Les raisons de la grève des distributeurs de bonbonnes de gaz

Les distributeurs de bonbonnes de gaz observeront une grève de 48 heures, les 29 et 30 juin, pour protester contre la flambée des prix, en particulier ceux du carburant.

Les raisons de la grève des distributeurs de bonbonnes de gaz

Le 23 juin 2022 à 17h19

Modifié 23 juin 2022 à 17h54

Les distributeurs de bonbonnes de gaz observeront une grève de 48 heures, les 29 et 30 juin, pour protester contre la flambée des prix, en particulier ceux du carburant.

L’annonce a été faite par l’Association professionnelle des dépositaires grossistes en gaz liquéfié dans un communiqué (fac-similé ci-dessous), à l’issue d’une réunion tenue le week-end dernier avec ses différents représentants au niveau national.

"Lors d’une réunion des présidents régionaux de l’association, il a été procédé à l'examen de la situation des professionnels. Ceux-ci risquent la faillite en l’absence de solutions aux problèmes que rencontre le secteur", lit-on sur le communiqué.

Avant de décider de mener cette grève, "l’association a contacté l’ensemble des parties concernées, mais aucune solution immédiate n’a été proposée".

"Ainsi, après de longues discussions avec les acteurs du secteur, nous avons constaté qu’il devenait impossible de maintenir la distribution des bonbonnes de gaz de manière normale. Nous avons donc décidé de la suspendre les 29 et 30 juin prochain", ajoute l’association, notant que ce délai pouvait être prolongé.

Rappelons que cette association représente plus de 600 distributeurs au niveau national.

La hausse du prix du carburant, principale cause de la grève

Contacté par Médias24, Mohamed Benjelloun, président de l’Association professionnelle des dépositaires grossistes en gaz liquéfié, énumère les causes de cette grève.

Il s’agit en fait d’une succession d’évènements qui affectent le secteur depuis quelques mois. "Tout d’abord, il y a eu la crise du Covid. La consommation a beaucoup baissé, puisque de nombreux établissements avaient fermé leurs portes pendant plusieurs mois, notamment les restaurants et cafés. Par conséquent, les ventes avaient baissé", rappelle le président de l'association.

"Pour pouvoir poursuivre leur activité, nombreux sont les distributeurs ayant contracté des crédits, tels que les crédits Relance ou Oxygène. Lorsque la situation épidémiologique s’est améliorée, l’activité a repris. Soudainement intervient la guerre Ukraine-Russie, qui touche de plein fouet le secteur du gaz. La matière première se fait de plus en plus rare, et les transporteurs aussi. L’activité est de nouveau en baisse, et les prix ont flambé, notamment ceux du carburant, des pneus, des pare-brise et de l’huile… Au mois de février, le gazoil a commencé à augmenter à raison de deux fois par mois, et les hausses sont considérables, entre 50 et 60 centimes. Vers la fin du mois courant (juin, ndlr), nous arriverons probablement à 16 DH/l", poursuit Mohamed Benjelloun.

"La raison principale de cette grève reste ainsi la hausse du prix du carburant. Avant 2016, le prix du litre de gazoil était de 7 DH environ. Depuis sa libéralisation, son prix ne cesse d’augmenter", alors que la marge des distributeurs reste presque inchangée, puisque le prix de la bouteille de gaz est fixé par le gouvernement.

"Nous pouvons peut-être garder un pneu endommagé pendant quinze ou vingt jours supplémentaires par exemple, mais on ne peut pas se passer de carburant. Nous n’arrivons plus à payer nos fournisseurs, notamment les stations de carburant, et ces derniers sont de plus en plus nombreux à refuser de nous en fournir."

Plus de 450.000 bouteilles de gaz distribuées par jour au niveau national

Interpellé sur l’impact de cette grève, notre interlocuteur nous confie le dilemme des professionnels du secteur : "Notre but n'a jamais été de porter atteinte au citoyen, sauf que là nous n’avons plus de solutions."

"Le nombre de bonbonnes de gaz distribuées par jour est variable et dépend de plusieurs facteurs, notamment la sécheresse et l’économie. Lorsque la conjoncture est favorable, la consommation est en hausse et vice versa."

"Le Maroc consomme annuellement entre 2 et 2,4 millions de tonnes de gaz. Chaque tonne est l’équivalent de 83 bouteilles de gaz", nous fait savoir Mohamed Benjelloun. Si l’on fait un simple calcul, le Maroc consomme entre 166 et 199 millions bouteilles de gaz par an, soit entre 454.000 et 546.000 par jour.

La fixation du prix de la bouteille de gaz à l’origine du problème ?

"Nous avons tenu des rencontres avec notre ministère de tutelle. La dernière en date a eu lieu le 28 avril avec la nouvelle ministre. Nous avons eu des promesses, mais il faut dire que le ministère n’a pas de solutions miracles. Il s'agit d'une conjoncture internationale", reconnaît le président de l'association. "Si le prix de la bouteille de gaz n’était pas fixe, on aurait pu augmenter son coût de 1 ou 2 DH, et le problème aurait été résolu."

"Par ailleurs, une des solutions qui peuvent venir en aide au secteur est la subvention octroyée par le ministère du Transport aux professionnels, dont très peu de transporteurs du secteur ont profité. Pour avoir cette subvention, un transporteur doit  disposer d’un agrément de transport pour autrui, et non d'un agrément de transport pour compte propre."

"Par ailleurs, ce n’est pas la première fois que nous décidons de mener une grève. Il s’agit de la troisième ou la quatrième fois. Et généralement, nos grèves sont programmées au milieu de la semaine, les mardi-mercredi ou mercredi-jeudi. Elles n'ont jamais lieu les lundi et mardi pour éviter de paralyser la distribution pendant quatre jours d'affilée, le week-end compris", précise Mohamed Benjelloun.

"Nos dépôts restent toutefois ouverts aux citoyens. Nous disposons d'environ 450 dépôts au niveau national, qui se trouvent à l'extérieur des villes, ce qui coûtera beaucoup d'argent aux consommateurs désirant se procurer une bouteille de gaz par leurs propres moyens à partir des dépôts", conclut notre interlocuteur.

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