Kenya: intense fusillade et nouvel assaut des forces de l'ordre

Une fusillade intense et des explosions ont été entendues tôt lundi dans le Westgate, où les forces de l’ordre kényanes ont lancé un nouvel assaut pour tenter de maîtriser le commando islamiste retranché dans le bâtiment avec des otages.   

Kenya: intense fusillade et nouvel assaut des forces de l'ordre

Le 23 septembre 2013 à 8h48

Modifié le 23 septembre 2013 à 8h48

Une fusillade intense et des explosions ont été entendues tôt lundi dans le Westgate, où les forces de l’ordre kényanes ont lancé un nouvel assaut pour tenter de maîtriser le commando islamiste retranché dans le bâtiment avec des otages.   

Au moins 68 personnes sont mortes dans l’attaque lancée samedi par les islamistes contre ce luxueux centre commercial, bondé le week-end de Kényans et d’expatriés.

Le carnage a été revendiqué par les insurgés islamistes somaliens shebab, qui ont dit avoir agi en représailles de l’intervention militaire kényane en Somalie.

Le bilan pourrait s’alourdir davantage, le nombre d’otages toujours retenus restant indéterminé et les forces de l’ordre découvrant de nouveaux cadavres lors de leurs assauts.

Dans une déclaration audio mise en ligne sur internet, le porte-parole des shebab, Sheikh Ali Mohamud Rage, a menacé d’ordonner d’abattre les derniers otages, face à la «pression» exercée par les forces kényanes et leurs alliés «chrétiens» sur les assaillants cernés dans Westgate.

«Nous autorisons les moudjahidines à l’intérieur du bâtiment à agir contre les prisonniers», a déclaré ce porte-parole, qui prétend que le groupe islamiste est en contact avec les preneurs d’otages.

Lundi matin, la fusillade a duré une quinzaine de minutes, provenant des environs du centre, selon des journalistes de l’AFP présents sur place. La fusillade a été suivie par trois fortes explosions, avant que la situation ne semble de nouveau se calmer.

Les forces de l’ordre kényanes, appuyées selon une source sécuritaire par des agents israéliens, ont lancé plusieurs assaut ces dernières 24 heures, et affirment avoir sécurisé la plupart du centre commercial, espérant même maîtriser «rapidement» le commando. Le Westgate est réputé en partie détenu par des Israéliens.

Très peu d’informations sont cependant disponibles sur les évènements dramatiques en cours dans le centre: les journalistes sont maintenus à bonne distance de l’imposant bâtiment rectangulaire de quatre étages depuis samedi après-midi.

En plus des 68 morts, l’attaque a aussi fait près de 200 blessés. Depuis samedi, plus de 1.000 personnes ont été secourues. Dimanche encore, Nairobi affirmait qu’une douzaine d’assaillants se trouvaient toujours dans le bâtiment.

Plusieurs étrangers, dont deux Françaises, trois Britanniques, un Sud-africain, une Sud-Coréenne, une Néerlandaise, un Péruvien et deux Indiens ont été tués dans l’attaque, ainsi qu’un célèbre poète et homme d’Etat ghanéen, Kofi Awoonor. Cinq Américains et de nombreux autres Occidentaux -cibles privilégiées des assaillants- figurent parmi les blessés.

Le président kényan Uhuru Kenyatta a annoncé que son neveu et la fiancée de ce dernier figuraient parmi les personnes tuées. Les responsables de l’attaque «devront payer pour leurs actes ignobles et bestiaux», a-t-il menacé dimanche, affirmant que son pays ne se laisserait pas «intimider».

L’anxiété des proches des otages

En pénétrant dans le centre commercial samedi en début d’après-midi, le commando islamiste a ouvert le feu à l’arme automatique et à la grenade sur la foule des clients et employés du centre. Des heures durant, clients apeurés et employés traumatisés, piégés dans le centre, ont continué d’en émerger par petits groupes, au fur et à mesure de la lente progression des forces de l’ordre.

Il s’agit de l’attentat le plus meurtrier à Nairobi depuis une attaque-suicide d’Al-Qaïda en août 1998 contre l’ambassade des Etats-Unis, qui avait fait plus de 200 morts.

Des intérêts israéliens au Kenya ont déjà été la cible d’attaques revendiquées par Al-Qaïda: en 2002, un attentat suicide contre un hôtel fréquenté par des touristes israéliens avait tué 12 Kényans et trois Israéliens près de la ville côtière de Mombasa. Presque simultanément, un avion de la compagnie israélienne El Al avec 261 passagers à bord avait échappé de peu aux tirs de deux missiles à son décollage, également à Mombasa.

Selon des témoins, les agresseurs ont «tiré dans le tas» samedi à Westgate. D’après un employé du centre commercial, Titus Alede, «ils ne voulaient pas d’argent», «ils ont dit +vous avez tué notre peuple en Somalie, c’est à votre tour de payer+».

Lundi, Kelly Amit, un Kényan resté toute la nuit a proximité du lieu de l’attaque a dit encore espérer pour son frère retenu à l’intérieur.

«La dernière fois que mon frère a appelé, c’était pour dire qu’il était dans le centre commercial», a-t-il raconté. «Son téléphone est coupé depuis,» a-t-il ajouté, espérant qu’il était simplement à court de batterie. «J’espère encore qu’il va bien et qu’il se cache quelque part».

Une cible idéale et facile

Ouvert en 2007, le Westgate abrite restaurants, cafés, banques, un grand supermarché et un cinéma multiplexe qui attirent des milliers de personnes chaque jour. Dans une capitale connue comme le «hub» de l’Afrique de l’Est, où vivent de nombreux expatriés rayonnant dans toute la région, l’endroit était régulièrement cité par les sociétés de sécurité comme une cible possible de groupes liés à Al-Qaïda comme les shebab.

Washington, qui a dénoncé un acte «ignoble», a dit enquêter sur des informations non confirmées faisant état de la présence d’au moins trois ressortissants américains parmi les assaillants. Les shebab ont affirmé ne pas être à l’origine des listes de noms de assaillants, parmi lesquels des étrangers, circulant sur internet.

La France a dénoncé une attaque «lâche», également condamnée à l’unanimité par le Conseil de sécurité de l’ONU et le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon.

La classe politique kényane, au pouvoir ou dans l’opposition, a elle appelé à l’unité face à cette crise.

Le vice-président William Ruto a demandé un ajournement de son procès devant la Cour pénale internationale (CPI) pour revenir gérer la situation -- sa demande devait être examinée lundi matin. M. Ruto est jugé pour son rôle présumé dans les violences post-électorales kényanes de fin 2007-début 2008, qui avaient fait plus de 1.000 morts.

Les shebab ont expliqué sur leur compte Twitter, coupé depuis, que «ce que les Kényans voient à Westgate, c’est de la justice punitive pour les crimes commis par leurs soldats» en Somalie «contre les musulmans».

L’armée kényane est présente depuis fin 2011 en Somalie, et a infligé, dans le cadre d’une force africaine soutenant les fragiles autorités somaliennes, de nombreuses défaites aux islamistes.

(Avec AFP)

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