Dr Afif : à ce stade, les scientifiques n'évoquent qu'une 3e dose, pas davantage

Va-t-on multiplier le nombre de doses par individu ? Car après les deux doses, la 3e est devenue obligatoire. Un petit d'horizon rapide avec le Dr Saïd Afif, membre du Comité scientifique et technique de la vaccination anti-Covid.

Dr Afif : à ce stade, les scientifiques n'évoquent qu'une 3e dose, pas davantage

Le 25 octobre 2021 à 15h02

Modifié 25 octobre 2021 à 16h36

Va-t-on multiplier le nombre de doses par individu ? Car après les deux doses, la 3e est devenue obligatoire. Un petit d'horizon rapide avec le Dr Saïd Afif, membre du Comité scientifique et technique de la vaccination anti-Covid.

Médias24. En tant que scientifique, considérez-vous l'obligation du pass vaccinal comme une bonne décision ?

Dr Saïd Afif. Ce qui nous intéresse sur le plan scientifique, et qui a été démontré à travers toutes les expériences dans le monde, c’est que pour le coronavirus, il y a deux choses :

- les mesures barrières, le port du masque, la distanciation physique, le lavage des mains, qui vont demeurer jusqu’à la disparition du virus ;

- la vaccination. Elle a démontré à travers le monde qu’elle protège contre les formes graves à plus de 90%.

Il faut savoir que quel que soit l’état du système de santé d’un pays, cette pandémie en a montré les limites. Pourquoi ? parce que même dans les pays avec les meilleurs systèmes de santé, dès lors qu’il y a un flux important, la réanimation subit la saturation.

Au Maroc, nous avons 6.000 lits de réanimation. Mais dès qu’on dépasse une moyenne nationale de 50% de lits occupés par la Covid, nous voyons les premiers signes de saturation dans les grandes villes. Ce fut d’ailleurs le cas au cours de la dernière vague, nous avions atteint 50% d’occupation des lits de réanimation. A 50% du taux national, il faut savoir que, dans les grandes villes comme Casablanca et Marrakech, les capacités de réanimation étaient totalement submergées ou presque.

Quel que soit le niveau médical d'un service de réanimation, il y a en moyenne 30% à 40% de décès, et plus encore pour les cas sévères ou critiques.

Il faut profiter de cette situation où nous sommes aujourd'hui dans le vert pour vacciner le maximum de personnes. En effet, avec le variant Delta, il faut dépasser les 80% de la population cible.

Heureusement, le rythme de vaccination s’est accéléré depuis le 21 octobre. Au cours de la semaine écoulée et malgré les jours fériés, plus d'un million de personnes ont reçu leur dose de vaccin (1re, 2e ou 3e dose). A ce rythme-là, nous pouvons atteindre l’immunité fin novembre. C’est nécessaire, car nous ne savons pas de quoi sera fait demain, surtout avec le sous-variant apparu en Angleterre.

On doit se prémunir, d’autant plus qu’on est à la veille de l’hiver, où il y une flambée de maladies respiratoires et de grippes.

- Vous avez cité l’efficacité de la vaccination ; avez-vous des chiffres marocains concernant le taux de personnes vaccinées atteintes de Covid, admises en réanimation ou décédées ?

- Nous avons demandé ces chiffres à la Direction de l’épidémiologie au ministère de la Santé. A titre d'exemple, on sait qu'au Canada, sur 34 millions de personnes complètement vaccinées, 0,5% ont eu le Covid. Donc, une personne vaccinée sur 200. Dans ce même pays, 0,002% des personnes complètement vaccinées ont atteint le stade de la réanimation.

Je signale toutefois que parmi 20 personnes complètement vaccinées et ayant été contaminées par le virus, 19 éviteront la réanimation. Le vaccin atténue et protège contre la gravité.

- Est-ce qu’il y avait urgence pour instaurer l’obligation immédiate du pass vaccinal. Est-ce qu'il n’était pas préférable d’attendre, de laisser un délai ?

