Programme gouvernemental : voici ce qu'en pensent les milieux d'affaires

4% de croissance, 1 million d'emplois, 30% de taux d'activité des femmes, généralisation de la protection sociale, réforme fiscale... Les engagements annoncés par le gouvernement de Aziz Akhannouch, pour son programme quinquennal, semblent faire l'unanimité dans les milieux d'affaires. Reste à préciser les contours du financement de cet ambitieux programme.

Programme gouvernemental : voici ce qu'en pensent les milieux d'affaires

Le 12 octobre 2021 à 19h35

Modifié 12 octobre 2021 à 19h35

4% de croissance, 1 million d'emplois, 30% de taux d'activité des femmes, généralisation de la protection sociale, réforme fiscale... Les engagements annoncés par le gouvernement de Aziz Akhannouch, pour son programme quinquennal, semblent faire l'unanimité dans les milieux d'affaires. Reste à préciser les contours du financement de cet ambitieux programme.

Aziz Akhannouch a pris dix engagements pour son prochain quinquennat à la tête du gouvernement. Le contenu de son programme gouvernemental a été présenté ce lundi 11 octobre devant les deux chambres du Parlement. Le vote de confiance aura lieu ce mercredi 13 octobre. Une quasi-formalité pour la coalition gouvernementale.

Que pensent les milieux d'affaires de ce programme qui prône l'État social de façon assumée et qui ambitionne de porter la croissance à 4 % en créant 1 million d'emplois au cours des cinq prochaines années, entre autres propositions ambitieuses ?

"La CGEM salue le programme ambitieux présenté par le chef du gouvernement au Parlement", répond à chaud Mehdi Tazi, vice-président général du patronat.

Un programme fidèle aux propositions du Nouveau Modèle de développement

"Nous sommes satisfaits de voir que cette feuille de route gouvernementale, qui s’articule autour de trois volets principaux - social, économique et gouvernance -, est en alignement avec les priorités de la CGEM pour établir l’équité sociale, promouvoir la transparence, stimuler la croissance, créer de l’emploi et garantir la souveraineté économique de notre pays", estime-t-il.

"Elle est également en phase avec les orientations royales et les recommandations du rapport sur le Nouveau Modèle de développement (NMD)."

Le même constat est fait par l'industriel Hakim Marrakchi, président de la Commission fiscalité et douane à la CGEM. "Le programme annoncé est dans la ligne droite de ce qui a été proposé dans le rapport du Nouveau Modèle de développement et dans les lois-cadres des réformes de la protection sociale et de la fiscalité", commente-t-il.

"La déclinaison du NMD apportée est à la fois ambitieuse et volontaire. Le style Aziz Akhannouch cadre avec ces qualificatifs. L’inconnue, à notre niveau, est la priorisation des actions pour faire coïncider recettes et engagements financiers",  poursuit Hakim Marrakchi.

Pour l'économiste M'fadel El Halaissi, par ailleurs directeur général à Bank of Africa, "le programme gouvernemental est bon et va dans le sens de ce dont a besoin le Maroc. Les dix engagements annoncés par le nouveau gouvernement sont vitaux en termes de communication et de perception, car ils expriment cette volonté d'aller de l'avant, donnent de la visibilité aux opérateurs et coïncident avec les attentes des citoyens".

"Ce sont des engagements certes ambitieux, mais qui sont tout à fait à la portée du Maroc. Le pays sort d'une crise sanitaire où la demande a été comprimée, permettant un renforcement de l'épargne... qui aura pour effet une reprise de la demande", explique M'fadel El Halaissi. Cela engendrera un cercle économique vertueux qu'il faudra savoir mettre à profit.

"Le gouvernement compte mettre l'accent sur les secteurs de la santé et de l'éducation. Des secteurs qui absorberont une partie de la création d'emplois promise sur le quinquennat et qui généreront un effet multiplicateur. Un emploi créé dans le public génère 3 à 4 emplois dans le privé", poursuit l'économiste.

Le financement, le grand défi du nouvel exécutif

Si la pertinence des propositions du programme gouvernemental et des réformes promises fait l'unanimité, nos différents interlocuteurs soulèvent la question du financement.

"La question du financement de ce programme sera décisive", estime Hakim Marrakchi. Pour ce dernier, "il y a des priorités qui vont s'affirmer d'elles-mêmes et s'imposer. Celles-ci seront servies en premier en termes de financement par les ressources disponibles ou l'endettement. Sur le moyen et long terme, le changement de paradigme espéré et attendu générera des ressources supplémentaires. Le financement du programme gouvernemental est certes un défi, mais n'est pas impossible", ajoute-t-il.

Comment sera financé un programme qui prévoit plusieurs chantiers structurants, tels que la poursuite de la généralisation de la protection sociale, des investissements importants dans les secteurs de la santé et de l’éducation, la réforme des secteurs productifs, la promotion du made in Morocco, la simplification des procédures et le soutien de l’activité économique des femmes... pour ne citer que ces exemples ? A cette question, Mehdi Tazi rétorque que "cela nécessitera un élargissement des recettes de l’État, et donc des contribuables (assiette fiscale). Nous préconisons que cela se fasse à travers une intégration assumée de l’informel".

"La CGEM est mobilisée pour travailler main dans la main avec le gouvernement pour déployer ces chantiers fondamentaux et la mise en œuvre des recommandations du Nouveau Modèle de développement", rappelle le vice-président de la CGEM. Cette semaine, l'institution rendra public un livre blanc, fruit d’une réflexion globale de la Confédération sur les pistes concrètes d’implémentation de ce modèle.

Creuser le déficit budgétaire, une option ?

Pour notre banquier, "le financement ne pose aucun problème de par la trésorerie disponible". "Voyez qu'en pleine pandémie, un appel au don de Sa Majesté a permis de collecter en quelques semaines 35 milliards de DH. Les ressources existent, il faut aller les chercher là où elles sont", plaide M'fadel El Halaissi.

De l'avis de ce dernier, un changement de regard sur certaines charges doit s'opérer. "Le salaire du personnel enseignant ou de santé ne doit plus être vu comme une charge, on peut le considérer comme un investissement. Car comme expliqué (plus haut, ndlr), un emploi public génère 3 à 4 emplois dans le privé. Sur ce salaire public, il y a 20% de TVA qui est récupérée. Le solde du coût de l’investissement dans l’emploi est aisément collecté sur les emplois créés en effets multiplicateurs à travers les taxes et impôts générés. L’emploi dans les secteurs des services publics ne doit plus être regardé comme une charge mais comme un investissement rentable économiquement et socialement ! C’est bien la doctrine qui visiblement anime ce gouvernement.", explique-t-il.

Et d'ajouter, "sur le plan économique, ce qu'il faut regarder c'est l'affectation des ressources. Dans ce sens, un déficit budgétaire ne veut rien dire. Ce qui importe est de savoir à quoi il a servi. Si on creuse le déficit pour financer le train de vie de l'État ou pour créer de la valeur ajoutée".

Le projet de loi de Finances sera déposé avant le 20 octobre. Le voile sera ainsi rapidement levé sur le chemin qu'empruntera le gouvernement dirigé par Aziz Akhannouch, notamment à court terme, pour rendre effectives les premières actions de son quinquennat.

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