(NON) Les faillites d’entreprises ont augmenté de 15% au premier trimestre 2021

B.B | Le 30/3/2021 à 14:06

Après avoir affiché un recul de 21% en 2020, les faillites repartent à la hausse en 2021. D’après les chiffres d’Inforisk, 2 694 entreprises ont fait faillite depuis le début de l’année, soit 15% de plus que l’an dernier sur la même période. Avec la fin des soutiens économiques aux entreprises, une augmentation minimum de 65% du nombre de défaillances est attendue d’ici fin juin.

Contre toutes attentes, les défaillances d’entreprises en 2020 ont enregistré un recul de 21,6% selon les chiffres d’une étude d’Inforisk publiée début février. Une situation paradoxale alors que le Maroc vivait la pire récession de son histoire. Cette diminution des faillites résultait des aides gouvernementales, notamment à travers les programmes Relance et Oxygène. Elle s’expliquait également par le gel de l’appareil administratif, incapable de traiter les dossiers dans les tribunaux durant la période de confinement.

Cette même étude d’Inforisk tablait sur une forte augmentation des faillites en 2021. Mais alors, comment a évoluer la situation sur le premier trimestre de l’année ?  Contacté sur le sujet, Amine Diouri, directeur des études et de la communication chez Inforisk D&B, nous livre les premières analyses avec les chiffres agrégés.

Une accélération des faillites depuis février

Selon les chiffres communiqués par Inforisk, 2 694 défaillances d’entreprises ont été enregistrée depuis le début de l’année 2021. Soit 15% de plus qu’en 2020 sur la même période et 6% de plus qu’en 2019. Dans le détail mensuel, Inforisk liste l’évolution des faillites comme suit :

Tableau des défaillances d’entreprises sur les trois premiers mois de l’année (2019-2021)

 

janvier

février

mars

Total défaillances

2019

1032

848

663

2543

2020

1171

713

462

2346

2021

1053

886

755

2694

 

Source : Inforisk D&B

Pour Amine Diouri, le rythme de progression des faillites s’accélère depuis le mois d’octobre 2020 pour revenir à un niveau « normal », à savoir celui observé sur l’année 2019. Mais depuis 2021, une accélération du nombre de défaillances se fait sentir. « Ce que je peux dire c’est que sur les trois premiers mois de l’année 2021, nous nous situons au-delà des chiffres de 2019. Donc nous avons clairement repris la tendance normale des chiffres de défaillances. Cette situation s’observe d’ailleurs depuis le mois d’octobre 2020 où le rythme des défaillances d’entreprises est croissant. Février et mars 2021 montrent clairement une accélération des défaillances par rapport à une situation normale. On pourrait appeler cette phase, l’effet Covid » nous explique Amine Diouri.

Mais si cet effet Covid reste modéré pour le moment, la situation ne durera probablement pas. Selon notre interlocuteur, la probabilité que l’impact de la crise sur les entreprises s’accélère dans les prochains mois, est très élevé.

Une hausse de 65% minimum attendue sur le premier semestre 2021

Le premier semestre 2021 sera naturellement marqué par une hausse des défaillances par simple effet mécanique. Car si les tribunaux de commerce étaient paralysés de mars à juin 2020 à cause du confinement, ce ne sera pas le cas cette année. Pour notre interlocuteur, il faudra s’attendre à une augmentation substantielle des défaillances d’entreprises sur la période. « De mars à juin 2020, il y avait environ 700 défaillances. En période normale, il devrait en avoir trois fois plus. Désormais, ce qu’il faut voir sur le premier semestre 2021, c’est s’il y a, en plus de l’effet mécanique, un fort effet des répercussions de la crise. La question est de savoir si l’on va être dans la normale ou bien au-delà de la normale ».

D’après les anticipations d’Inforisk, en plus de la hausse mécanique, les effets de la pandémie, se feront très probablement ressentir. « D’après nos chiffres, si sur le second trimestre 2021, le trend est le même qu’en 2019, ce qui serait le minimum auquel s’attendre, nous arriverions à la fin du premier semestre à une hausse de 65% des défaillances par rapport à 2020. Je tiens à préciser que ce chiffre est le minimum à envisager. L’effet additionnel Covid sera probablement observé sur cette période et alourdira les chiffres » nous explique Amine Diouri.

Comme le signalait l’étude d’Inforisk début février, avec l’arrêt prévu des mécanismes Oxygène et Relance, les entreprises devront commencer à rembourser les dettes contractées en 2020 ou les reports d’échéances. Un challenge de taille. « Entre les aides perçues et les réductions salariales opérées en 2020, certaines entreprises ont réussi à tenir le choc, mais en 2021, seront-elles capables de faire face sans Damane Oxygène ? Ce n’est pas garanti » poursuit notre interlocuteur.

Sur le premier trimestre 2021, si la granularité d’information n’est pas encore établie pour savoir quels secteurs et quelles zones géographiques ont été les plus impactés, les secteurs traditionnels devraient être naturellement touchés. Mais avec la crise, d’autres secteurs devraient également plus souffrir qu’à l’accoutumée. « Les trois secteurs qui composent 70% des créations et défaillances d’entreprises ce sont le commerce, le BTP et l’immobilier. Maintenant, avec la crise des secteurs fortement exposés comme celui du tourisme devraient lourdement en pâtir. Nous n’avons pas de chiffres officiels pour le moment, il s’agit de supposition, mais je pense que les branches d’activité comme l’hôtellerie/restauration, les agences de voyage et les services de locations de voitures seront plus touchés que les autres » estime Amine Diouri.

Concernant les structures d’entreprises, si les chiffres au premier trimestre 2021 sont agrégés, les TPE sont naturellement les plus exposées car les plus fragiles. D’ailleurs, il est à rappeler que dans son étude début février, Inforisk informait que 98,9% des entreprises qui ont fait faillite en 2020 étaient des TPE.

 

>>> Lire aussi : Une vague de faillites de TPME est attendue pour fin 2020 début 2021

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