Latifa Akharbach, présidente de la HACA, ex-diplomate, ex-directrice générale de l'ISIC (l'institut public marocain qui forme des journalistes et communicateurs), était certainement l'une des personnalités les mieux indiquées pour intervenir sur le thème "Impact de la crise du covid sur les médias".

Mme Akharbach a rappelé le contexte de survenue de la pandémie: des médias et une presse déjà précarisés au niveau de leur modèle économique, en raison d'une transition digitale qui a permis aux plateformes internationales (les GAFA, notamment Facebook et Google) d'aspirer littéralement le marché publicitaire de la presse et des médias traditionnels.

« La précarisation croissante de la presse engendre des risques pour la souveraineté informationnelle et culturelle des pays africains », rappelle-t-elle.

« La crise du covid 19 a touché de plein fouets les médias classiques -radio, télévision et presse écrite- dont les modèles économiques étaient déjà ébranlés et affaiblis par la transformation numérique de la communication ». « Cette précarisation croissante de la presse a-t-elle estimé, pose des problèmes démocratiques et engendre des risques pour la souveraineté informationnelle et culturelle des pays notamment sur le continent africain ».

Exposant la perspective du régulateur concernant le traitement médiatique global de la crise pandémique du covid 19, Mme Akharbach a relevé notamment le phénomène de la banalisation des pratiques de désinformation: « Aucun pays au monde n’a échappé aux désordres de l’information. La crise pandémique a été marquée par une infodémie massive et globale ».

De véritables politiques publiques pérennes devraient donc, dans le respect des libertés, être dédiées à la lutte contre la désinformation a argumenté Mme Akharbach car « la pénétration de la désinformation et des théories du complot au sein des sociétés antagonise les relations entre individus et entre groupes mais aussi entre les individus et les institutions. Elle contribue à une polarisation de la société et à la mise en péril du vivre ensemble au niveau local et international, » a poursuivi Mme Akharbach qui a également noté que pendant la pandémie, « les médias ont servi d’arène dans laquelle des guerres informationnelles géostratégiques ont été livrées à travers par exemple la compétition commerciale entre des laboratoires».

Concernant le rôle des médias dans la solidarité internationale en période de crise, la présidente de la HACA a regretté que « malgré la dimension globale de la pandémie et de la crise multiforme qu’elle a engendrée, les médias puissants et mainstream n’ont pas déployé d’efforts significatifs pour mettre en exergue l’interdépendance des solutions et des situations humaines. Le focus a bien été mis sur le caractère global de la propagation du virus mais les dimensions économique et humaine de cette interdépendance ont été sous-visibilisées ».

La présidente de la HACA a conclu son propos en formant le vœu que les médias africains puissent se renforcer et apporter, dans le monde post-covid, leur contribution à la compréhension du monde et à la promotion de la solidarité humaine ».