Nobel d'économie: des Américains de nouveau grands favoris

Le prix Nobel d’économie, décerné lundi, donnera à un ou plusieurs économistes un grand prestige mais aucune garantie d’être écouté par les responsables de la politique économique, qui dédaignent ou n’arrivent pas à appliquer leurs théories.  

Nobel d'économie: des Américains de nouveau grands favoris

Le 14 octobre 2013 à 8h13

Modifié 14 octobre 2013 à 8h13

Le prix Nobel d’économie, décerné lundi, donnera à un ou plusieurs économistes un grand prestige mais aucune garantie d’être écouté par les responsables de la politique économique, qui dédaignent ou n’arrivent pas à appliquer leurs théories.  

Le dernier-né des Nobel, officiellement «prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel», doit être attribué lundi à 11H00 GMT à Stockholm.

Il viendra clore une saison marquée par le couronnement des pères du boson de Higgs (physique), d’Alice Munro (littérature) et de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (paix).

Des économistes américains sont de nouveau les grands favoris. Ces dix dernières années, ils ont représenté 17 des 20 lauréats.

Après avoir récompensé en 2012 la théorie des jeux, un champ plutôt secondaire des sciences économiques, le jury pourrait revenir en 2013 aux questions plus centrales de macro-économie. Cela pourrait profiter à Robert Barro et Paul Romer, qui ont travaillé sur la croissance.

À moins qu’il ne préfère la finance, avec les théoriciens des marchés Eugene Fama et Kenneth French. Ou les tenants de la finance comportementale Andrei Shleifer, Robert Vishny et Robert Shiller.

Six universitaires suédois décident. Et «le prix Nobel d’économie est reconnu comme le summum de l’accomplissement intellectuel dans les sciences économiques», souligne Avner Offer, professeur d’histoire économique à l’université d’Oxford.

Pour autant, les lauréats ne deviennent pas subitement de précieux conseillers des rois. Ils ne cherchent même pas forcément à l’être. «Toute la recherche économique qui a été récompensée par le Nobel n’est pas applicable par ceux qui font la politique économique. Ou elle l’est pour des problèmes très spécifiques, comme la recherche sur le fonctionnement des marchés», souligne Jan Häggström, économiste en chef de la banque suédoise Handelsbanken.

Il se réfère aux lauréats de 2012, Lloyd Shapley et Alvin Roth, qui ont proposé, entre autres, un système d’affectation des dons d’organes qui a fait ses preuves. Mais leurs travaux, qui disent comment donner (théoriquement) le meilleur conjoint à chaque membre d’un groupe de 20 ou 100 personnes, n’expliquent pas comment trouver un emploi pour 20.000 ou 100.000 chômeurs.

Les chefs de gouvernement confrontés à ce genre de casse-tête liront plus volontiers les lauréats de 2010, Peter Diamond, Dale Mortensen et Christopher Pissarides.

Leurs travaux sur le marché du travail et ses rigidités font référence. Pourtant ils n’ont pas permis à M. Diamond d’intégrer la banque centrale américaine (Fed), qui a le plein emploi parmi ses missions.

Choisi par le président américain Barack Obama, il a suscité l’opposition insurmontable de sénateurs républicains. «Être lauréat du prix Nobel ne signifie pas qu’on est qualifié pour n’importe quel poste», disait Richard Shelby, qui mena la fronde contre l’économiste, enseignant-chercheur au Massachusetts Institute of Technology.

De l’autre côté de l’Atlantique, on aurait gagné à écouter l’un des lauréats 2011, le macro-économiste Christopher Sims. En 1999, il avait critiqué la zone euro, qui selon lui avait «l’apparence d’une tentative pour créer une banque centrale et une devise qui n’ont pas d’autorité budgétaire correspondante derrière elles».

La crise grecque allait lui donner tragiquement raison 11 ans plus tard.

D’après M. Offer, il est normal qu’il y ait des doutes sur la recherche économique chez les politiciens qui doivent gérer les crises au quotidien.

«Ce qui est remis en question n’est pas la beauté ni la validité intrinsèque du travail créatif en sciences économiques, qui est excellente, mais sa validité extérieure, combien il nous parle des économies réelles, et quel pouvoir il a de renseigner les politiques publiques», explique-t-il.

L’économiste suédois Klas Eklund, qui fut conseiller gouvernemental, souligne toutes les incertitudes qui entourent la recherche en sciences économiques, même la meilleure. «Bâtir un modèle économique est un travail compliqué. L’éprouver prend du temps. Et même s’il fonctionne dans un pays à un certain moment, on peut se rendre compte qu’il ne marche pas dans un autre pays», dit-il.

(Par AFP)

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