Rencontre. Le SIEL de Najib Refaïf

Médias24 vous propose une lecture du 28e Salon international de l'édition et du livre à travers le regard du journaliste, chroniqueur et auteur marocain, Najib Refaïf.

Rencontre. Le SIEL de Najib Refaïf

Le 10 juin 2023 à 16h48

Modifié 11 juin 2023 à 10h55

Médias24 vous propose une lecture du 28e Salon international de l'édition et du livre à travers le regard du journaliste, chroniqueur et auteur marocain, Najib Refaïf.

Najib Refaif est un grand nom de la presse, des médias (ancien responsable de la production de fictions sur 2M) et plus largement de la scène culturelle marocaine. Grand habitué du SIEL, dont il a été l'un des précurseurs à son lancement, Najib Refaïf a partagé au micro de Médias24 sa perception de l'édition 2023 de ce rendez-vous culturel. Refaïf constate qu'un long chemin a été parcouru depuis le lancement du tout premier Salon international du livre au Maroc. L'ex-directeur de la fiction auprès de la chaîne de télévision 2M estime que la délocalisation du SIEL à Rabat, bien qu'inattendue, a pu faire ses preuves.

Un changement d'abord d'ordre géographique

"Il y a certes eu des changements par rapport aux anciennes éditions. Le SIEL que j'ai connu depuis sa création vers la fin des années 1980 était basé à Casablanca. Le grand changement, qui est d'abord d'ordre géographique, s'est donc opéré l'année dernière avec la délocalisation de l'événement à Rabat, au grand dam des Casablancais", souligne Najib Refaïf.

"La délocalisation nous a surpris au départ et a surtout ébahi les éditeurs installés à Casablanca qui ont été contraints de se déplacer à Rabat".

Il estime toutefois que la version rbatie du Salon est une réussite et a prouvé qu'elle valait le détour.

"Objectivement, il y a une grande différence sur le plan esthétique ainsi que sur le plan de la propreté et de l'hygiène. À Casablanca, c'était un peu difficile pour des raisons que nous connaissons tous : vétusté des lieux, difficulté de stationnement, pollution... Le SIEL de Rabat, presque à ciel ouvert, est agréablement décoré. L'espace est beaucoup plus cohérent. On ne se perd pas. C'est bien indiqué. La signalétique est intéressante", observe l'auteur qui vient de signer son récit Petites mythologies marocaines, lors de la 28e édition.

"Les gens désireux de lire se déplacent"

"La première édition du SIEL à Rabat a réalisé un chiffre d'affaires intéressant. Certains disent même qu'il était plus intéressant que ceux réalisés lors des éditions casablancaises. Si le Salon de Rabat n'avait pas bien marché, s'il avait dénaturé l'âme du SIEL, on aurait pu peut-être se dire que c'était une erreur d'avoir délocalisé ce rendez-vous culturel et, par conséquent, envisager de le relocaliser à Casablanca. Mais si tout le monde se félicite des éditions de Rabat, c'est que la délocalisation a fait ses preuves", juge Najib Refaïf.

Selon lui, "le livre se mérite". Et d'ajouter : "Il faut se donner les moyens de venir. Les gens qui ont envie de lire se déplacent."

L'édition, un secteur en plein essor au Maroc

Le changement qu'a connu le SIEL n'est pas uniquement d'ordre géographique, précise Najib Refaïf.

"La chaîne du livre (lecteur, auteur, éditeur, distributeur) a également évolué au cours des trente ans d'existence du Salon. Au départ, il y avait beaucoup plus de libraires que d'éditeurs. La chaîne du livre fait que l'évolution du Salon a coïncidé avec l'évolution du secteur de l'édition", poursuit-il.

"L'évolution de ce secteur est manifeste. Nous comptons pas moins de 15 maisons d'édition structurées qui sont performantes aujourd'hui au Maroc."

Des catalogues de livres de plus en plus volumineux 

"En observant les catalogues de livres exposés lors de l'édition en cours du Salon, nous ne pouvons que constater que ces premiers prennent du volume", répond le journaliste à la question : "Quelle réalité et avenir pour le livre au Maroc ?"

"Est-ce que les gens vont encore lire sur papier ? Je trouve que c'est une question dépassée. Cela fait des années que l'on dit que le livre va disparaître alors qu'il n'en est rien. On ne cesse d'ailleurs de répéter que les gens ne lisent plus. Si cela était le cas, nous nous serions pas là (au Salon, ndlr)", note le chroniqueur.

"Les gens qui lisent, qui ont lu ou qui ont envie de lire, liront toujours. On ne peut que comparer avec ce qui se passe ailleurs. Si on prend l'exemple des Etats-Unis, le livre marche encore là-bas. C'est vrai que de plus en plus de librairies ferment, sauf que la vente des livres persiste par d'autres canaux", insiste notre interlocuteur.

Livre et IA ?

Nous avons également demandé à Najib Refaïf s'il pensait que l'essor de l'intelligence artificielle allait bouleverser le monde du livre.

"Si nous parvenons aujourd'hui à générer des e-mails grâce à l'IA, nous pourrons potentiellement nous en servir demain pour générer même des livres. Cela ne m'étonnerait pas. Est-ce que j'adhérerai à ce concept ? Personnellement non, puisque je sais que c'est du fake, que c'est artificiel", juge l'auteur.

"Il est vrai que la machine a un certain nombre de vertus. Bien sûr qu'elle va accomplir un certain nombre de tâches, ce qui est déjà le cas dans la communication, dans la publicité, dans les choses répétitives. Nonobstant, la création authentique a besoin d'âme. Je ne pense pas que la machine soit capable de remplacer Zola, Baudelaire ou un grand poète comme Al-Mutanabbi", conclut Najib Refaïf.

Carte de presse N°78, le livre à ne pas rater de Najib Refaïf

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