Le cancer représente un problème sanitaire majeur pour plusieurs pays. Selon les chiffres du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC)-agence de l’Organisation mondiale de la Santé- rendus publics en février 2024, rien qu’en 2022, 20 millions de nouveaux cas de cancer et 9,7 millions de décès ont été enregistrés.

Les données relatives aux prochaines années ne sont guère rassurantes. Pour preuve, selon la même source, plus de 35 millions de nouveaux cas de cancer devraient être enregistrés en 2050, soit une augmentation de 77 % par rapport aux 20 millions de cas estimés en 2022. Ces chiffres édifiants confèrent davantage de sens à l’organisation de la troisième édition des «Journées internationales contre le cancer des femmes arabes» qui s’est déroulée à l'Université Mohammed VI des sciences et de la santé (UM6SS) les 17 et 18 mai, à Casablanca.

Selon Adil Elghanmi, professeur de gynécologie obstétrique, chef de service à l’hôpital universitaire international Mohammed VI de Bouskoura (HUIM6), l’évènement soutenu par la Pan arab society of gynecological cancers et l'European society of gynecological oncology vise à ressembler des experts nationaux et internationaux autour des cancers chez la femme, notamment ceux liés, entre autres aux ovaires et à l’utérus. Concrètement, le congrès co-organisé par l’HUIM6 et l’UM6SS, qui a mis en lumière les dernières avancées médicales relatives aux cancers gynécologiques, a été rythmé par des workshops, des formations et des essais cliniques couvrant des thématiques telles que la chirurgie, la radiothérapie, les soins palliatifs et la réhabilitation post chirurgie. Outre le professeur Adil Elghanmi, Médias24 a échangé avec plusieurs experts pour ne citer que le professeur agrégé Fadila Kouhen, spécialiste en Onco-radiothérapie à l’UM6SS et le professeur Fadwa Mansouri, médecin anatomocytopathologiste, sur les avancées et les défis en matière de prévention et de prise en charge des cancers gynécologiques au Maroc.

Des cancers de plus en plus diagnostiqués à temps

Le professeur Adil Elghanmi est formel : les cancers gynécologiques sont de plus en plus diagnostiqués à temps dans plusieurs pays dont le Maroc où l’accès aux soins est facilité. Et ce, grâce au haut niveau d’expertise des gynécologues et des équipes d’oncologie, d’anapath et de radiothérapie dans le pays. Toujours dans le cadre des avancées pour contre-carrer ce fléau au niveau national, le professeur agrégé Fadila Kouhen, spécialiste en Onco-radiothérapie à l’UM6SS a livré des données cruciales concernant le royaume. «Des efforts conséquents ont été déployés pour la construction des infrastructures de traitement. Aujourd’hui, le Maroc compte plus de 70 centres de radiothérapie. Au registre de la prévention, la vaccination anti HPV est également gratuite pour toutes les filles âgées de 11 ans», confie la professeure qui n’a pas manqué de rappeler que les patientes atteintes de cancers gynécologiques peuvent également accéder gratuitement au traitement grâce à l’initiative royale de la génération de  l’Assurance maladie obligatoire (AMO).

L’accès à la bonne information constitue encore un défi

«L’un des principaux challenges, est celui de l’accès à l’information pour la prévention des cancers gynécologiques. La vaccination anti HPV gratuite pour les filles de 11 ans est effective depuis plus d’un an dans les centres de santé et pourtant plusieurs jeunes mamans et jeunes adolescentes l’ignorent encore», confie le professeur Fadwa Mansouri pour qui le dépistage en matière de prévention du cancer du col de l’utérus est essentiel car il permet de détecter la présence du virus HPV ou d'anomalies des cellules du col de l'utérus et donc de les traiter avant qu'elles n'évoluent en cancer.

Le dépistage est aussi un moyen de diagnostiquer des cancers à un stade précoce et ainsi d'améliorer les chances de guérison. En plus du diagnostic précoce, le professeur Adil Elghanmi préconise une bonne hygiène de vie, qui selon lui, est le moyen le plus efficace pour réduire les maladies liées aux cancers gynécologiques.