Covoiturage : Pip Pip Yalah prépare son lancement en Tunisie et en Égypte

Pip Pip Yalah est la première start-up à se lancer dans le covoiturage longue distance au Maroc. Alors que son activité tourne au ralenti suite aux répercussions de la crise sanitaire, Pip Pip Yalah compte booster sa croissance sous d’autres cieux : la Tunisie et l’Égypte.

Covoiturage : Pip Pip Yalah prépare son lancement en Tunisie et en Égypte

Le 24 décembre 2021 à 9h58

Modifié 24 décembre 2021 à 9h58

Pip Pip Yalah est la première start-up à se lancer dans le covoiturage longue distance au Maroc. Alors que son activité tourne au ralenti suite aux répercussions de la crise sanitaire, Pip Pip Yalah compte booster sa croissance sous d’autres cieux : la Tunisie et l’Égypte.

Alors que le covoiturage peine encore à s'imposer dans la routine des Marocains, d’autres pays font évoluer leurs politiques face aux enjeux climatiques et environnementaux, car le covoiturage et la mobilité partagée réduisent de façon significative l’empreinte carbone et s’érigent parmi les solutions phares de mobilité durable.

Au Maroc, Pip Pip Yalah a l'avantage d'être le premier arrivé sur le marché marocain du covoiturage longue distance. Le concept est le suivant : mettre en relation, de façon simple et rapide, un conducteur réalisant un trajet longue distance avec des passagers, ce qui permet de partager et donc de réduire les coûts du voyage. En ligne depuis 2018, l’application est utilisable depuis un mobile. Elle rassemble aujourd’hui une communauté de plus de 400.000 membres et publie plus de 1.000 trajets à travers tout le pays.

Fin 2020, la start-up a orchestré une refonte de son modèle d’affaire et migre désormais de la gratuité vers un modèle basé sur la commission hybride : elle récupère 10 à 15% du prix auprès du conducteur et de 0 à 5% auprès du passager. Les usagers peuvent réserver leur siège par carte bancaire ou payer en liquide.

"Pour ces derniers, le conducteur est responsabilisé sur la collecte de leurs commissions, que nous déduisons ensuite de leurs portefeuilles respectifs, directement dans l’application. Le recouvrement de ce solde négatif se fait donc uniquement auprès des conducteurs ; ils ont le choix de le régulariser par carte bancaire, par le biais d’un autre utilisateur payant par carte bancaire lors d’un prochain covoiturage, et depuis tout récemment en cash sur l’ensemble du réseau Tasshilat", détaille Otman Harrak, co-fondateur de la start-up, à Médias24, pour expliquer leur politique de prix.

En 2020, la jeune pousse boucle doublement le montant d’un million de dirhams : le premier ticket en pré-seed auprès d’un partenaire pétrolier marocain et le second auprès du business angel Ilan Benhaim. Ce qui lui a permis d’optimiser l’expérience utilisateur, de renforcer son infrastructure technologique et de préparer son expansion en Afrique. La start-up entend élargir sa communauté et booster sa croissance dans la région MENA, et se lance dans un premier temps en Afrique du Nord.

Elle a des perspectives de croissance au sein de l’énorme marché égyptien, constitué d’une population jeune et très connectée, et du marché tunisien, l’un des écosystèmes les plus actifs de l’innovation en Afrique.

"Nous sommes également en train de développer une innovation majeure dans l’univers du covoiturage, qui renforcera encore plus la confiance et la sécurité pour la phase post-Covid", tient à souligner Otman Harrak.

À l’origine de Pip Pip Yalah, un groupe Facebook

Le concept a pointé le bout de son nez en 2013, alors que Hicham Zouaoui, cofondateur de la start-up, était encore étudiant à l’Université Ibn Tofail de Kénitra. Après avoir d’abord convaincu son cercle d’amis qui souhaitaient partager leur véhicule, principalement par du bouche-à-oreille, il décide de créer une page Facebook le temps de constituer une masse critique d’utilisateurs. "Le conducteur postait alors son offre sur le groupe et les passagers potentiels manifestaient leur intérêt dans la section commentaire ou par message privé", précise-t-il.

À une époque où le covoiturage était alors méconnu du grand public et sans concurrence, "le réseau social nous a permis de tester gratuitement et de manière naturelle le market fit du concept", se rappelle Hicham Zouaoui, qui affirme que la communauté digitale a permis de construire une culture d’adhésion associée à la marque, avant même de lancer l’application.

Et de poursuivre : "au fur et à mesure que la communauté s’étoffait, il devenait compliqué de gérer les requêtes et d’optimiser l’expérience utilisateur. Nous avons donc fait appel aux membres les plus actifs pour lister les différentes problématiques ou besoins latents liés à l’usage d’une page Facebook".

Difficulté à consulter les offres, inexistence d’un système de notation, volonté de certains de covoiturer avec des membres du même genre… Autant de retours clients qui leur ont permis de concevoir une application qui soit la plus satisfaisante possible.

Le projet prend corps en 2018, lorsque les deux cofondateurs, de vieux amis, allient leurs expériences entre le conseil et le digital pour lancer Pip Pip Yalah. "Nous avons embarqué dans le développement pendant six mois pour lancer la première version de l’application", affirme notre interlocuteur.

La confiance autour du concept du covoiturage étant un must, Pip Pip Yalah s’investit dans une stratégie d’évangélisation directement sur Facebook et Instagtam, en plus de la vérification des profils qui requiert le numéro de téléphone, l’adresse e-mail et courriel et la CIN. "Le profil utilisateur est alors vérifié pour rassurer dans un premier temps les autres utilisateurs. Ensuite, à chaque fin de covoiturage, les membres sont invités à donner un avis public sur la qualité du voyage", conclut-il.

À une époque où les usages et les modes d’organisation s’adaptent à l’ère du digital, le covoiturage apporte une réelle alternative aux moyens de transport traditionnels. Alors que ses lignes bougent timidement au Maroc, des géants du covoiturage longue distance comme Blablacar ou Karos partent à la conquête de l’Afrique.

Pip Pip Yalah, qui dispose du "first mover advantage", au Maroc, sera-t-elle un jour le partenaire local de l’une de ces licornes ?

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