Violences Raja-Al Hoceima: Ce qu'en disent les ultras du Raja

2 morts et 54 blessés dont 4 en état grave. C'est le bilan provisoire du drame qui s'est produit samedi dernier au Stade Mohammed V de Casablanca. Comment les deux groupes d'ultras en sont arrivés là?

Violences Raja-Al Hoceima: Ce qu'en disent les ultras du Raja

Le 21 mars 2016 à 16h34

Modifié 21 mars 2016 à 16h34

2 morts et 54 blessés dont 4 en état grave. C'est le bilan provisoire du drame qui s'est produit samedi dernier au Stade Mohammed V de Casablanca. Comment les deux groupes d'ultras en sont arrivés là?

A la fin du match opposant le Raja de Casablanca à Rif Al Hoceima et pendant que les supporters et les membres de l'équipe casablancaise fêtaient ensemble le 67e anniversaire de la création du club, un membre des Green boys a, à l'occasion d'un craquage, lancé son fumigène sur les Ultras Eagles.

Tout a commencé ainsi, selon le témoignage de Ahmed, supporter assidu du club qui n'a raté aucun déplacement de son club depuis le début de la saison.

La suite, on la connaît, les mouvements incontrôlables des foules ont conduit au drame.

Armes blanches et absence des autorités

Des images tournées depuis les gradins opposés ont fait le tour des réseaux sociaux. Elles montrent un groupe de jeunes, vêtus de pulls de couleur verte (emblème des Ultras Eagles) munis de bâtons ou de sabres attaquer une partie du public, tout en les dépouillant de leurs biens.

Ahmed confirme bel et bien les faits: "A la fin du match, des dizaines de jeunes, mineurs pour la plupart, munis de sabres, d'épées et de fumigènes ont investi les gradins. Comment ont-ils pu introduire ces armes? Je l'ignore. Mais une chose étonnante s'est produite avant le début de la rencontre, à l'entrée du stade. Ce jour là, la police ne nous a pas fouillés."

Ce laxisme n'a pas manqué de susciter l'étonnement et la suspicion des supporters présents ce jour-là, certains d'entre eux vont jusqu’à accuser les responsables d'une machination à leur encontre. Le doute est alimenté par l'intervention tardive des forces de l'ordre présentes sur place.

Ahmed accuse: "la police n'est intervenue qu'après la sortie de la plupart des spectateurs. Sur les gradins, il n'y avait quasiment aucun agent de l'ordre. Une partie du public qui a réussi à s'enfuir, a trouvé le portail extérieur fermé."

Green Boys/ Ultras Eagles: une rivalité fratricide

Pour comprendre les rapports entre les deux formations d'Ultras, il convient tout d'abord de définir leur mode de fonctionnement.

"Les Ultras sont indépendants du club, c'est ce qui fait la différence entre eux et les associations. Ils n'ont pas de statut légal et s'autofinancent par la vente de produits et par les adhésions annuelles des membres, ce qui leur permet de financer leurs activités (animations, tifos, album musical...)" explique un ancien membre des Green Boys.

Les droits pour l'adhésion aux Ultras Eagles sont de l'ordre à 120 DH par an.

En interne, les groupes d'ultras fonctionnent de manière horizontale ou anarchique. "Dans les groupes d'Ultras, il n'y a pas de hiérarchie. Tous les membres sont égaux. Mais il y a ce que l'on appelle "le noyau", où se prennent les grandes décisions. Plus un membre s'investit dans les activités du groupe d'Ultra, plus il se rapproche de ce noyau", décrit Reda, ancien membre d'un groupe d'Ultra local.

Les Green Boys, premier groupe des Ultras du Raja de Casablanca, a été créé en 2006 et les Ultras Eagles ont été créés une année plus tard, par un ancien membre des Green Boys.

Dès lors, la compétition entre ces deux formations n'a pas cessé de croître, se transformant par moments en rivalité. "Chaque groupe d'ultras cherche à recruter dans le terrain du groupe adverse", commente un membre proche du milieu.

Comment les noyaux des ultras ont perdu le contrôle samedi dernier?

Malgré l'adversité entre les deux groupes d'Ultras, les membres formant les noyaux coordonnent avant chaque match pour la mise en place des bâches, des tifos et pour le réglage des détails techniques.

Ahmed témoigne: "les noyaux des Green Boys et des Ultras Eagles sont des amis dans la vraie vie, ils travaillent souvent ensemble, que cela soit à l'occasion des matchs joués à domicile ou à l'extérieur."

Et d'ajouter: "les membres formant les noyaux des ultras quittent habituellement le match juste après le coup de sifflet final". Leur absence supposée lors des affrontements a-t-elle contribué à les faire dégénérer? Les auteurs des agressions de samedi dernier sont-ils réellement des membres des Ultras Eagles? Difficile à dire.

En tout cas, lorsqu'on consulte les règles d'adhésion aux Ultras Eagles, la première condition à remplir est celle liée à l'âge. Pour la saison 2015/2016, les membres doivent être âgés de "18 ans minimum pour les nouveaux adhérents, à l'exception du renouvellement des cartes des anciens adhérents."

En tout état de cause, "les agressions, vols et jets de pierres ont été l'œuvre d'un public majoritairement jeune, mineur et incontrôlable", se souvient Ahmed.

Quelle est la part de responsabilité du club?

Dans une déclaration à Médias 24, le président du Raja, Mohamed Boudrika, a déclaré que les deux groupes d'ultras n'ont aucun lien avec le club.

Rachid, un membre des Green Boys dément catégoriquement cette allégation.

"Des rencontres régulières ont lieu entre le président du Raja et les noyaux des deux groupes d'ultras. Ces rencontres sont tenues secrètes et ne font l'objet d'aucune communication publique", confie-t-il.

Même son de cloche du côté de Ahmed qui confie: "Quand notre équipe est en crise, les noyaux des deux ultras discutent l'état de notre club avec le président."

Ce n'est pas tout, Rachid rapporte également que, durant un déplacement du Raja de Casablanca en Afrique du Sud, le président a payé un séjour tous frais compris pour plusieurs membres des noyaux des deux groupes ultras.

Le maintien de rapports occultes entre le club et les ultras entraîne-t-il un problème d'encadrement? "Sans doute, commente un observateur interrogé par Médias 24. Les débordements traduisent une faiblesse de l'organisation des structures d'accueil. Reconnaître l'existence des ultras permettrait de développer leur capacité d'encadrement des foules. A l'inverse, les interdire ne résout pas le problème. Le démantèlement des groupes d'ultras donnerait naissance à plusieurs micro-groupes, beaucoup moins organisés, moins contrôlables et sans doute plus violents."

[Nota: conformément à la volonté des témoins, Médias 24 a fait le choix de cacher leurs identités. Les noms ont été modifiés.]


 

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