Démarrage de l’indexation des carburants : décision dimanche soir

Les autorités de tutelle attendront la dernière minute pour annoncer l’entrée en vigueur ou non de l’indexation des prix du carburant. S’il n’y a rien dimanche soir, il n’y aura pas de changement des prix avant le 16 octobre.

Démarrage de l’indexation des carburants : décision dimanche soir

Le 15 septembre 2013 à 16h02

Modifié 11 avril 2021 à 2h35

Les autorités de tutelle attendront la dernière minute pour annoncer l’entrée en vigueur ou non de l’indexation des prix du carburant. S’il n’y a rien dimanche soir, il n’y aura pas de changement des prix avant le 16 octobre.

Les prix du carburant vont-ils changer ce lundi 16 septembre à zéro heure?

Le secret est bien gardé.

Interrogées par Médias 24, des sources professionnelles bien informées nous ont expliqué que toute affirmation dans un sens ou un autre relèverait de la pure spéculation et que le gouvernement informera les distributeurs à la toute dernière minute, probablement dimanche en fin de journée.

Il s’agit en effet, selon ces sources, d’éviter toute spéculation. Il n’est même pas utile de raisonner en termes de probabilités, car il y a autant de raisons de mettre en vigueur l’arrêté du chef du gouvernement que de ne pas le faire.

Si l’indexation partielle des prix du super, du gasoil et du fuel entrait en vigueur, quelles seraient les répercussions en termes de prix ?

Les mêmes sources, qui effectuent chaque jour leurs propres calculs, confirment les conclusions déjà publiées par Médias 24. L’indexation ne changera pas grand-chose sur le court terme, peut-être quelques centimes de hausse, peut-être rien.

Elle aura simplement un double mérite :

-financier : puisque la dépense de compensation du carburant ne dépassera pas les plafonds fixés par les lois de finances ;

-pédagogique : puisqu’elle habituera le consommateur aux fluctuations dues aux cours internationaux.

En attendant, M. Boulif, ministre des Affaires générales et de la gouvernance, multiplie les rencontres explicatives. Une réunion est prévue la semaine prochaine avec le patronat, après celles qui l’ont réuni avec la commission parlementaire des Finances et celles qu’il a eues avec différents syndicats de transporteurs.

Vendredi soir, ce fut au tour de la Fédération nationale des gérants et propriétaires des stations-service de rencontrer le ministre des Affaires générales.

Selon M. Boulif, cité par la MAP, les représentants de la Fédération ont été "très compréhensifs" et exprimé leur soutien à la décision.

Ils ont, toutefois et selon la même source, formulé des observations "légitimes" sur la mise en œuvre de l'indexation, a-t-il ajouté, notant un quasi-consensus pour travailler de concert afin de réussir l'application de cette décision.

Les produits subventionnés notamment le gaz butane, le gasoil consommé par la pêche côtière et les fuels destinés à la production de l'électricité ne seront pas soumis à l'indexation, avait  expliqué le ministre cité par la MAP, ajoutant que les variations des prix appliqués ne portent que sur une fraction réduite de la variation totale et que pour chaque produit, l'Etat a identifié un seuil précis au-dessus ou en dessous duquel l'opération d'indexation est activée.

Le seuil de maintient des prix est de 105 dollars le baril de pétrole. A 120 dollars le baril, l’augmentation sera de 1 DH par litre de super selon la même source.

Au-delà de 120 dollars le baril, le Maroc a contracté une assurance internationale, dont le coût n’a pas été révélé.

La démarche gouvernementale est basée sur trois actions, explique M. Boulif, cité par MAP :

-La première action principale, qui se tiendra une fois par an, concerne l'identification, à la veille de chaque loi de finances, des seuils tolérables pour chaque produit pétrolier soumis au système d'indexation et qui seraient en conformité avec les crédits budgétaires ouverts à cet effet.

-La 2ème action, qui se tiendra une fois par mois, concerne le calcul de la variation à appliquer ou non, en tenant compte d'un lissage des cotations sur quatre quinzaines successives en vue d'une atténuation des variations engagées.

Et d'ajouter que le poids de la subvention aux hydrocarbures au Maroc (5,5 pc) est parmi les plus élevés notant que la moyenne de la région MENA enregistre 3 pc du PIB, la moyenne de l'Afrique sub-saharienne est de 1,8 pc, la moyenne des pays G20 est de 1,1 pc. Seuls l'Egypte (7,6 pc du PIB) et l'Algérie (5,8 pc), pays producteurs ont des niveaux comparables au Maroc.

