La BCE muscle sa réponse à la pandémie et voit la crise durer

| Le 5/6/2020 à 8:30

La Banque centrale européenne a renforcé et prolongé jeudi 4 juin ses mesures de soutien à l'économie, plus vigoureusement que prévu, face à la profonde crise provoquée par la pandémie de coronavirus.

"La BCE part du principe que la zone euro retrouvera son niveau d'avant-crise au plus tôt dans deux ou trois ans. Elle n'a donc aucun autre choix que de poursuivre sa politique très expansive", résume Marcel Fratzscher, de l'institut économique DIW.

Les gardiens de la monnaie unique ont gonflé de 600 milliards d'euros le programme d'urgence PEPP, forgé en mars et initialement doté de 750 milliards d'euros pour racheter des obligations publiques et privées. Les analystes tablaient plutôt sur une rallonge de 500 milliards.

Ils ont également prolongé cette arme inédite jusqu'à "au moins fin juin 2021", contre la fin 2020 initialement, signe qu'ils ont abandonné tout espoir d'une sortie rapide de la crise sanitaire.

La BCE a aussi indiqué qu'elle allait réinvestir à leur échéance les titres participant au PEPP jusqu'à "au moins la fin 2022", ce qui lui permet de piloter ce stock d'actifs sur le long terme, comme elle le fait déjà depuis 2015 pour son programme "QE" de rachats d'actifs.

Enfin, l'institut a maintenu ses taux directeurs à leur plancher historique, afin de stimuler l'offre de crédit en zone euro à destination des ménages comme des entreprises.

- "Incertitude" -

A l'appui de ces décisions, la présidente de la BCE Christine Lagarde a brossé un tableau économique sombre: la récente embellie liée au début du déconfinement "a été timide par rapport à la vitesse à laquelle" la conjoncture "a plongé dans les mois précédents".

La BCE table donc sur une dégringolade "sans précédent" du PIB de la zone euro cette année, de 8,7%, suivie d'une remontée de 5,2% l'an prochain et de 3,3% en 2022.

Ce scénario est de surcroît "entouré d'un grand degré d'incertitude", a averti la patronne de l'institut, au point que les économistes de la BCE ont forgé deux autres séries de prévisions macroéconomiques.

D'après Mme Lagarde, la violence de la récession comme l'ampleur de la reprise "dépendront de la durée et de l'efficacité" des mesures de restriction, des politiques de relance et de soutien de l'emploi, ainsi que de "l'impact durable" de la pandémie sur la demande.

"La BCE n'est pas dans une meilleure position que les autres prévisionnistes pour tenter de saisir la profondeur de la crise économique et le rythme du rebond", résume Carsten Brzeski, de la banque ING.

L'institut monétaire a nettement abaissé ses attentes d'inflation, tablant sur une hausse des prix de 0,3% en 2020, 0,8% en 2021 et 1,3% en 2022, des scores très éloignés de son objectif "proche mais inférieur à 2%".

- Menace judiciaire -

La projection pour 2022 "est la plus basse jamais enregistrée à moyen terme", observe Frederik Ducrozet, stratégiste chez Pictet Wealth Management, ce qui enterre pour longtemps les perspectives de durcissement de la politique monétaire.

Il est même probable "que la BCE annonce une seconde et dernière expansion du PEPP plus tard dans l'année", estime M. Ducrozet, si l'institut veut poursuivre ses emplettes au rythme actuel.

Reste à lever l'incertitude que la Cour constitutionnelle allemande fait peser sur l'action des gardiens de l'euro: dans un arrêt retentissant début mai, les juges de Karlsruhe ont sommé la BCE de justifier sous trois mois la "proportionnalité" de ses rachats d'actifs.

Mais jeudi encore, Mme Lagarde s'est dite "confiante" sur le fait qu'une "bonne solution sera trouvée". Elle a martelé que la BCE se trouvait "sous la juridiction de la Cour européenne de justice", qui a, elle, adoubé son programme.

Dans une réponse indirecte aux juges allemands, elle a cependant assuré que les membres du conseil des gouverneurs débattaient à chaque réunion "de l'efficacité et du rapport coûts-bénéfices" de leurs mesures.

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.
lire aussi
  • | Le 19/5/2024 à 10:14

    Immobilier. Arrondissement par arrondissement, voici les prix pratiqués à Casablanca en 2023

    Sidi Moumen, Hay Hassani, Aïn Chok, Maarif, Ain Sebaa ou Anfa,... L'immobilier d'un arrondissement à un autre change. Où se concentrent les ventes immobilières au sein du grand Casa en 2023 ? Comment se sont comportés les prix ? Les données exclusives fournies par notre partenaire Yakeey apportent la réponse.
  • | Le 17/5/2024 à 15:08

    CFG Bank : indicateurs en forte hausse à fin mars, RNPG 2024 attendu en hausse de 40% à 50%

    Le groupe affiche une forte hausse de ses indicateurs à tous les niveaux à fin mars. Le PNB progresse de 44%. Le RBE progresse à un rythme plus soutenu, du fait d'une bonne maîtrise des charges qui croissent moins vite que le PNB. Le RNPG 2024 du groupe devrait progresser entre 40% et 50%.
  • | Le 17/5/2024 à 14:00

    Disway : baisse de 9% du chiffre d’affaires à fin mars

    Le segment Volume a vu son chiffre d’affaires reculer de 11,6% du fait de retards de plusieurs projets, de la baisse de la demande sur plusieurs produits technologiques en raison de la hausse des droits de douanes et de la rupture de plusieurs segments de produits à cause des incidents en mer Rouge.
  • | Le 17/5/2024 à 10:38

    Crédit du Maroc : hausse de 16,5% du RNPG au 1er trimestre 2024

    Le groupe affiche une bonne tenue des crédits avec un encours en hausse de 7,1% à 53,2 MMDH. Le PNB progresse de 10% du fait de la bonne tenue des marges d’intérêts et sur commissions.
  • | Le 16/5/2024 à 15:53

    Oncorad : “D’ici début 2026, nous souhaitons tripler la valeur du groupe” (Redouane Semlali)

    Il y a un an, le groupe Oncorad annonçait une levée de fonds de 458 MDH auprès de CDG Invest Growth et STOA. Depuis, quels sont les changements structurels et les développements qui ont été menés ? Création de holdings, acquisition de foncier... Redouane Semlali, PDG et cofondateur du groupe, nous en dit plus.
  • | Le 15/5/2024 à 16:57

    BKGR anticipe une hausse de 13,4% de la capacité bénéficiaire de la cote cette année à 33,2 MMDH

    L’industrie devrait voir sa capacité bénéficiaire progresser de 15,6% à 17,7 MMDH. Les financières devraient enregistrer une croissance de 10,7% à 13,8 MMDH. La capacité bénéficiaire des assurances devrait s’apprécier en 2024 de 14% à 1,7 MMDH. La masse des dividendes en 2024 est également attendue en hausse de 6,3% à 21 MMDH.