CHAN 2023 : “Alger a voulu montrer que les tensions avec le Maroc restaient vives” (E. Dupuy)

Le politologue Emmanuel Dupuy analyse les ressorts de l’instrumentalisation politique, par les autorités algériennes, d’un événement sportif censé rassembler les peuples.

La cérémonie d’ouverture du Championnat d’Afrique des Nations de football s’est tenue vendredi 13 janvier 2022 au stade Nelson Mandela d’Alger.

CHAN 2023 : “Alger a voulu montrer que les tensions avec le Maroc restaient vives” (E. Dupuy)

Le 16 janvier 2023 à 17h41

Modifié le 16 janvier 2023 à 19h40

Le politologue Emmanuel Dupuy analyse les ressorts de l’instrumentalisation politique, par les autorités algériennes, d’un événement sportif censé rassembler les peuples.

Fallait-il s’attendre aux dérapages ayant entaché la cérémonie d’ouverture du Championnat d’Afrique des Nations de football (CHAN), qui s’est tenue le vendredi 13 janvier au stade Nelson Mandela d’Alger, à l’image du violent discours anti-marocain du petit-fils de l’ancien leader sud-africain, qui a appelé aux armes contre "un pays colonisateur", ou celui, raciste, des supporters algériens ?

A cette question, le politologue Emmanuel Dupuy a opposé le fait que Zwelivelile Mandela n’était qu’un des nombreux petits-fils du défunt président et qu’il n’avait pas vocation à s’exprimer au nom du président Cyril Ramaphosa, ni à être le porte-parole de son pays qui n’était pas représenté à cette cérémonie.

"La déclaration du petit-fils de Mandela ne doit pas être prise au sérieux"

"Depuis 1962, la proximité politique du Congrès national africain avec le Front de libération nationale a toujours été une constante historique ; il n’y a donc rien de surprenant dans cette déclaration. Cependant, il ne faut surtout pas surestimer sa prise de parole même si elle appelle à un soulèvement contre le Maroc, sachant qu’elle s’inscrit dans une position minoritaire par rapport à celle de la majorité des pays africains qui ne reconnaissent pas la Rasd", explique Emmanuel Dupuy. Il déplore ainsi la tournure politique prise par le CHAN dans un contexte post-Coupe du monde où tout le continent africain a soutenu la performance historique du Maroc.

"Cour de récréation"

Selon le politologue, cette politisation sonnerait faux face à "l’exemplarité de la quatrième place mondiale des Lions de l’Atlas, qui aurait dû mettre à l’abri de telles scories politiciennes ou politicardes", d’autant que les présidents de la Fédération internationale de football association (FIFA) et de la Confédération africaine de football (CAF) se sont désolés de l’ultra-politisation des autorités algériennes.

"Malgré la volonté délibérée de l’Algérie de ne pas faire concourir le Maroc au CHAN, cette instrumentalisation s’inscrit dans un combat de cour de récréation qui n’a de sens ni sur le fond ni sur la forme, et qui confirme surtout la déconnection totale de la réalité des autorités algériennes, qui ont voulu profiter de la tenue du CHAN pour politiser l’inauguration du stade Mandela", avance Emmanuel Dupuy.

Selon lui, cet événement sportif a constitué "une opportunité, voire une aubaine pour les autorités algériennes, qui ont ainsi voulu montrer que les tensions avec le Maroc restaient vives".

"Une défiance mesquine"

Le politologue n’exclut pas des conséquences négatives pour l’Algérie après le lancement d’une enquête de la CAF. Il estime néanmoins que les admonestations internationales n’auront pas le moindre effet sur un gouvernement algérien qui assume pleinement son animosité à l’égard du Maroc.

"Dans un contexte normal, ils devraient s’excuser, mais ils ne sont pas dans cette logique. Cette instrumentalisation, qui va à l’encontre du sens de l’histoire, est un acte de défiance assez mesquin", juge Emmanuel Dupuy. Il ne s’étonne pas des insultes racistes anti-marocaines proférées par des milliers de supporters algériens, sans que leurs services de sécurité n’aient daigné y mettre un terme.

"Une voie ouverte à tous les dérapages"

Alors que nombre d’observateurs se sont posés la question de savoir si les chants racistes avaient été téléguidés par le pouvoir algérien, notre interlocuteur refuse de croire à cette hypothèse. "En effet, de telles manifestations sont malheureusement courantes chez les supporters du monde entier", rappelle-t-il.

Au risque de les voir se retirer, de tels événements auraient-ils pu avoir lieu en présence des Lionceaux et d’une délégation officielle du Maroc au CHAN ?

Pour Emmanuel Dupuy, en pareil cas, les autorités algériennes se seraient certainement abstenues, car elles n’auraient pas eu intérêt à provoquer un tel esclandre devant les caméras de la presse africaine et internationale.

"A l’image de ce qui s’est produit lors du Sommet de la Ligue arabe, le contexte d’ultra-politisation par l’Algérie des tensions avec son voisin ne pouvait absolument pas aboutir à la présence, au stade Mandela, d’une délégation officielle du Maroc aux côtés des dirigeants algériens, qui en ont profité", conclut le politologue.

D’après lui, ces événements ne représentent pas une nouvelle escalade, mais plutôt une volonté assumée d’Alger de ne pas améliorer les relations bilatérales avec le Maroc.

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