Énergie. “Les acteurs marocains ont une vue très claire sur leurs priorités” (Dominique Ristori)

Signature du partenariat vert Maroc-UE, augmentation du prix du pétrole brut par l'OPEP, les stratégies africaines à prioriser... Dominique Ristori, ex-directeur général pour l'énergie à la Commission européenne, analyse les sujets chauds en matière d'énergie.

Énergie. “Les acteurs marocains ont une vue très claire sur leurs priorités” (Dominique Ristori)

Le 23 octobre 2022 à 11h32

Modifié 23 octobre 2022 à 11h32

Signature du partenariat vert Maroc-UE, augmentation du prix du pétrole brut par l'OPEP, les stratégies africaines à prioriser... Dominique Ristori, ex-directeur général pour l'énergie à la Commission européenne, analyse les sujets chauds en matière d'énergie.

En marge du Choiseul Africa Business Forum tenu ce jeudi 20 octobre à Casablanca, Médias24 s'entretient avec Dominique Ristori, ex-directeur général pour l'énergie à la Commission européenne.

Cet expert analyse les sujets chauds en matière d'énergie, allant de la signature récente du partenariat vert entre le Maroc et l'UE à la décision de l'OPEP d'augmenter le prix du pétrole brut, en passant par les stratégies à prioriser, par l'Afrique, en matière d'investissement dans le domaine de l'énergie.

Médias24 : Le Maroc et l’Union européenne ont récemment signé le partenariat vert. Selon vous, quels seront ses apports pour les deux parties ?

Dominique Ristori : Il s’agit du premier partenariat de ce type signé entre l’Union européenne et un pays africain. Le Maroc est donc le premier, et cela est essentiellement dû à l’excellence des relations entre le Maroc et l’Union européenne, qui est le premier partenaire commercial du Maroc puisque 50% de son commerce se fait avec l’UE. Celle-ci représente à peu près 70% des investissements étrangers directs au Maroc.

Et le Maroc se distingue aussi par la qualité de son approche réglementaire. Je mesure la qualité des acteurs qui ont une vue très claire sur leurs priorités. Ce type de partenariat vise à un saut qualitatif dans notre coopération, c’est-à-dire décliner avec force nos priorités communes, notamment autour de la transition énergétique, de la lutte contre le changement climatique, de l'environnement, etc. Tout ceci représente des priorités majeures des deux côtés, et nous devons nous aider mutuellement pour que les chemins empruntés soient des chemins complémentaires allant dans la meilleure des directions.

Le Maroc est aussi le premier membre africain de l’Agence internationale de l’énergie, donc il n’y a pas de surprise. Tout ceci est le fruit d’un travail engagé déjà depuis plusieurs années, mais qui donne au Maroc des atouts importants pour concilier le développement économique et le changement climatique.

En Europe, notre expérience, c’est que nous avons découplé la croissance et la baisse des émissions. Dans les dernières années, nous avons baissé les émissions de plus de 24% et nous avons développé notre PIB de plus de 50%. Ceci est parfaitement possible. C’est dans cette direction qu’il faut aller ensemble.

- L’Afrique a de nombreux défis à relever, notamment en matière d’énergie. Comment tirer profit des ressources du continent ? Et quelles sont les stratégies à prioriser en matière d’investissement ?

- En matière d’investissement, il faut donner une priorité absolue aux énergies vertes. C’est-à-dire d’abord aux énergies renouvelables, qu’elles soient éoliennes, solaires ou hydrauliques. Et, en même temps, le continent africain recèle beaucoup de minéraux, y compris de terres rares. Ce qui est très important pour les batteries. Par exemple, si on veut faire de la mobilité électrique, il faut avoir accès à ce type de ressources.

Il faut donc conjuguer cela avec une qualité de cadre réglementaire, parce que ça donne confiance aux investisseurs pour aller dans une direction qui sera profitable sur tous les plans : celui de la lutte contre le changement climatique, mais aussi sur le plan de la croissance économique avec tous les bienfaits sociaux qui s’y attachent.

L’énergie n’est pas un secteur comme les autres. Ce n’est pas seulement important pour nos économies et nos industries, c’est essentiel pour chaque individu. Sans énergie, on ne fait pas fonctionner les hôpitaux, on ne voyage pas, il n’y a plus aucun bateau qui navigue. Donc nous avons à accorder une attention particulière à tout cela, et si nous le faisons, cela donnera confiance aux intérêts économiques et les investissements seront à la clé, dans la bonne direction : celle de la compatibilité entre la croissance et la lutte contre le changement climatique.

- Quelles sont les conséquences pour l’Afrique de la récente décision de l’alliance OPEP visant à réduire la production du pétrole brut ?

- L’OPEP, qui représente une quinzaine de pays, a été suivie par une dizaine d’autres autour de la Russie. Ils ont pris cette décision car ils souhaitent maintenir des prix de pétrole relativement hauts, plutôt autour de 80 ou de 90, que moins. Et donc, les pays importateurs d’Afrique vont payer plus cher.

Là aussi il faut trouver les moyens du dialogue et une voie qui ne pénalise pas certains pays et qui accepte que le pétrole soit un marché ouvert et équilibré. Personne n’a intérêt à ce que les pays producteurs ne disposent pas des ressources qui leur reviennent en fonction de la vente de leur énergie, mais encore faut-il qu’on ne passe pas dans une situation où il y aurait des fixations de prix qui seraient trop orientées dans la hausse.

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