Nouveau plan stratégique de l'AMMC : un marché des capitaux au service du financement de la relance économique
L’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) a dévoilé son deuxième plan stratégique qui fixe ses grandes orientations pour les 3 années à venir. Voici les 4 piliers qui le constituent.
L’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) a présenté, ce jeudi 10 juin, son deuxième plan stratégique lors d’une visio-conférence.
Le premier plan stratégique a été élaboré en novembre 2018. Il a couvert la période 2017-2020 et s'est articulé autour de 4 axes et 15 objectifs.
A l’occasion du lancement du deuxième plan stratégique, Nezha Hayat, présidente de l’AMMC, a déclaré : « C’est un plan qui met en lumière les grandes orientations qui guideront nos choix, nos décisions et nos actions dans les 3 années à venir ».
La présidente de l’AMMC a dévoilé comment ce plan a été élaboré. « Le plan s’appuie, entres autres, sur l’expérience de ces 4 dernières années avec la transformation et l’affirmation concrète de l’Autorité marocaine du marché des capitaux en tant que régulateur indépendant à l’écoute de son marché. De même, nous nous sommes appuyés sur les nombreux échanges qu’on a eu avec les opérateurs de cet écosystème, et sur un Benchmark des orientations stratégiques d’un certain nombre de nos homologues étrangers », a-t-elle expliqué.
Ce deuxième plan intervient dans un contexte différent en comparaison avec le premier. « Notre plan stratégique s’imprègne également du nouveau contexte dans lequel nous évoluons désormais », a-t-elle ajouté.
Ce contexte a en effet apporté de nouveaux éclairages. « Si la résilience de notre marché a été confirmée pendant la crise de l’année dernière, il en ressort également que le marché des capitaux est sous utilisé tandis que le taux d’investissement du Maroc est l’un des plus élevé dans la région. Il est donc important que le marché des capitaux contribue davantage aux financement des entreprises et que ces dernières aient un recours plus important aux différents instruments qu’offre le marché des capitaux ».
« Ce deuxième plan stratégique de l’AMMC s’inscrit dans un contexte particulier de relance économique. Il a aussi été pensé pour s’adapter et accompagner les différentes évolutions que peut connaître le marché des capitaux et l’environnement économique. C’est la raison pour laquelle nous faisons le choix de publier en plus de ce plan triennal des priorités annuelles qui permettront de rendre notre action plus lisible pour les différentes partie prenantes, et d’évaluer régulièrement les progrès accomplis », continue-t-elle.
« Ce plan stratégique repose sur une vision très claire : nous voulons un marché des capitaux au service du financement de la relance économique. Cette vision s’inscrit d’une part dans la continuité des actions que mène l’AMMC depuis les 5 dernières années et d’autres part, dans le contexte particulier que nous vivons et qui appelle à l’enclenchement d’une dynamique forte de relance économique », souligne la présidente de l’AMMC.
Dans ce sens, « pour réaliser efficacement notre mission, nous avons retenu 4 grands piliers stratégiques comprenant chacun des leviers concrets et qui seront suivis par nos équipes grâce au déploiement d’une multitude de projets et d’initiatives d’ici fin 2023 », a-t-elle indiqué.
Voici les quatre piliers constituants le deuxième plan stratégique de l’AMMC
Source : AMMC.
Faciliter le recours au financement par le marché des capitaux
Le 1er pilier du deuxième plan stratégique de l’AMMC vise à apporter une attention particulières aux PME pour faciliter leur accès au marché des capitaux.
« Le marché des capitaux met à la disposition des entreprises une large panoplie d’outils de financement. Toutefois, force est de constater que le recours au marché des capitaux reste limité, privant les entreprises de sources de financement importantes et diversifiées. Les entreprises, particulièrement les petites et moyennes entreprises (PME), moteurs de l’économie marocaine et placées aujourd’hui au cœur des réflexions sur la relance économique, feront l’objet d’une attention particulière et de mesures spécifiques de la part du régulateur afin de les guider et leur faciliter l’accès au marché des capitaux », souligne l’Autorité au niveau d’un dossier de presse.
