Voici comment les marchés africains peuvent devenir un levier de développement économique
« Les places financières africaines entre ambitions et réalités ». Tel est le sujet qui a été débattu lors d’une table ronde faisant partie de l’Africa Capital Markets Forum (ACMF) 2022, qui se tient les 12 et 13 mai à Casablanca, autour des approches qui permettront de consolider le rôle des marchés dans un contexte de relance, des enjeux liés à l’attractivité, à la profondeur et à la liquidité des marchés ainsi que la nécessité de favoriser le rapprochement des marchés régionaux.
La problématique soulignée lors de cette table ronde relève que : « Les marchés de capitaux peuvent constituer un véritable levier de développement et de prospérité économique. Hors en Afrique et malgré les efforts fournis et les réformes, engagées, leur apport n’est pas à la hauteur des ambitions. Changer de paradigmes, mobiliser tous les acteurs autour d’une même vision et explorer de nouvelles approches sont des conditions sinequanon pour renforcer le rôle catalyseur des marchés de capitaux ».
Les marchés des capitaux africains semblent connaitre un gap entre les ambitions et la réalité. Un manque de dynamisme en comparaison avec les années précédentes est également soulevé.
Prenant part à cette table ronde, Tarik Senhaji, Directeur Général de la Bourse de Casablanca, analyse l’évolution des marchés africains. « Il y a eu des périodes où plusieurs bourses en Afrique étaient très dynamique et très pertinente pour l’économie. Je donne l’exemple de la bourse de Casablanca qui était entre 2003 et 2008 en plein centre du développement économique ».
Cette dynamique a changé. Le développement des marchés africains nécessite la combinaison de plusieurs éléments, comme l’explique le DG de la bourse de Casablanca : « Il faut qu’il ait une connexion de plusieurs éléments en même temps. Le marché des capitaux est avant tout la désintermédiation. Et celle-ci porte sur la confiance et la liquidité ».
Et d’ajouter : « Pour les bourses et les marchés des capitaux en général, il faut qu’il y ait une conjonction de plusieurs d’entités qui travaillent d’une manière efficience dans la même direction pour donner confiance aux investisseurs. C’est possible de le réaliser. Cela a déjà été démontré dans le passé. Aujourd’hui, nous avons un contexte marqué par un besoin de financement au niveau de l’Afrique qui est beaucoup plus important que d’habitude ».
Quels sont les axes à prioriser afin de transformer les marchés des capitaux en véritables leviers pour développer les économies africaines ?
Nasser Seddiqi, Directeur chez l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC), trouve qu’il faut prioriser trois axes.
« Le premier est un axe stratégique. Il faut passer d’abord par la réalisation de diagnostic, l’identification des mesures et la communication autour de la vision qui va découler de cette approche stratégique et des engagements qui vont être pris par les acteurs qui vont la soutenir ».
Ce plan stratégique porte sur 4 sous axes. Le premier consiste en la favorisation des financements des entreprises. Le deuxième porte sur la mise en place un cadre de régulation propice à l’innovation. Le troisième sous axe porte sur la modernisation de l’autorité à travers une approche de la transformation digitale. S’ajoute à cela un sous axe de renforcement et de mobilisation de l’écosystème.
Le deuxième axe concerne la réglementation. « Il faut une réglementation qui soit adaptée aux besoins des opérateurs. Elle doit également rendre au marché des capitaux son rôle principal qui est le financement de l’économie réelle. Dans ce cadre-là, il faut changer un petit peu d’approche en matière de développement réglementaire. Il faut aussi que le temps des processus réglementaire s’aligne sur le temps du marché afin de pouvoir répondre aux besoins des opérateurs au moment opportun », estime-t-il.
Le troisième axe porte sur la mobilisation de l’écosystème « la mobilisation de l’écosystème est aussi extrêmement importante », ajoute-t-il.
Voici la retransmission Live de cette table ronde :