Round up. Nouveau souffle pour la filière du cactus

Mise à mal par la cochenille, la filière du cactus reprend vie grâce à la lutte biologique et à la plantation de nouvelles variétés résistantes à cet insecte qui avait affaibli une plante aux fruits prisés par les Marocains. Des avancées ont également été réalisées en matière de valorisation. Le point avec le ministère de l’Agriculture.

Round up. Nouveau souffle pour la filière du cactus

Le 26 juin 2024 à 16h24

Modifié 26 juin 2024 à 16h49

Mise à mal par la cochenille, la filière du cactus reprend vie grâce à la lutte biologique et à la plantation de nouvelles variétés résistantes à cet insecte qui avait affaibli une plante aux fruits prisés par les Marocains. Des avancées ont également été réalisées en matière de valorisation. Le point avec le ministère de l’Agriculture.

Il y a dix ans, un insecte commençait à ravager les cactus du Maroc. En 2020, cette infestation a provoqué une chute de la production de figues de barbarie et une hausse des prix, au grand dam des consommateurs marocains. Cependant, depuis quelques mois, le Maroc enregistre d'importantes victoires contre la cochenille du cactus.

En multipliant les opérations de lutte biologique et génétique, le ministère de l’Agriculture a réussi à redonner un second souffle à une filière qui était à l’agonie. D'une part, en détectant et en produisant en masse des prédateurs de la cochenille. De l'autre, en misant sur huit variétés de cactus résistantes à cet insecte nuisible.

Sur ce dernier point, l'agriculture solidaire, composante essentielle de la stratégie Génération Green 2020-2030, prévoit la plantation de 120.000 hectares de cactus résistants à la cochenille d'ici 2030. "Il s'agit des variétés Marjana, Belara, Karama, Ghalia, Angad, Cherratia, Akria et Melk Zhar, inscrites au catalogue officiel des espèces et variétés végétales au Maroc. Ces variétés ont servi de base pour les plantations dans le cadre du programme national", précise le ministère de l'Agriculture à Médias24. 

Ce matériel végétal assurera donc l’accompagnement de la relance de la filière. "Des planifications des superficies ont été mises en place pour ce vaste programme national de plantation par les variétés résistantes à la cochenille, directement chez les agriculteurs, dans plusieurs régions à travers le pays", ajoute la même source.

Une superficie de 11.676 hectares

Lancé en 2021, ce programme de plantation a permis jusqu’à présent d’atteindre une superficie de 11.676 ha répartis par année comme suit : 

- En 2021 : 402.589 plants de cactus ont été produits par l’INRA, qui ont permis de planter 1.454 ha dans les régions de Marrakech-Safi (1.007 ha) et Guelmim-Oued Noun (447 ha).

- En 2022 : 1.705.320 plants de cactus ont été produits par l’INRA, qui ont permis de planter 5.730 ha dans les régions de Souss-Massa (1.000 ha), Casablanca-Settat (530 ha), Marrakech-Safi (1.500 ha) et Guelmim-Oued Noun (2.700 ha).

- En 2023 : 1.939.195 plants de cactus ont été produits par l’INRA. 4.492 ha ont été plantés dans plusieurs régions, notamment Rabat-Salé-Kénitra, Souss-Massa, Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Guelmim-Oued Noun, Marrakech-Safi et Béni Mellal Khénifra. En outre, des travaux de sol ont été achevés sur 150 ha dans la région de l’Oriental, avec des travaux de plantation en cours. 

- En 2024 : Il est prévu de produire 6.556.005 plants de cactus pour planter 23.677 ha dans neuf régions du pays.

À partir de 2025, la production de plants de cactus pourra atteindre plus de 6.700.000 plants par an, permettant de planter un total de 24.188 ha/an. "Ainsi, l’objectif prévu de 120.000 ha devrait être dépassé avec l’aide de l'Institut national de recherche agronomique (INRA)", se félicite le ministère de tutelle.

En effet, l’INRA est en capacité de fournir plus de 37,6 millions de cladodes et de plants de cactus résistants à la cochenille jusqu’en 2028, suffisamment pour reconstituer 136.000 ha de cactus touchés par la cochenille sur l’ensemble du territoire national. À ce titre, la bonne marche du programme de multiplication sera déterminante. C’est pourquoi de nouvelles plateformes de cactus ont vu le jour.

Un parc à bois de matériel végétal de départ a été installé dans la station expérimentale de l’Office régional de mise en valeur agricole (ORMVA) de Doukkala. "Le matériel végétal de départ établi à Zemamra a permis la multiplication de dizaines de milliers de plantules de cactus et l’établissement de 11 parcs à bois de pré-base 'plateformes' à travers le pays, s’étendant sur une superficie de 105 ha", indique le ministère de l’Agriculture.

À noter que des croisements entre les variétés résistantes à la cochenille et les anciens écotypes les plus prisés par les consommateurs, comme Aissa, Moussa et Dellahia, ont été réalisés avec des résultats satisfaisants. "Toutefois, il faut compter de trois à quatre années pour obtenir les premiers fruits, et les comparer avec ceux des parents pour avoir une idée claire des résultats des croisements génétiques", souligne le département de l'Agriculture. 