M. Boulif a en outre souligné que le Maroc a fait le choix de combiner des mesures spécifiques qui permettent de sauvegarder la compétitivité des entreprises nationales et qui assurent en même temps le pouvoir d'achat des citoyens, ajoutant que l'essentiel de l'effort de compensation est toujours assumé par le budget général de l'Etat.

-Ce comparatif, a-t-il dit, montre que les différentes expériences pertinentes combinent entre autres un système d'indexation des prix à la pompe, l'accompagnement du secteur de transport public, la mise en place de filets de sécurité ou encore l'incitation à l'efficacité énergétique.

Polémique au parlement

L'indexation des prix des carburants est un sujet de choix pour les partis désireux de critiquer le gouvernement. Plusieurs groupes parlementaires ont plaidé, mercredi à Rabat, pour une réforme de la Caisse de compensation intégrant toutes les composantes de la société dans le cadre d'une approche participative, ainsi que pour une révision de la structure des prix au bénéfice des citoyens.

Intervenant en marge de la réunion de la Commission des finances et du développement économique à la Chambre des représentants, le président du groupe parlementaire du Parti justice et développement (PJD), Abdellah Bouanou, a relevé la nécessité de consulter et d'impliquer le consommateur dans la prise de décision de manière à garantir un accès transparent à l'information.

M. Bouanou, qui a relevé l'impératif de revoir la structure des prix, a également mis l'accent sur la charge financière supportée par le consommateur, appelant à intensifier les opérations de contrôle pour "mettre fin aux différents types d'économies de rente exercés par certains lobbies influents".

De son côté, le président du groupe de l'Istiqlal à la première Chambre, Noureddine Madiane, a souligné la nécessité de protéger le consommateur contre la hausse des prix et de revoir l'aspect technique et économique de l'indexation des prix des carburants.

Le député a également reproché au gouvernement d'avoir "manqué d'organiser, comme promis, un débat national en la matière avant toute prise de décision".

"Le gouvernement doit redoubler d'efforts pour remédier aux préludes d'une éventuelle crise, à travers notamment l'encouragement de l'investissement et l'ouverture sur l'économie internationale", a-t-il ajouté, suggérant l'exploration d'autres pistes créatrices de richesse.

Le Parti de la rose, représenté par le député Mustapha Hanine, n'a pas caché sa déception quant à la décision d'indexation des prix des carburants qui, selon lui, contredit les promesses du gouvernement qui s'était engagé à préserver le pouvoir d'achat du citoyen et son bien-être social.

De son côté, le président du groupe parlementaire du Parti authenticité et modernité (PAM), Abdellatif Ouahbi, qui a "blâmé" le gouvernement pour l'"absence d'une vision économique globale", a appelé ce dernier à présenter le bilan de ses différentes activités depuis le début de son mandat, fin 2011, de manière à pouvoir évaluer l'ensemble de ses actions.

Du même parti, Milouda Hazib a dénoncé la mesure d'indexation des prix des carburants prise de manière "unilatérale" par le gouvernement, qui a manqué, selon elle, d'honorer ses engagements consistant en la mise en œuvre d'une réforme participative en faveur du citoyen.

Dans le même contexte, le député Ahmed Reda Chami de l'Union socialiste des forces populaires (USFP) a regretté l'absence d'une vision à long terme au niveau du gouvernement qui puisse garantir une réforme globale efficace.

Dans sa réponse, M. Boulif a, entre autres, précisé que la nouvelle mesure concerne 85 pc de produits pétroliers qui représentent près de 47 pc du budget alloué à la compensation. "Dans le cadre d'une réforme graduelle, nous allons travailler d'ici fin 2013 sur près de 50 pc des charges de la compensation", a-t-il fait savoir.

Le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, avait rappelé, la semaine dernière, que le gouvernement a mobilisé 40 milliards DH pour la Caisse de compensation avec l'objectif de soutenir le pouvoir d'achat des citoyens, précisant que les subventions forfaitaires pour 2013 sont de 2,6 DH/litre pour le gasoil, 0,8 DH/litre pour le super et 930 DH la tonne pour le fuel type 2.  (Avec MAP)

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