Conduite par le vice-président de Ford Europe chargé des achats Alan Draper, l’équipe américaine a également rencontré les responsables de l’AMICA, l’association des équipementiers automobiles marocains.

L’équipe venue du siège européen (Cologne) de Ford a séjournée pendant trois jours et a rencontré en priorité les équipementiers qui fournissent déjà le constructeur Renault et son usine de Tanger-Med.

Selon le président de l’AMICA,  Hakim Abdelmoumen, «cette visite fait notamment suite à la mission effectuée à Détroit (Michigan) par l’AMICA,  l’AMDI et TMSA en 2012», les équipementiers, l’agence de promotion des investissements étrangers au Maroc et les responsables des zones franches au sein de Tanger-Med S.A.

Des équipementiers optimistes

Selon des informations recueillies par Médias 24 auprès d’équipementiers et de professionnels du secteur, «la venue de Ford s’explique par la volonté des Américains de s’équiper auprès des fournisseurs qui contribuent à l’excellente productivité de l’usine tangéroise de Renault».

La visite de l’équipe de Ford à Tanger était composée de cadres du siège de Cologne mais également de responsables de l’usine espagnole d’Almussafes située près de Valence, cinq personnes au total.

Engagé dans un profond et parfois douloureux processus de restructuration depuis la fin des années 2000 aux Etats-Unis et en Europe, Ford développe depuis sa conférence interne de 2012 tenue à Amsterdam aux Pays-Bas, un plan drastique de rationalisation de la production, d’amélioration de la productivité et de reconquête des marchés.

 Pour mémoire, à la fin des années 2000, Ford, l’un des Big Three de l’automobile américaine avec General Motors et Chrysler était au bord du dépôt de bilan. Seule l’intervention de l’Administration Obama et  une augmentation de capital souscrite par la famille Ford et les autorités fédérales avaient permis de sauver le constructeur historique de la faillite.

C’est pour l’unité d’Almussafes (Valence)  appelée à produire 400.000 véhicules dès la fin 2014 que les hommes de Ford sont venus à Tanger. Ford produira les modèles  Mondéo, des Galaxy, des Transit et des S-Max. Aujourd’hui l’usine produit  certaines versions de la Mondéo et le SUV Kuga à raison de 1.300 véhicules/jour. Ce chiffre doit augmenter de 80% au cours des 15-18 prochains mois.

Ford Europe s’intéresse à ce que fait Renault

A la veille de l’été 2013, Ford a déménagé toutes les chaînes de productions de son usine belge de Genk vers l’Espagne et démarré des plans d’agrandissement de l’usine qui s’achèveront en février 2014.

Au Maroc, selon des estimations professionnelles, «Ford Europe pourrait acheter entre 1.500 et 2.000 euros de pièces par voiture auprès des fournisseurs marocains, ce qui, multiplié par 400.000 véhicules, donnerait un supplément d’activité pouvant atteindre 800 millions d’euros de chiffre d’affaires supplémentaires par an».

Ford se fournit déjà en câblages au Maroc pour ses usines européennes pour une valeur aujourd’hui estimée à «300 millions d’euros» par une source digne de foi. Ce montant a été multiplié par 3 au cours des 5 dernières années selon des sources professionnelles.

Pour certains équipementiers, indique à Médias 24 une source de l’AMICA, «l’arrivée de Ford pourrait signifier un quasi-doublement du chiffre d’affaires entre 2013 et 2015».

Contacté par Médias 24, le siège européen de Ford à Cologne en Allemagne n’a pas souhaité pour l’instant s’exprimer sur le sujet. Réponse du service de presse et de communication : «Il est trop tôt pour vous parler de toute information touchant à la compétitivité de nos produits».

Cependant, la stratégie industrielle de Ford semble assez claire depuis la conférence d’Amsterdam et la délocalisation de l’usine de Genk en Belgique à Valence en Espagne : il s’agit de rationaliser la production en réduisant le nombre d’usines et les faire tourner en 3X8 à l’horizon 2017, sachant que l’usine de Valence est centrale dans ce nouveau dispositif.

 «L’usine d’Almussafes à Valence est une partie stratégique de notre plan d’affaires» avait déclaré l’an passé à Amsterdam le président de Ford Europe Stephen Odell.

Avec VW, Renault, Opel, Peugeot et Fiat, Ford est l’un des constructeurs leaders en Europe, soumis à une intense pression concurrentielle. Entre 2002 et 2012,  VW a ainsi vu ses parts du marché européen, 18 millions de voitures il y a 5 ans, moins de 14 millions aujourd’hui, passer de 10 à 12,5%. Renault est passé de 11 à 7%, Ford de 9 à moins de 8% et Peugeot de 9 à moins de 7%.

C’est cette tendance que Ford veut renverser, et connaître la structure des coûts des véhicules produits par Renault à Tanger-Med et s’approvisionner au Maroc est l’un des moyens d’y parvenir.