Afin de compléter son dispositif axé sur les PME, notamment à travers la mise en place d’un marché alternatif dédié aux PME et assorti de règles allégées, l’AMMC, aux côtés des principaux acteurs de l’écosystème, prévoit le lancement d’une offre intégrée conçue spécifiquement pour les PME.
L’AMMC soutiendra également le développement et le recours aux modes de financement alternatifs, tels que les OPCI, les OPCC ou les fonds de titrisation.
Le marché de la dette privée sera aussi appelé à jouer un rôle important dans le financement des entreprises via une série de mesures qui sera adoptée afin de le dynamiser et sécuriser son fonctionnement.
Sur le volet réglementaire, l’AMMC contribuera à la mise en place d’un cadre législatif et réglementaire moderne, flexible et évolutif, à même de soutenir et de dynamiser le marché et les acteurs qui y opèrent.
Promouvoir une régulation adaptée à l’innovation
Il s’agit de mettre en place un cadre sécurisé, une régulation adaptée et une veille rapprochée des risques potentiels pour les investisseurs.
Dans l’objectif d’appuyer et de suivre les innovations dans le secteur financier, l’AMMC prévoit d’élaborer une feuille de route dédiée aux Fintech. Elle aura pour but d’évaluer les opportunités et de déceler les nouvelles formes de risques inhérents à ces innovations.
Au-delà de la mise en place d’un cadre réglementaire adapté à l’innovation, l’accompagnement de l’AMMC portera également sur l’opérationnalisation des nouveaux marchés, tel que le marché à terme, et des instruments financiers innovants permettant ainsi de diversifier l’offre et d’améliorer la liquidité du marché.
La finance participative fera l’objet d’une attention particulière visant à élargir la palette des instruments Shariaa Compliant aux différents segments de marché.
Il en sera de même pour le financement collaboratif, connu sous le nom de Crowdfunding. Ce nouvel outil de financement constitue un réel levier de développement de l’entrepreneuriat et d’inclusion financière des jeunes porteurs de projets.
Renforcer la protection de l’épargne en consolidant la nouvelle approche de supervision
Ce pilier vise, entre autres, le renforcement de l’intégrité et de la transparence du marché. Pour cela, un programme de modernisation des outils de supervision grâce notamment au recours à des technologies innovantes est prévu afin de renforcer les capacités de gestion, de structuration et d’analyse des données.
L’AMMC veillera aussi à la qualité du dialogue avec les émetteurs et les accompagnera dans leur communication financière et extrafinancière. De nouveaux outils d’évaluation de la qualité des reportings ESG seront développés avec un partenaire international de référence dans l’objectif d’en améliorer la pertinence et l’utilité pour les utilisateurs. De même, le dispositif de transparence et de gouvernance continuera à faire l’objet d’améliorations ciblées visant à renforcer la protection des investisseurs.
Afin de renforcer les contrôles et améliorer l’efficience, une information préalable des plans de contrôle annuels sera instaurée et, dans une démarche de prévention et de partage, l’AMMC communiquera sur les bonnes et mauvaises pratiques relevées lors des missions thématiques.
Accélérer la modernisation de l’AMMC et l’inscrire dans un processus de transformation digitale
L’AMMC indique au niveau de son document que le processus d’édification de l’institution en Autorité, entamé en 2016, a nécessité une revue profonde de l’organisation interne, à la hauteur des nouvelles missions de l’Autorité.
Dans ce cadre, l’Autorité entend ainsi poursuivre les efforts de valorisation et d’accompagnement de ses forces vives, à travers la mise en œuvre d’une ingénierie de formation performante, intégrant les thématiques nouvelles, et l’adoption d’un dispositif de gestion de carrière qui tient compte des compétences et aspirations des collaborateurs et besoins futurs de l’Institution.
L’AMMC développera également sa communication interne pour renforcer l’adhésion autour de projets communs et consolider une culture forte de partage et d’excellence.
S’ajoute à cela le fait que le contexte actuel a mis en évidence l’importance de la digitalisation et de l’automatisation des processus dans tous les secteurs.
Après avoir amorcé sa transformation digitale avec le lancement de son Schéma Directeur SI en 2019, l’Autorité prévoit d’élargir la digitalisation à l’ensemble de ses métiers et d’accélérer le rythme de dématérialisation des processus et des échanges tant en interne qu’avec son écosystème.