Poutine en Serbie pour enraciner les intérêts russes en Europe

(AFP)

Le 16 octobre 2014

Vladimir Poutine se rend jeudi à Belgrade où il entend enraciner les intérêts russes en Serbie, alliée traditionnelle candidate à l'adhésion à l'UE, occasion pour élever sa voix contre "la glorification du nazisme" dans un contexte de vive tension entre Moscou et l'Occident en raison de la crise ukrainienne.

"Notre obligation commune est de nous élever contre la glorification du nazisme et à toute tentative de réviser la période de la Seconde guerre mondiale (...) je suis convaincu que les célébrations à Belgrade y contribueront", a déclaré M. Poutine, dont la dernière visite à Belgrade remonte à 2011, dans une interview au quotidien serbe Politika.

"Le vaccin contre le virus du nazisme s'est affaibli dans certains pays d'Europe", a-t-il affirmé, citant notamment les pays baltes.

Le président russe, qui participera aux cérémonies marquant le 70e anniversaire de la libération de Belgrade de l'occupation nazie, gère un refroidissement de ses relations avec l'Union européenne et les États-Unis en raison du conflit en Ukraine.

"La situation en Ukraine est particulièrement inquiétante, un coup d’Etat a eu lieu, exécuté par des groupes nationalistes et radicaux", a dit M. Poutine.

Dans ses déclarations à Politika, diffusées par le Kremlin quelques heures avant son arrivée à Belgrade, le président russe a accusé son homologue américain Barack Obama d'avoir une attitude "hostile" envers la Russie, et il a accusé les Etats-Unis d'avoir provoqué la crise en Ukraine pour en attribuer ensuite la responsabilité à Moscou.

M. Poutine peut compter sur un accueil chaleureux à Belgrade, un ami précieux en Europe qui refuse de s'aligner sur les sanctions imposées à Moscou par Bruxelles et veille soigneusement à ne pas froisser son grand allié.

Pour sa part, Bruxelles suivra de près cette visite et a demandé à la Serbie de confirmer son engagement "pro-européen" durant cette visite.

Dès son arrivée dans la matinée, M. Poutine et le président serbe Tomislav Nikolic, déposeront des gerbes au cimetière où reposent des soldats russes tombés lors de la libération de Belgrade.

Ils vont ensuite signer plusieurs accords bilatéraux, puis M. Poutine rencontrera le Premier ministre serbe Aleksandar Vucic.

Depuis l'éclatement de la crise en Ukraine en novembre 2013, la diplomatie serbe entretient un équilibre fragile entre le respect de ses obligations envers l'UE - avec laquelle des négociations d'adhésion ont démarré en janvier - et le maintien de bonnes relations avec Moscou, qui a soutenu Belgrade sur nombre de dossiers internationaux sensibles, dont celui de l'indépendance de l'ex-province serbe du Kosovo que la Russie ne reconnaît pas.

- Renforcer les relations entre Belgrade et Moscou -

Pour Moscou, il est important que le rapprochement de la Serbie avec l'UE ne porte pas préjudice à son partenariat avec Belgrade. En 2013, les échanges commerciaux se chiffraient à près de 3 milliards de dollars.

Pour l'économie serbe, chancelante, les crédits accordés par Moscou, 800 millions destinés à l'infrastructure en janvier 2013 et 500 millions en avril pour faire face à un lourd déficit budgétaire, représentent une aide précieuse.

"Le but principal de la visite en Serbie est de soutenir les liens existants. L’énergie sera un sujet très important" au menu des discussions, a indiqué à l'AFP Fedor Loukianov, rédacteur en chef de la revue "La Russie dans la politique globale".

La Serbie est un des pays qui se trouvent sur le tracé du gazoduc South Stream, un projet évalué à 16 milliards d'euros mené par le géant gazier et pétrolier russe Gazprom qui doit transporter à partir de fin 2015 du gaz russe vers l'Europe en contournant l'Ukraine.

La Commission européenne, qui estime que les règles européennes pour les marchés publics n'ont pas été respectées, notamment sur l'accès de pays tiers, a obtenu de la Bulgarie qu'elle interrompe les travaux, alors que la Serbie a clairement affirmé que les travaux étaient maintenus sur son territoire.

Gazprom est également le propriétaire majoritaire de la Compagnie pétrolière serbe NIS avec 51% des parts.

Hormis ses entretiens avec les responsables serbes, M. Poutine assistera à un grand défilé militaire, le premier organisé dans la capitale serbe depuis 1985 et prendra la parole devant la foule.

Plus de 3.000 militaires serbes, de même que des unités de blindés et de l'aviation, participeront à ce défilé, ainsi que des invités venus spécialement de Russie, le groupe d'acrobatie Strizhi de l'armée de l'air russe.

M. Poutine se rendra ensuite à Milan où il doit rencontrer son homologue ukrainien Petro Porochenko en marge du sommet ASEM (Dialogue Asie-Europe) qui réunira des dirigeants de l'UE et plusieurs pays asiatiques les 16 et 17 octobre.

M. Poutine a envoyé ce week-end un signal encourageant en ordonnant le retrait des 17.600 soldats russes déployés à la frontière avec l'Ukraine.

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Le 16 octobre 2014

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