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Pour des médecins de guerre au Liban, un terrible air de déjà-vu

(AFP)

Le 6 octobre 2024

Dans un hôpital du sud du Liban, le docteur norvégien Mads Gilbert travaille une nouvelle fois au rythme des bombardements israéliens, 42 ans après sa première mission dans le pays.

"Rien n'a changé", soupire le médecin anesthésiste, qui a vécu l'invasion israélienne et le siège de Beyrouth en 1982.

"C'est une expérience horrible", ajoute-t-il dans un appel vidéo à l'AFP, depuis un hôpital de Nabatiyeh, une ville du sud située à une vingtaine de kilomètres de la frontière avec Israël.

Le conflit dans le sud du Liban, déclenché il y a un an par le Hezbollah en soutien au Hamas palestinien, a tourné à la guerre ouverte depuis le 23 septembre, avec une campagne de bombardements massifs d'Israël sur le Liban.

L'escalade a depuis fait plus d'un millier de morts, plus de 3.600 blessés, et plus d'un million de déplacés selon les chiffres officiels libanais.

Depuis une semaine, des incursions terrestres des militaires israéliens, donnent lieu à de violents combats avec le mouvement libanais pro-iranien.

Mais les blessés n'arrivent pas jusqu'à Nabatiyeh. "Ils ne peuvent pas être évacués car les attaques sont tellement brutales", dit le Dr Gilbert, en montrant en vidéo par la fenêtre les secouristes attendant à côté des ambulances garées dans le parking de l'hôpital.

Nabatiyeh n'est pourtant pas à l'abri. Cette semaine, l'armée israélienne a appelé à évacuer les habitants de 25 localités dans la région, dont la ville éponyme.

L'armée israélienne "peut faire ce qu'elle veut aux établissements de santé, aux ambulances, aux églises, aux mosquées, aux universités, comme elle l'a fait à Gaza", s'indigne le médecin norvégien, qui a aussi travaillé dans les territoires palestiniens.

"Et aujourd'hui tout ça se répète au Liban, en 2024", lance-t-il.

- Parallèle avec Gaza -

Au moins quatre hôpitaux, dans le sud du pays et dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah pilonné par Israël, ont dû suspendre leurs activités vendredi, et 11 secouristes travaillant pour des organisations affiliées au Hezbollah ont été tués au cours des derniers jours.

Le coordinateur humanitaire de l'ONU au Liban, Imran Riza, a fait état sur X d'une "augmentation alarmante des attaques contre le système de santé" dans le pays.

Les informations sur des frappes israéliennes qui auraient touché "des installations sanitaires et du personnel hospitalier" au Liban sont "profondément dérangeantes", a réagi samedi le Royaume-Uni.

Israël dénonce pour sa part une "utilisation croissante de véhicules de secours par les membres du Hezbollah pour transporter des agents et du matériel pour les combats".

A Beyrouth, le chirurgien palestino-britannique Ghassan Abou Sittah voit lui trop de parallèles entre la situation au Liban et ce qui se passe à Gaza, où la guerre déclenchée par l'attaque du Hamas en Israël le 7 octobre dure depuis maintenant un an.

Le médecin, spécialiste de la reconstruction, traite les blessés au centre médical de l'Université américaine de Beyrouth, dont la banlieue sud est désormais bombardée sans relâche.

Il décrit des "enfants, des familles entières" souffrant de blessures causées par le souffle des explosions ou les éclats, "touchés au visage, au torse, amputés", des "commotions cérébrales".

Selon lui, plus d'un quart des blessés qu'il a traités sont des mineurs. L'Unicef estime à 690 le nombre d'enfants blessés au Liban au cours des dernières semaines.

"J'ai parmi mes patients une fille de 13 ans blessée au visage, qui a besoin de reconstruction à la mâchoire et devra subir plusieurs opérations", raconte le Dr Abou Sittah.

"Les enfants qui souffrent de blessures de guerre ont besoin en moyenne de 8 à 12 opérations jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge adulte", explique le médecin, qui a passé plusieurs semaines dans la bande de Gaza au début de la guerre et a témoigné à de nombreuses reprises sur son expérience.

"Cela rappelle tellement ce qui se passe à Gaza", dit-il. "Et ce qui me brise le coeur, c'est que tout cela aurait pu être évité si la guerre à Gaza avait pris fin".

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Le 6 octobre 2024

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