- Je répond en tant que scientifique. Le reste est du ressort de l’État. Je rappelle donc qu’il y a eu des spots de sensibilisation depuis le mois de juin, pour informer et préparer.

Nous sommes aujourd’hui à des niveaux élevés de vaccination : 81,5% pour la première dose et 74% pour la deuxième dose.

- Faut-il se faire vacciner contre la grippe cette année ?

- Absolument. En tant que pédiatre, je peux vous dire que nous n’avons pas observé beaucoup de bronchiolites l’année dernière chez l’enfant. Actuellement, on en voit beaucoup. Si on en voit chez les petits, cela veut dire qu’on en verra aussi chez les adultes et les plus âgés. Cette année, il faut faire attention, il faut se prémunir en se vaccinant contre la grippe, surtout pour les populations vulnérables, c’est-à-dire les gens âgés qui ont des pathologies chroniques ; on peut éventuellement laisser un délai de 2 à 3 semaines entre les deux vaccinations, Covid et grippe.

- Que dit la science concernant la vaccination des enfants de 5 à 11 ans ?

- Après la dernière réunion qui a traité ce sujet au niveau du Comité scientifique et technique de la vaccination, et au vu des différentes études scientifiques, le comité n’a pas donné de recommandation pour la vaccination des enfants de cette tranche d’âge. Cette tranche d’âge n’est pas au programme actuellement.

- A présent que la 3e dose est devenue obligatoire pour le pass vaccinal, est-ce qu’on va s’acheminer vers une 4e, puis une 5e dose, et ainsi de suite ? Quand est-ce que cela va s’arrêter ?

- Aujourd’hui, et cela tous les experts le disent, on parle de 3 doses. On dit que la 3e dose confère jusqu’à, au moins, un an d’immunité valable. Est-ce que ce virus va être saisonnier comme celui de la grippe ? Au jour d’aujourd’hui, personne ne peut le dire.

- Donc, on ignore s’il va devenir endémique, moins virulent ? 

- On ne le sait pas. Ce virus nous a appris l’humilité scientifique et à nous adapter semaine par semaine. Actuellement, il y a un sous-variant mais on attend d’en connaître les caractéristiques.

- Y aurait-il des vaccins plus efficaces ou un nouveau médicament peut-être ?

- Plusieurs études sont en cours, on n’a pas de résultats concrets. Tout ce que l’on sait, c’est que les vaccins utilisés au Maroc offrent une efficacité comparable sur les formes graves.

- Il y a une flambée en Angleterre, malgré des taux de vaccination extrêmement élevés...

- N'oubliez pas qu'ils ont laissé tomber les mesures barrières, masques, distanciation… Lorsqu’on fait ça, il y augmentation des cas, automatiquement.

Mais lorsqu'en Angleterre, nous avons 40.000 ou 50.000 cas quotidiens, le nombre de décès et de malades en réanimation reste faible par rapport à la première vague, en raison de la vaccination. Et l'Angleterre n'a pas assuré la vaccination des jeunes.

En revanche, regardez la Roumanie, la Hongrie ou la Russie, avec une couverture vaccinale de 30%, on a vu les dégâts. Par exemple, la Roumanie demande l’aide de l’Union européenne pour faire face à cette vague.

- Lorsque vous pensez à l’avenir, comment voyez-vous les prochains mois, l'année à venir, les années suivantes ?

- On espère ! Et on doit rendre hommage à nos concitoyens qui prouvent que, lorsqu’on respecte les mesures, le virus ne circule pas beaucoup. On arrive à à éviter les flambées de clusters. Neuf millions d'électeurs le 8 septembre ; puis la rentrée scolaire le 1er octobre, avec 11 millions d’élèves et d'étudiants. Aucun de ces événements n'a créé de cluster à ce jour.

Donc, avec les mesures barrières et un taux vaccinal important, on arrive à s’en sortir. C’est le but recherché par tous les pays. Nous ne pouvons qu’être fiers de notre pays, sous la conduite éclairée de Sa Majesté, car c’est sur son intervention directe que nous avons pu disposer du vaccin en quantité suffisante. Et il nous reste un stock de plusieurs millions de doses.

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