Décentralisation et pouvoir populaire dans le Printemps arabe

Le 14 octobre 2014 à 13h05

Modifié 10 avril 2021 à 4h24

Pour faire avancer durablement le développement humain et la stabilité politique, les pays du Printemps arabe devraient décentraliser au niveau sous-national les ressources nécessaires pour catalyser et mettre en œuvre le développement communautaire. De plus en plus, le Maroc est proposé comme un modèle pour ses avancées probantes pendant le Printemps arabe en raison de sa stabilité, de ses opportunités et sa de sa diversité culturelle. En même temps cependant, il y a aussi des défis internes extrêmement difficiles qui pourraient nuire à l'avenir du Maroc: la pauvreté rurale, le découragement de la jeunesse, de graves disparités économiques et la banalisation de l’exploitation de la main-d’œuvre.  

Si le Maroc pouvait effectivement mettre en œuvre le développement participatif et construire des systèmes démocratiques par la régionalisation, le modèle pourrait être instructif pour les populations des autres pays du Printemps arabe pour bâtir le type d’avenir sociopolitique qu'ils souhaitent. Les expériences et les leçons de développement du Maroc sont donc pertinentes à l'échelle régionale et à l'échelle mondiale.

La relative stabilité politique et sociale du Maroc lors du Printemps arabe est due en grande partie à la promotion précoce et constante du développement humain par le Roi Mohammed VI, notamment à partir de 2008, et à son engagement à l’égard d’un régime décentralisé, qui fait aujourd’hui l’objet de l’article I de la nouvelle constitution marocaine de 2011.

Toutefois, une vision correcte du développement (où le Maroc a réalisé des avancées considérables) et de sa mise en œuvre réussie (à laquelle le Maroc n'est malheureusement pas parvenu comme il se doit) sont nécessaires pour que les pays du Printemps arabe atteignent la stabilité sociopolitique à long terme.

Les gouvernements – celui d’Irak étant un exemple - peuvent être réticents à décentraliser, craignant que ce processus n’encourage la sécession et ne devienne une cause de conflit. Cependant, le plus souvent, c'est précisément le manque de pouvoir en matière de prise de décision au niveau local que alimente la résistance politique, la tension, le conflit entre groupes religieux et la violence.

Si la décentralisation peut aussi pousser les politiciens et les bureaucrates nationaux à se sentir dépolitisés et moins influents, le niveau central reste néanmoins essentiel dans les domaines relevant de sa compétence comme les politiques macro-économique et étrangère, le système judiciaire, la sécurité nationale et des objectifs de développement qui favorisent l'équilibre et la performance interrégionale. Cette centralisation peut également contribuer à éviter - et à contrer - les écueils d’une régionalisation mal mise en œuvre, comme une protection sociale réduite et de plus grandes disparités sociales et géographiques.

Si la tourmente confessionnelle et la terreur semée par l'Etat Islamique qui sévissent dans l'Irak d'aujourd'hui étaient moindres - voire inexistantes - ce pays aurait-il opté pour le fédéralisme (un système décentralisé formalisé) en 2006 ou plus tôt ? Si tel était le cas, l'IE serait rejeté dans les cœurs et les esprits de la majorité de la population. Aussi irréalisable que cela semble à l'heure actuelle, la décentralisation du pouvoir aux niveaux sous-provinciaux, le plus près possible des citoyens, apparaît comme la seule solution viable pour que les Irakiens sentent qu’ils reprennent un plus grand contrôle sur leur vie et aient une occasion, même modeste, de vivre une interaction de personne à personne-, sunnite-chiite, qui peut en fait construire des processus localisés de reconnaissance mutuelle et de développement commun.

Une forme d'autonomie légitime dans un contexte global de souveraineté nationale (similaire à la solution proposée par le Maroc pour ses provinces du sud) pourrait permettre de diminuer la violence et les conflits entre chiites et sunnites. La décentralisation est également censée augmenter les capacités de défense du pays à rendre plus difficile une attaque militaire contre les centres de population. La décentralisation s’explique aussi par une augmentation des capacités de défense du pays en rendant plus difficile une attaque militaire contre les centres de population.

Comme stimulant, une approche décentralisée de développement humain permettrait de voir les communautés identifier et contrôler des milliers de petits projets au niveau local, au lieu de projets coûteux et à grande échelle, moins nombreux et présentant des risques plus élevés. Les communautés locales tirent de gros avantages des projets qui sont plus rapidement mis en œuvre. En outre, ce développement humain est bien adapté pour aider à écourter la récession et à promouvoir la croissance. Le prémisse participatif, c'est que le calendrier des réunions, la mise en œuvre du projet et l'ensemble du processus de développement reposent entre les mains de la population.

Les villages et les quartiers on besoin de tiers facilitateurs pour le dialogue de groupe qui appliquent les méthodes de la planification participative pour les évaluations communautaires et la recherche du consensus. En effet, la quantité et la durabilité des projets locaux reflètent en grande partie la mesure dans laquelle les facilitateurs sont impliqués dans cette voie. Les facilitateurs peuvent être des instituteurs, des membres de la société civile, des élus locaux, des étudiants universitaires, des commerçants, des chefs religieux, des retraités ou des agents de développement - éventuellement toute personne qui est en mesure de traiter avec les communautés locales et qui les populations locales acceptent dans ce rôle.

L’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), qui est gérée au niveau provincial, a créé un cadre pour des projets qui reflètent les idées de la population ainsi que pour les formations requises pour les communautés locales afin de déterminer les projets prioritaires. En outre, le processus marocain de régionalisation et l'INDH sont en synergie et se renforcent mutuellement. L’INDH peut contribuer à établir de nouveaux partenariats et des structures de régionalisation par beaucoup plus de fonds, de formations et de projets - essentiellement les fondements d'une administration décentralisée. La mise en œuvre des projets de cette manière permettrait de tracer des chemins et de créer des partenariats et des dispositifs institutionnels inhérents aux systèmes décentralisés.

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