L’architecte marocaine Salima Naji reçoit la Grande Médaille d’Or de l’Académie d’architecture française

L’architecte et anthropologue marocaine Salima Naji a reçu, le mercredi 18 septembre à Paris, la Grande Médaille d’Or de l’Académie d’architecture française, la plus haute distinction de cette institution dédiée à la promotion de l'excellence en architecture.

L’architecte marocaine Salima Naji reçoit la Grande Médaille d’Or de l’Académie d’architecture française

Le 20 septembre 2024 à 10h49

Modifié 20 septembre 2024 à 15h24

L’architecte et anthropologue marocaine Salima Naji a reçu, le mercredi 18 septembre à Paris, la Grande Médaille d’Or de l’Académie d’architecture française, la plus haute distinction de cette institution dédiée à la promotion de l'excellence en architecture.

La Grande Médaille d’Or revient cette année à Salima Naji dont "l’œuvre magnifique illustre avec talent et responsabilité cette capacité d’insertion de l’architecture dans le respect du lieu", a annoncé la présidente de l'Académie, lors de la cérémonie de remise des prix.

Catherine Jacquot a salué le travail de cette spécialiste et promotrice des réalisations en terre et autres matériaux marocains traditionnels qui reflètent la richesse d'un patrimoine avec les ressources en matériaux et en savoir-faire.

De son côté, la présidente du jury des prix et récompenses, Sophie Berthelier, a souligné que la plus haute distinction de l'Académie d’architecture récompense cette année "une architecte anthropologue qui mêle dans son histoire combative l’histoire, le passé et le futur".

Présentant son travail, l’architecte Martin Robain, membre du jury, a souligné que l’architecte marocaine inscrit sa démarche dans "une dimension humaine, participative et d’un constant apprentissage sur le chantier".

Il cite quelques mots qui reviennent en récurrence dans les écrits ou conférences de la lauréate pour illustrer sa pensée : "ethnique", "préservation pas conservation", "non à l’ostentatoire", "attachement au lieu", "la modernité questionne", "le commun collectif", "surfaces et espaces partagés", "réemploi", "pierre", "terre", "amélioration", "agir en réparant", "convivialité", "beauté du cadre de vie", "le beau n’est pas l’apanage des élites".

À ses yeux, défendre une architecture du bien commun signifie "interroger le bâtiment, mais aussi les conditions de son édification, les pratiques spatiales, l’usage social, l’attachement au lieu".

Il retient aussi que Salima Naji "réinvestit et perfectionne les techniques vernaculaires pour créer une architecture contemporaine en mesure de proposer un développement soutenable appuyé sur les humains", tout en pratiquant "une fine connaissance des territoires, en direction de projets d’utilité sociale afin de réduire l’impact destructeur de l’architecture en béton armé".

Pierre, terre et style tataoui

L’architecte marocaine a tenu à remercier à cette occasion l’Académie d’architecture et les membres du jury pour ce prix qui illustre la confiance des ses pairs en la qualité de son travail, qu’elle présente comme relevant d’"une architecture intemporelle".

Pour celle qui place la question de la territorialité et de la soutenabilité au cœur de ses préoccupations en tant qu’architecte, cette consécration intervient après une série de visites effectuées par les membres de la commission des prix et récompenses de l’Académie d’architecture à ses chantiers au Maroc, où ils ont pu mesurer sa démarche globale tendant "à sauver un corps de techniques".

"Ils étaient extrêmement sensibles au fait que je travaille sur des techniques dites vernaculaires, ancrées dans des territoires avec des maîtres artisans", a précisé l’architecte marocaine qui travaille la pierre, la terre et le style tataoui, depuis vingt ans.

Installée à Tiznit depuis 2008, Salima Naji a fait ses études d’architecture à Paris. Elle y a également décroché un doctorat en anthropologie sociale avant de suivre une formation de troisième cycle en esthétique, arts et technologies de l’image, puis en philosophie de l’art.

Elle a publié de nombreux livres dont, récemment, Architecture du bien commun, pour une éthique de la conservation.

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