Dans le sillage de la tempête Boris, un paysage de désolation
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AFP
Le 16 septembre 2024
L'Europe centrale et orientale compte les morts lundi après le passage de la dévastatrice tempête Boris, qui a fait des milliers de sinistrés et d'immenses dégâts encore difficiles à estimer.
Des pluies incessantes, gonflant les cours d'eaux et rivières, secouent depuis vendredi la région, qui déplore au moins onze morts et des milliers d'habitants évacués, parfois par hélicoptères, certains s'étant réfugiés sur les toits de leur maison ou de leur voiture.
Après six décès recensés en Roumanie ce week-end, un en Pologne et un en Autriche, le pays alpin a annoncé deux nouveaux morts, des hommes âgés de 70 et 80 ans.
Côté tchèque, la police a confirmé à la radio publique le décès "d'une personne qui s'est noyée dans la rivière Krasovka près de Bruntal (nord-est)", ainsi que la disparition de "sept personnes".
Partout des états de catastrophe naturelle ont été déclarés, des centaines de milliers de foyers se retrouvent sans électricité ou sans eau, les routes sont coupées et les transports ferroviaires interrompus.
Si la situation météorologique semble s'améliorer en plusieurs endroits, les sols restent saturés et les rivières sortent de leur lit.
Dans certaines villes comme la commune polonaise Klodzko, l'eau commence à baisser, faisant apparaître la destruction et désolation: rues jonchées de débris, vitres brisées, lampadaires cassés.
A une heure de route de là, la ville de Glucholazy, à la frontière polono-tchèque, a été submergée et de nombreux habitants ont trouvé refuge dans une école, comme Joanna Polacasz, d'abord réticente à quitter sa maison.
"La police est venue une première fois vendredi mais nous sommes restés chez nous car nous étions persuadés qu'il n'arriverait rien", a-t-elle raconté à l'AFP. Le lendemain, elle a dû se résoudre à plier bagage face à la montrée des eaux.
"Cette inondation est la pire jamais connue à Glucholazy. Nous essayons de parler aux gens, de les soutenir, de leur proposer un thé et surtout de leur montrer qu'ils ne sont pas seuls", explique Paulina Grzesiowska-Nowak, secouriste de la Croix-Rouge, qui accueille les sinistrés.
- Situation "critique" -
Plus au sud, en Autriche, où un pompier est mort dimanche en intervention, la situation "reste critique, dramatique", a prévenu lors d'une conférence de presse Johanna Mikl-Leitner, gouverneure de la région de Basse-Autriche. "Ce n'est pas fini", a-t-elle dit, appelant à la prudence et à "la responsabilité".
Douze digues ont rompu, 13 communes sont encore coupées du monde et environ 2.000 hommes sont mobilisés pour sauver ceux qui sont menacés.
"Je suis soulagée que nous soyons tous en sécurité, ainsi que les chevaux et les animaux", confie trempée Jaroslawa Kauffman, une habitante de la zone visiblement choquée, citée par la chaîne de télévision ORF.
A Vienne, où la pluie continue de tomber, quatre lignes du métro sont toujours partiellement fermées, le réseau étant menacé par la rivière Wien et le canal du Danube traversant la capitale.
Relativement épargnée, la Hongrie se prépare elle aussi. Plus de 350 soldats ont été déployés dans le nord-ouest, tandis que le Danube devrait avoisiner son niveau record dans les jours à venir.
En Roumanie, c'est la province de Galati (sud-est), qui a été la plus gravement touchée.
A Slobozia Conachi, il est impossible d'évaluer à ce stade l'étendue du désastre, selon le maire Emil Dragomir interrogé par l'AFP, évoquant 750 maisons affectées et lançant un appel aux dons pour des dizaines d'enfants sinistrés.
Dans le village voisin de Pechea, plus d'un tiers de la commune a été ravagée, assure le maire Mihai Mancilan "y compris les terres agricoles". "Maintenant que l'eau a reflué, ce n'est plus que de la boue".
Les inondations liées à de fortes pluies devraient augmenter en Europe centrale et de l'Ouest dans un monde qui fait face à un réchauffement de 1,5°C en moyenne, ont affirmé les experts climatiques du Giec dans un rapport de 2022.
"Nettoyons et voyons ce qui peut être sauvé", a réagi lundi matin à Bucarest le Premier ministre Marcel Ciolacu. "C'est dur de gérer une telle fureur. On ne plaisante pas avec la nature".
burs-anb/bg/cn
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