifier la démocratie locale

Le 23 octobre 2013 à 16h49

Modifié 23 octobre 2013 à 16h49

Et si les habitants des quartiers prenaient en main leur destin ? L’idée fait son chemin à Casablanca. Les comités de quartier permettraient de mieux impliquer les Casablancais dans la vie locale et de trouver des solutions à l’incurie de la municipalité.  

A l’heure où les élus casablancais tentent de faire bonne figure après une sévère admonestation royale qui a fait trembler tout le Conseil de la ville, l’idée consistant à populariser les comités de quartiers émerge.

Ces derniers ont pour vocation de servir d’interface entre les habitants d’un quartier et les élus locaux. Par leur action, ils se veulent les porte-parole de la démocratie locale en transmettant les doléances des habitants et en participant à la résolution des problèmes qui touchent à l’intérêt général.

D’inspiration associative, à but non lucratif, ces comités d’intérêt local ou de quartier ont comme crédo d’améliorer la qualité de vie au sein d’un quartier ou d’un périmètre urbain défini.

Voirie, circulation, propreté, sécurité, éducation, transport, urbanisme, santé, libertés sociales, voisinage… leur champ d’intervention est quasi-illimité.

A Casablanca : encore au stade embryonnaire

A Casablanca, leur genèse et émergence sont clairement liées à un ras-le-bol des citoyens et à un manque de confiance en leurs élus. Les revendications sont nombreuses car l’anarchie, la prévarication et les mutations urbaines désordonnées prévalent au grand dam des citoyens. Les  élus casablancais de tout bord politique sont souvent accusés de défendre leurs intérêts particuliers au détriment du bien être municipal.

Un contre-pouvoir est donc essentiel pour proposer des solutions empiriques et contrôler l’état d’avancement des chantiers municipaux.

Selon Dilar Sebti, architecte, « les villes du Maroc se ruralisent et nous en portons tous la responsabilité ». Il nous faut donc réagir au plus vite car si la capitale économique a été pointée du doigt par le Roi en personne, elle est aussi le terreau idéal pour constituer le premier laboratoire au Maroc d’une démocratie participative.

Le Souverain ne s’y est pas trompé car tout en critiquant sévèrement la mal gouvernance des élus, il a aussi fait appel à toutes les forces vives de la ville pour y remédier. Ces comités pourraient donc faire office de tampon entre eux pour peu que des bonnes volontés se manifestent.

Des expériences positives à l’étranger dont il faut s’inspirer

En Europe et en Amérique du nord, leur efficience n’est plus à prouver car ils y disposent d'une très forte reconnaissance des habitants et sont même légitimités par les élus locaux.

Leur organisation, rôle et activités diffèrent d’un pays à l’autre mais ils ont en commun le fait de faire participer les citoyens lambda à l’élaboration des décisions municipales qui les concernent. Ils ont donc un rôle de revendication, de proposition mais aussi d’action concrète en faveur des citoyens.

A l’heure où nos urnes sont désertées par les électeurs, ces lieux d’expérimentation présentent l’intérêt de pouvoir contribuer à un renouveau de la démocratie locale.

Casablanca est une métropole minée par une mauvaise gestion chronique qui caractérise depuis des décennies l’espace urbain et l’équipe municipale qui dirige la capitale économique a depuis bien longtemps perdu tout crédit auprès de ses administrés.

Ironie du sort, il a fallu que le Souverain fasse un discours qui pointe les défaillances de la ville et surtout de la gouvernance locale pour que les responsables daignent faire leur mea-culpa et enchaînent des réunions de travail « extraordinaires ».

Les problèmes de la ville se sont accumulés et l’improvisation de l’équipe municipale est patente et fait office de politique locale. Il ne s’agit pas là d’accabler la mairie outre-mesure mais Casablanca est un monstre livré à lui-même depuis trop longtemps et certainement pas un modèle de gestion urbaine.

L’anarchie de cette ville est sans limites et l’impression qui prédomine est qu’il n’y a pas de réel pilote avec une vision d’ensemble.

Face au manque de stratégie des élus, ces comités constituent une force d’appoint non négligeable voire salvatrice pour résoudre les mille et un maux de la ville.

Dans le quartier Palmiers, les habitants se prennent en charge

Un exemple significatif de l’efficacité de ce genre d’initiative est personnifié par l’Association de l’Espace Mohamed Abdou (AEMA) située au cœur de Casablanca. Las d’attendre une action des services concernés pour mettre fin à l’état de délabrement, d’insalubrité et d’insécurité qui régnait dans un jardin limitrophe à leurs habitations, les riverains ont donc décidé de prendre les choses en main. En se regroupant en association présidée par Said El Kerdoudi, ils ont réussi à fédérer aussi bien les particuliers que les commerces et entreprises du coin. Les cotisations annuelles (140.000 DH) des adhérents financent un gardien, un maître chien, un jardinier et un balayeur à temps plein.

Le résultat est spectaculaire et le jardin a retrouvé sa splendeur d’antan grâce à l’implication des citoyens qui a permis la réhabilitation de leur espace de vie. L’AEMA en collaboration avec l’arrondissement de la préfecture d’Anfa, contraint et forcé de prendre le train en marche, entame des travaux de réfection des trottoirs, l’installation de panneaux de sensibilisation et organise même des activités culturelles. La sensibilisation et l’attitude citoyenne sont essentielles car si l’AEMA a accompli un travail admirable dans son quartier, il suffit pourtant sortir de leur périmètre pour retrouver l’insécurité, la saleté, le manque d’éclairage…

Un nouveau wali : l’espoir d’un changement

L’explication de ce laissez aller est qu’aucune structure citoyenne n’a jugé nécessaire de prendre le relais des services municipaux inefficaces et absents. M. El Kardoudi nous explique son engagement par une volonté de rendre à la société ce qu’elle lui avait donné. Reconnaissant, il cite abondamment Khalid Safir, le nouveau Wali de Casa dont il loue les qualités d’écoute et d’action. Ce dernier a été efficace au sein de l’AEMA et l’éclairage adjacent au jardin est à mettre à son crédit. Le président de cette association, n’a jamais baissé les bras même si les occasions n’ont pas manqué. Pour lui, l’action locale des citoyens doit prendre le pas pour corriger les dysfonctionnements d’une municipalité défaillante.

Casablanca est une poudrière qui avec toute la bonne volonté du monde ne verra pas ses problèmes disparaitre du jour au lendemain et la nomination du nouveau Wali qui a plutôt bonne presse pourra soulager en partie une équipe municipale en perdition.

Mais pour réduire le malaise social de Casablanca, ses habitants se doivent de participer à « cette révolution du peuple » qui a donné de si bons résultats au Canada et en Espagne. La démocratie participative a porté ses fruits partout ailleurs et même chez nous avec l’AEMA. Développer ces comités de « salut public » pourrait contribuer à redresser voire même à sauver une ville qui mérite mieux que son sort actuel.

Il faut espérer que cette bouteille à la mer ne reste pas un vœu pieux.


 

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