La Tunisie sur un volcan

Situation extrêmement tendue en Tunisie où une grève générale a été décrétée par la puissante centrale syndicale pour la journée de demain, après l'assassinat de l'opposant politique Mohamed Brahmi.  

La Tunisie sur un volcan

Le 25 juillet 2013 à 17h19

Modifié le 27 avril 2021 à 22h21

Situation extrêmement tendue en Tunisie où une grève générale a été décrétée par la puissante centrale syndicale pour la journée de demain, après l'assassinat de l'opposant politique Mohamed Brahmi.  

Où va la Tunisie ?

Alors que l’Assemblée constituante s’apprêtait à entamer les dernières étapes de l’adoption de la Constitution, et que les Tunisiens célébraient la fête de la république, une fête nationale aux valeurs laïques, l’opposant en vue Mohamed Brahmi a été assassiné devant chez lui de onze balles.

C’est un vrai séisme qui a secoué la Tunisie et les Tunisiens. Dans les rues et sur les réseaux sociaux, la colère était palpable.

Demain vendredi, sera une journée de grève générale sur tout le territoire de la république. C’est l’UGTT, la puissante centrale syndicale qui l’a décrétée. Les appels à la désobéissance civile se multipliaient, ainsi qu’à la dissolution de l’assemblée constituante, voire à faire tomber le régime, venus de toutes parts, associations ou partis politiques d’opposition. L'UGTT, l'UTICA (patronat tunisien), la Ligue des droits de l'Homme et l'Ordre des avocats ont publié en fin d'parès midi jeudi, un communiqué virulent, pointant l'incompétence du gouvernement et son incapacité et gérer le pays et suspendant jusqu'à nouvel ordre toute discussion avec lui.

La famille et les partisans de Mohamed Brahmi  accusant les islamistes au pouvoir d'être derrière le meurtre.

Intervenant sur le plateau de la chaîne Nessma tv, le dirigeant d'Ennahdha Houcine Jaziri a accusé un "groupe radical, le même qui a déjà tué Chokri Belaid", d'être derrière cet assassinat.

La nouvelle a secoué les Tunisiens en cette journée et des centaines de personnes ont afflué dans le centre de Tunis pour dénoncer l'assassinat, accusant le parti islamiste au pouvoir Ennahda.

Le ministère de l'Intérieur a tardivement confirmé l'assassinat annoncé par les médias et les dirigeants du Mouvement populaire, la petite formation de M. Brahmi.

"M. Brahmi a été assassiné par balles au sortir de son domicile", a laconiquement indiqué le ministère dans un communiqué, sans préciser les circonstances.

"Mohamed Brahmi, coordinateur général du Mouvement populaire et membre de l'Assemblée nationale constituante (ANC), a été assassiné par balles devant son domicile dans la région de l'Ariana", au nord de Tunis, avaient auparavant indiqué la télévision nationale Watanya et l'agence officielle TAP. "Son corps a été criblé de balles devant son épouse et ses enfants", a déclaré, en pleurs, à la radio, Mohsen Nabti, membre du bureau politique du Mouvement populaire.

Selon la télévision, Mohamed Brahmi avait été abattu par onze balles tirées à bout portant par des inconnus. "C'est un militant de la démocratie qui a été assassiné de sang froid aujourd'hui, le jour où la Tunisie célèbre la République", a déclaré à l'AFP l'avocat Mabrouk Korchid.

Homme rond à la moustache touffue et au teint basané, Mohamed Brahmi, 58 ans, avait été élu député à Sidi Bouzid, le berceau de la révolution qui a renversé le régime de Ben Ali en 2011. Cet homme très critique des islamistes au pouvoir avait démissionné le 7 juillet de son poste de secrétaire général du Mouvement populaire, mouvement qu'il a fondé, en déclarant que sa formation avait été infiltrée par les islamistes.

Sa famille a accusé le parti islamiste au pouvoir d'être responsable du meurtre. "J'accuse Ennahda, ce sont eux qui l'ont tué", a déclaré en pleurs Chhiba Brahmi, la soeur du défunt, sans avancer de preuves.

"Notre famille avait le sentiment que Mohamed allait connaître le même sort que Chokri Belaïd", a-t-elle ajouté interrogée par l'AFP au domicile familial à Sidi Bouzid.

La présidence a condamné dans un communiqué "l'horrible crime" et mis en garde les Tunisiens contre "ceux qui veulent entraîner le pays dans l'enfer de la sédition". "Ceux qui ont planifié ce crime, ont choisi le jour de la fête de la République pour le perpétrer, alors que l'Assemblée nationale constituante met la dernière main à un calendrier pour la fin de la période transitoire, au moment où certains pays frères connaissent des changements dans le sang", ajoute le communiqué en allusion à la situation en Egypte.

Des centaines de Tunisiens ont manifesté dans le centre de Tunis et en province, notamment à Sidi Bouzid, région natale de Mohamed Brahmi.

Ennahdha pris à partie, ses locaux attaqués

"la Tunisie est libre, les frères dégagent", ont scandé des manifestants dans Tunis, en référence au lien d'Ennahda avec la confrérie des Frères musulmans en Egypte. "Ghannouchi assassin", "Ennahda doit tomber aujourd'hui", "l'Assemblée constituante doit être dissoute", ont-ils crié sur l'avenue Habib Bourguiba, dans le centre de Tunis aussitôt la nouvelle de l'assassinat connue.

A Sidi Bouzid, les manifestants ont envahi les siège du gouvernerat (préfecture) et incendié des bureaux au rez-de-chassé du bâtiment, a constaté un journaliste de l'AFP. Dans la même région, à Menzel Bouzaïane, les manifestants ont saccagé les locaux du parti islamiste en criant "A bas les obscurantistes, Ennahda et salafistes", en référence au parti au pouvoir et aux groupes islamistes radicaux.

L’UGTT a annoncé la suspension du dialogue national organisé par elle. Ahmed Nejib Chabbi, opposant modéré, a appelé à la dissolution de l’ANC et à un gouvernement de salut national. Le ministère de la culture a de son côté annoncé la suspension des festivals pendant trois jours.

A l'étranger, le président français François Hollande a condamné "avec la plus grande fermeté" cet assassinat. La Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navi Pillay, a demandé "une enquête rapide et transparente" sur ce crime que l'Algérie a "fermement" condamné.

L'assassinat de Mohamed Brahmi s'est produit près de six mois après le meurtre de Chokri Belaïd, qui a été imputé fin février à un groupuscule islamiste radical. Sa famille avait aussi accusé Ennahda, qui a démenti tout implication dans le meurtre.

L'assassinat de Chokri Belaïd, tué le 6 février comme Mohamed Brahmi par balles devant son domicile avait provoqué une grave crise politique dans le pays et conduit à la démission du chef du gouvernement.

Intervenant jeudi soir sur une chaîne de télévision, le porte parole du ministère de l'Intérieur a indiqué que l'enquête progresse rapidement et que de multiples indices ont été collectés sur la scène du crime. Selon la même source, le ministre de l'Intérieur fournira de plus amples détails demain au cours d'une rencontre avec la presse. L'arme du crime, selon les douilles trouvées sur place, est une arme non utilisée en Tunisie et venue probablement d'un pays voisin, selon la même source qui précise que cela pourrait être un pistolet automatique ou un pistolet mitrailleur.

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