Tunisie: selon les autorités, les assassins sont des salafistes jihadistes

La Tunisie est paralysée par une grève générale et des manifestations, après l'assassinat de Mohamed Brahmi. Le ministère de l'Intérieur a annoncé que les assassins ainsi que l'arme du crime, sont les mêmes que ceux qui ont tué Chokri Belaid.

Tunisie: selon les autorités, les assassins sont des salafistes jihadistes

Le 26 juillet 2013 à 12h16

Modifié le 26 juillet 2013 à 12h16

La Tunisie est paralysée par une grève générale et des manifestations, après l'assassinat de Mohamed Brahmi. Le ministère de l'Intérieur a annoncé que les assassins ainsi que l'arme du crime, sont les mêmes que ceux qui ont tué Chokri Belaid.

L’assassin de Mohamed Brahmi a été identifié, a indiqué jeudi en milieu de journée, le ministre de l’Intérieur tunisien. Il s’agit de Boubaker Lahkim, un salafiste jihadiste bien connu des services de sécurité et déjà impliqué dans des trafics d’armes en provenance de la Libye, ainsi que dans des affrontements avec l’armée.

Parlant au cours d’une conférence de presse, le ministre ainsi que les responsables de l’enquête, ont fourni les noms des deux suspects de l’assassinat, Boubaker Hakim et Lotfi Zine. Selon eux, les deux personnages sont arrivés  sur une Vespa noire et ont utilisé pour le meurtre, un pistolet semi-automatique de 9 mm, la même arme qui a déjà tué Chokri Belaïd. Le défunt a été tué par 14 balles tirées à bout portant. Boubaker Hakim est donc responsable des deux meurtres selon le ministère tunisien de l’Intérieur, mais il n’est pas considéré comme l’exécutant du premier, simplement le coordonnateur et le commanditaire.

14 personnes faisant partie de ce groupe jihadiste ont été identifiés et 6 d’entre eux sont en état d’arrestation. Ils sont incriminés dans différentes affaires de trafic d’armes de guerre en provenance de Libye.

Le principal suspect Boubaker Hakim habite Hay Ghazala à Tunis, le même quartier que le défunt Mohamed Brahmi. Une perquisition à son domicile n’a pas permis de faire avancer l’enquête.

C’est finalement la mouvance jihadiste qui est officiellement incriminée dans les deux assassinats politiques qui ont secoué la Tunisie.

L’opposition laïque et de nombreuses forces démocratiques critiquent sévèrement le gouvernement actuel qu’ils accusent de laxisme et de complaisance à l’égard des salafistes, du takfir (excommunication qui ouvre la voie au meurtre), des appels à la haine et à la violence, y compris au sein des mosquées.

Une frange radicale d’Ennahdha, le parti au pouvoir, est également directement accusée par les forces laïques qui pointent leurs liens avec les salafistes jihadites. Le président Marzouki a à plusieurs reprises estimé que la menace jihadiste était exagérée, n’hésitant pas à recevoir au palais de Carthage et à deux reprises, les leaders les plus radicaux.

Une grève générale qui paralyse le pays


La Tunisie est ce vendredi quasiment paralysée par une grève générale à l'appel de la principale centrale syndicale pour protester contre l'assassinat la veille de Mohamed Brahimi.

Les rues de Tunis étaient désertées à l'heure d'ouverture des administrations et de très nombreux vols ont été annulés en raison de la grève, décidée la veille par la puissante centrale syndicale UGTT.

Les quelques cafés habituellement ouverts durant le ramadan étaient fermés vendredi, les marchés étaient très peu animés et nombre de commerces avaient leurs rideaux baissés, a constaté une journaliste de l'AFP.

En revanche, le tramway et les taxis assuraient un service minimum ou tournaient à vide à défaut d'usagers ou de clients.

Tunisair et sa filiale Tunisair Express ont décidé d'annuler tous leurs vols vendredi, et les compagnies Air France, Alitalia et British Airways ont également du annuler leurs liaisons depuis et vers Tunis, les techniciens au sol étant en grève, a indiqué à l'AFP une source aéroportuaire.

Fait rare en Tunisie, ce débrayage national est le second depuis le soulèvement de 2011. Le premier avait eu lieu en février 2013 à l'appel de l'UGTT au surlendemain de l'assassinat de l'opposant de gauche Chokri Belaïd.

 Il intervient dans une atmosphère tendue, la presse tunisienne mettant l'accent vendredi sur les risques de destablisation du pays après le meurtre de Mohamed Brahmi, qui doit être enterré samedi.

Sous le titre "étincelle d'une déstabilisation", le quotidien La Presse évoquait une "descente aux enfers" en jugeant que "le coup porté contre le coordinateur du Mouvement du peuple a été ressenti comme une volonté de fragiliser le processus démocratique".

"Plus qu'un acte isolé, la violence est en voie d'être érigée en système. Par qui? Tout simplement par ceux qui s'attachent à conquérir le pouvoir ou à s'y maintenir", note Le Quotidien, pointant le gouvernement dirigé par le parti islamiste Ennahda.

Selon l'analyste Sami Brahem "les raisons qui ont provoqué l'assassinat de Chokri Belaïd sont celles-là même qui ont conduit au meurtre de Mohamed Brahmi: pousser la transition démocratique vers l'échec".

"Deuxième catastrophe nationale"

"C'est une grève politique que nous avons décidée en accord avec l'organisation patronale, et le débrayage a atteint son maximum", a déclaré à l'AFP Sami Tahri, le secretaire général adjoint de l'UGTT.

Tous les secteurs ont suivi le mot d'ordre dans toutes régions, a-t-il affirmé, citant les banques, la santé, les télécom et partiellement les transports.

Certains conducteurs de tramway, partisans du parti islamiste Ennahda au pouvoir, ont assuré un service "inutile", selon lui.

A l'intérieur du pays, la grève a été bien suivie y compris dans le secteur privé, et des sit-in organisés à Sidi Bouzid, Kasserine, Gafsa (centre-ouest) et au Kef (nord-ouest).

La grève était particulièrement suivie à Sidi Bouzid, ville natale de l'opposant assassiné et point de départ de la révolte qui a renversé le régime de Zine El Abidine Ben Ali en janvier 2011. Cette ville du centre-ouest du pays est paralysée selon l'AFP, et des dizaines de personnes étaient rassemblées devant le siège local de l'UGTT, où des manifestations de colère ont été dispersées par la police jeudi soir, comme dans Tunis.

Selon sa famille et ses camarades politiques, M. Brahmi sera enterré samedi au cimetière d'El Jallez à Tunis, selon sa volonté. L'autopsie a montré que le défunt avait été atteint par 14 balles de 9 millimètres, a indiqué le bureau de Procureur de la République.


 

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