Un équilibre entre la présence de la cochenille et la productivité des cactus

Si le ministère de tutelle mise particulièrement sur la résistance génétique à la cochenille des huit variétés de cactus, l’INRA continue d’explorer d’autres méthodes de gestion de cet insecte. "L’idée est d’arriver, par des moyens biologiques, à établir un équilibre entre la présence de la cochenille et la productivité des cactus. En effet, le recours à des ennemis naturels, des parasitoïdes, des entomopathogènes et des substances naturelles est devenu une solution propre à plusieurs ennemis des cultures à travers le monde", explique le ministère de tutelle. 

C’est pourquoi une unité d’élevage et de production en masse des prédateurs de la cochenille et de certains ravageurs des principales cultures des Doukkala a été développée, notamment un insectarium au sein de la station expérimentale de Zemamra. Actuellement, les recherches menées par l’INRA couvrent la maîtrise de l’élevage en masse des prédateurs et le développement de régimes alimentaires artificiels pour une nutrition équilibrée des prédateurs. 

À cela s’ajoute la lutte biologique contre la cochenille et d’autres ennemis des cultures en milieu réel, en combinant des prédateurs, parasitoïdes, levures et champignons entomopathogènes, ainsi que la diffusion des résultats sous forme de publications dans des journaux indexés Scopus.

Des espèces de prédateurs autochtones, notamment des coccinelles et des syrphes (une famille de mouches), ont été identifiées et élevées, tout comme des parasitoïdes. Des actions sont également menées pour maîtriser l'élevage et la production de parasitoïdes. Sur le terrain, les résultats de ces méthodes de lutte semblent prometteurs, tant pour la cochenille du cactus que pour les ennemis des cultures telles que la betterave à sucre, la pomme de terre, le maïs, l'olivier et la courgette.

De plus, des pièges appropriés ont été développés pour capturer un plus grand nombre de mâles de la cochenille, empêchant ainsi sa prolifération. "Des extraits de plantes, du savon noir et du piment fort ont été évalués, et les résultats pour la gestion des nymphes de la cochenille sont satisfaisants", affirme le ministère de l’Agriculture.

12 unités de valorisation dont 9 à Marrakech-Safi

Avant l’apparition de la cochenille au Maroc en 2014, les 150.000 ha de cactus produisaient entre 1,2 et 3,5 millions de tonnes de figues de barbarie, avec un rendement compris entre 8 t/ha et 25 t/ha, pour un revenu situé entre 20.000 DH/ha et 40.000 DH/ha.

À la lumière de ces chiffres, il est évident que la valorisation du cactus au Maroc a un impact positif sur les conditions de vie des agriculteurs, la création d’emplois et la diversification de l’économie locale. Pour relancer l’apport économique de la filière, 12 unités de valorisation ont été mises en place dans le cadre des projets de l’agriculture solidaire.

Parmi ces structures, 9 sont implantées dans la région de Marrakech-Safi, en raison d'un potentiel considérable et des conditions édapho-climatiques. Ces unités permettront notamment de conditionner les fruits du cactus, d’extraire l’huile des figues de barbarie et de fabriquer des aliments pour bétail à base de cactus.

En outre, plus d’une dizaine de groupements de producteurs de cactus ont bénéficié des programmes de mise à niveau, représentant 18 coopératives et près de 374 petits agriculteurs. Pour soutenir la commercialisation, l’Agence de développement agricole (ADA) a organisé plusieurs rencontres B to B avec les acheteurs des grandes et moyennes surfaces (Marjane, Label’Vie, Carrefour et Aswak Assalam) et le marché solidaire Oasis-Casablanca.

"Ces rencontres ont abouti au référencement de 4 coopératives spécialisées dans la commercialisation du cactus et de ses dérivés, représentant 44 petits producteurs", assure le ministère de l’Agriculture, qui a également créé une plateforme en ligne sécurisée. "Pratique, cette plateforme regroupe une panoplie de boutiques en ligne. Quatre coopératives de producteurs y sont présentes, regroupant 24 petits agriculteurs", poursuit la même source.

Pour la promotion internationale, l’ADA a organisé, au cours de la dernière décennie, la participation de 13 groupements (35 coopératives et 685 adhérents) à différentes manifestations internationales (Salon international de l’agriculture à Paris, Semaine verte de Berlin et Salon international des aliments à Abu Dhabi).

Ces opportunités ont permis de conclure des contrats d’achat avec des acheteurs potentiels sur les marchés ciblés, où plusieurs produits diversifiés issus des travaux de recherche menés par l’INRA et l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan II (IAV) sont commercialisés : 

- Sorbet au jus de figue de barbarie ; 

- Popsicles (glace) au jus de figue de barbarie ; 

- Vinaigrette au jus de figue de barbarie ; 

- Limonade au jus de figue de barbarie ; 

- Smoothie à base de figue ; 

- Boisson de figue à la menthe ; 

- Levain traditionnel de figue de barbarie (pelure) ; 

- Levain traditionnel de figue de barbarie (tourteau de graine) ; 

- Sauce barbecue au jus de figue de barbarie ; 

- Huile de graine de figue de barbarie. 

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