Présidentielle au Pérou: le novice Pedro Castillo et l'expérimentée Keiko Fujimori

(AFP)

Le 13 avril 2021

Le novice en politique Pedro Castillo, un instituteur représentant la gauche radicale, et l'expérimentée candidate de la droite populiste, Keiko Fujimori, s'affronteront pour le second tour de la présidentielle au Pérou, selon des résultats partiels portant sur 90% des bulletins.

- Pedro Castillo, l'instituteur syndicaliste -

Pedro Castillo, qui a créé la surprise en se hissant en tête du premier tour dimanche, est un instituteur de 51 ans, sorti de l'anonymat en 2017 à la faveur d'un vaste mouvement de grève des enseignants dont il avait pris la tête.

Originaire de la province de Cajmarca (nord) dont il arbore le chapeau blanc traditionnel, M. Castillo était candidat pour le petit parti de la gauche radicale Peru Libre.

Il est né à Puña, un village de cette province où il a vécu et travaillé comme enseignant dans une école rurale pendant 24 ans. Son sens de la pédagogie a fait mouche pendant les débats électoraux à la télévision, où il s'est fait remarquer par ses réponses claires et concises.

En 2017, il avait entraîné des milliers d'enseignants du secteur public dans un mouvement de grève national qui avait duré près de 80 jours pour réclamer notamment des hausses de salaire, finalement obtenues.

Pendant la campagne, il a promis des changements radicaux "pas des rustines ou des réformes" comme le proposaient, selon lui, les trois autres candidats de gauche.

Peru Libre est l'un des rares partis péruviens de gauche qui défend le régime du président socialiste vénézuélien Nicolas Maduro.

Son programme s'appuie sur trois piliers : la santé, l'éducation et l'agriculture, qu'il compte renforcer pour stimuler le développement du pays.

M. Castillo est également en faveur d'une reprise du contrôle par l'Etat des richesses énergétiques et minérales du pays.

Comme d'autres candidats, il a promis de convoquer une Assemblée constituante pour rédiger une nouvelle Constitution qu'il accuse de trop favoriser l'économie de marché.

Parmi ses promesses de campagne les plus controversées, M. Castillo s'est engagé à expulser les étrangers qui commettent des crimes au Pérou, un avertissement à peine voilé aux migrants vénézuéliens illégaux arrivés par centaines de milliers depuis 2017.

Il a promis de donner "72 heures pour quitter le pays aux étrangers illégaux qui viennent commettre des crimes".

Il souhaite également réintroduire la peine de mort.

- Keiko Fujimori, l'héritière -

Keiko Fujimori, 45 ans, fille aînée de l'ex-président Alberto Fujimori (1990-2000), est pour la troisième fois candidate à la présidence, après avoir perdu au second tour en 2011 et 2016.

Pour cette nouvelle candidature, la dirigeante de Fuerza popular (droite populiste), qui a passé 16 mois en détention préventive dans une enquête pour corruption, a adopté un ton plus modéré et conciliant que lors des précédentes campagnes.

Le parquet a requis 30 ans de prison contre elle dans le cadre de l'enquête sur le scandale Odebrecht, du nom d'un géant brésilien du BTP, qui a reconnu avoir versé des pots-de-vin à des dizaines de responsables politiques latino-américains.

L'héritière du fujimorisme, ce mélange de populisme autoritaire, de conservatisme sociétal et de libéralisme économique, a passé la moitié de sa vie en politique. En 1994, à l'âge de 19 ans, la séparation de ses parents l'avait contrainte à devenir une sorte de Première dame de substitution.

Mais elle n'est pas la seule à avoir goûté à la politique dans cette famille originaire du Japon. En 2017, elle a rompu avec son frère cadet Kenji, 40 ans, qui lui disputait la tête du mouvement, avant qu'il n'abandonne la politique.

Cette mère de deux enfants, marié à un Américain, bénéficie toujours dans une partie du pays de la popularité de son père auquel beaucoup de Péruviens reconnaissent d'être venu à bout de la guérilla d'extrême gauche du Sentier lumineux et de l'hyperinflation léguée par son prédécesseur.

Concernant son père, âgé de 82 ans et qui purge depuis 2007 une peine de 25 ans de prison pour corruption et crimes contre l'humanité, Mme Fujimori a répété son intention de lui accorder une grâce présidentielle.

"J'ai essayé d'obtenir la liberté de mon père par les voies légales et comme je n'ai pas obtenu justice, je le (gracierai)", a-t-elle déclaré à l'AFP pendant la campagne électorale.

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Le 13 avril 2021

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