Le cas Rachid M’Barki : une nouvelle affaire qui suscite surtout des interrogations

À ce stade, et en tenant compte des éléments rendus publics, l’affaire Rachid M’Barki, ce journaliste français d’origine marocaine, ne ressemble en rien à une affaire de presse. Round-up.

Le cas Rachid M’Barki : une nouvelle affaire qui suscite surtout des interrogations

Le 6 février 2023 à 18h42

Modifié le 7 février 2023 à 10h29

À ce stade, et en tenant compte des éléments rendus publics, l’affaire Rachid M’Barki, ce journaliste français d’origine marocaine, ne ressemble en rien à une affaire de presse. Round-up.

Dans un climat déjà délétère entre le Maroc et la France, une nouvelle affaire met aux prises un présentateur franco-marocain du journal de la nuit de BFM TV et sa direction, qui le soupçonne d’avoir diffusé des contenus "non validés" et, in fine, de faire la promotion de son pays d’origine.

Qui est à l’origine de la découverte d’une éventuelle manipulation par Rachid M’Barki ?

Rendues publiques le 2 février par le média Politico, les accusations contre le journaliste, suspendu depuis la mi-janvier, découlent d’"informations communiquées à BFM TV" selon lesquelles Rachid M’Barki a "participé à une ou plusieurs opérations d’influence dont l’origine n’a pas été officiellement identifiée", selon des sources internes citées par Politico.

Fuite organisée ou travail journalistique ?

On ne sait pas pour le moment si l’article de Politico entre dans la première ou la seconde catégorie. Ce que l’on sait, c’est qu’il suscite surtout des questions.

La première concerne le timing : le journaliste a été informé mi-janvier mais l’information a été rendue publique le 2 février, jour de la tenue de la Réunion de haut niveau maroco-espagnole à Rabat.

La seconde question découle du fait que la base de l’affaire, ce sont des informations "communiquées à BFM TV".

Communiquées par qui ?

En tous les cas, le traitement de cette affaire par les médias français ainsi que par la direction de BFM TV n’est pas anodin.

Il ne correspond pas à une situation de violation ou de non-respect des règles de validation interne.

C’est comme s’il s’agissait d’une affaire qui dépasse le média, sa direction et son propriétaire, Patrick Drahi.

Il s’agit en effet, et plusieurs médias nous l’ont rappelé, d’une suspicion d’ingérence.

Voyons alors si cette piste tient la route, au vu des seuls éléments disponibles à ce stade.

Ce qui est reproché à Rachid M’Barki, c’est la phrase suivante prononcée lors d’un journal diffusé en juin 2022 : "Les relations maroco-espagnoles se sont réchauffées après la reconnaissance du Sahara marocain par l’Espagne."

Journalistiquement parlant, c’est une information, pas une opinion.

Qu’aurait-il pu dire d’autre ?

Après la reconnaissance du "Sahara occidental" n’aurait pas eu le même sens.

En mars 2022, le gouvernement espagnol a bien reconnu la marocanité du Sahara, donc le Sahara marocain.

Exiger une validation pour un fait avéré, une information indiscutable, c’est instaurer une censure préalable au sein d’un média.

Voyons maintenant "à qui profite le crime", si crime il y a, et à la lumière seulement des données disponibles jusqu’à présent.

Quel intérêt aurait eu le Maroc à exercer une forme d’influence, payante ou pas, pour obtenir une phrase diffusée après minuit, et qui est un copier-coller de milliers de dépêches d’informations de par le monde ?

De son côté, Rachid M’Barki, qui n’a pas souhaité s’exprimer dans nos colonnes, avait expliqué précédemment au site Politico "avoir utilisé des infos qui venaient d’informateurs qui n’ont pas forcément suivi le cursus habituel de la rédaction (…) qui étaient toutes réelles et vérifiées".

S'il s'agissait seulement de cela, le traitement de l’affaire par la direction de BFM TV aurait été purement journalistique et le patron de la chaîne, Marc-Olivier Fogiel, aurait eu un comportement différent.

Une "fuite" détectée huit mois après les faits reprochés

De plus, si la chaîne a reconnu avoir eu vent de l’affaire à la mi-janvier, dans ce cas, pourquoi sa direction a-t-elle préféré attendre la date du jeudi 2 février pour faire fuiter dans la presse la suspension du présentateur, effective depuis plus de deux semaines ?

Si les soupçons de manipulation, voire de corruption, d’un journaliste pour vendre la cause nationale du Maroc lors d’un journal télévisé datant de juin 2022 étaient réellement avérés, pourquoi avoir attendu huit mois pour limiter les dégâts et le licencier sans préavis ?

En pleine période de froid politique entre la France et le Maroc, ce timing ne peut qu’interpeler les observateurs, sachant que par un bienheureux hasard, la date de la fuite correspond à celle de la tenue de la Réunion de haut niveau entre les deux chefs du gouvernement du Maroc et d’Espagne.

Entre l’apparition de nouveaux axes Paris-Alger et Rabat-Madrid, une concurrence qui ne dit pas son nom pourrait expliquer le timing de cette nouvelle affaire, qui éloigne encore plus l’hypothèse d’une visite au Maroc du président Emmanuel Macron, annoncée par l'intéressé au premier trimestre 2023.

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