Covid-19 : Le pic de la troisième vague est encore devant nous

La troisième vague de la Covid-19 est plus rapide et a priori moins létale. L'effet de la vaccination est visible sur ce volet. Par ailleurs, nous n'avons pas encore atteint le pic, les nouveaux cas continueront d'augmenter. Eclairages de Dr Mouad Mrabet, coordinateur du Centre national des opérations d’urgence de santé publique au ministère de la Santé.

Covid-19 : Le pic de la troisième vague est encore devant nous

Le 30 juillet 2021 à 11h07

Modifié 30 juillet 2021 à 17h33

La troisième vague de la Covid-19 est plus rapide et a priori moins létale. L'effet de la vaccination est visible sur ce volet. Par ailleurs, nous n'avons pas encore atteint le pic, les nouveaux cas continueront d'augmenter. Eclairages de Dr Mouad Mrabet, coordinateur du Centre national des opérations d’urgence de santé publique au ministère de la Santé.

Nous sommes en pleine troisième vague contre laquelle les experts mettaient en garde en juin dernier. Cette vague est différente des précédentes à plus d'un titre. Elle intervient alors que :

- Les frontières sont ouvertes.

- Les mesures restrictives étaient levées jusqu'au 23 juillet (couvre-feu, déplacement inter-villes, festivités, rassemblements,...).

- Le varient Delta est présent au Maroc et prend le dessus sur le variant britannique jusque-là dominant.

- La campagne de vaccination est bien avancée.

Ce mercredi 28 juillet, le Maroc a atteint un nouveau pic dans l'épidémie avec 9.428 nouveaux cas quotidiens (43.058 tests - taux de positivité 21,89%). Jeudi, la tendance reste la même avec 8.995 nouveaux cas (43.925 tests - taux de positivité 20,47%.)

En quatre jours, ce ne sont pas moins de 27.599 cas de contaminations qui ont été détectés sur 139.954 tests effectués. Soit un taux de positivité de 19,75%.

Sur cette même période, 558 nouveaux cas critiques ou sévères ont été recensés et 108 décès. 

Comment lire ces données à la lumière des spécificités de cette vague par rapport aux précédentes ?

Cette situation était-elle attendue ? Avons-nous atteint le pic ou doit-on s'attendre à des cas quotidiens plus élevés ? Jusqu'à quel niveau ira cette vague ?

Médias24 a posé ces questions à Dr. Mouad Mrabet, coordinateur du Centre national des opérations d’urgence de santé publique au ministère de la Santé. Voici son éclairage.

Le pic n'est pas encore atteint

"La situation d'un point de vue épidémiologique était attendue. Le ministère de la santé, à travers plusieurs communiqués, a alerté sur ce risque", nous explique-t-il.

Pour Dr Mrabet, à plus de 9.400 cas en 24 heures, le pic n'est pas encore atteint. "Nous ne pouvons pas dire que nous avons atteint le pic ! Car le taux de reproduction continue son augmentation. Le dernier chiffre est 1,56. Nous sommes toujours sur la phase ascendante", précise notre interlocuteur.

Dans la théorie épidémiologique, "l'on considère avoir atteint le pic, quand le R est égal à 1. Car, à ce moment-là nous entamons un aplatissement de la courbe épidémique. Quand on passe en dessous de 1, cela veut dire que nous avons entamé la phase descendante", poursuit-il. A ce stade, avec les données actuelles, le Maroc n'a pas encore atteint le pic.

Au vu de la situation actuelle, des mesures actuelles, du comportement actuel des populations, peut-on atteindre par exemple 20.000 cas quotidiens ?

""Nous ne pouvons pas nous prononcer avec certitude sur l'avenir car ce virus reste imprévisible. Je dirais que c'est un chiffre trop élevé, peu probable, mais en même temps tout est possible", nous répond Dr Mrabet.

"A ce stade, ce que l'on peut dire avec certitude c'est que les chiffres vont augmenter sur le court terme ", poursuit-il sans trancher sur un plafond prévisionnel, car les prévisions dépendent de plusieurs facteurs.

"Le variant Delta et la campagne de vaccination sont deux déterminants inhérents à la chaîne épidémiologique. C'est le virus d'un côté et la population exposée à la maladie de l'autre".

Les mesures barrières efficaces contre tous les variants

Mais il y a d'autres facteurs à prendre en compte, "le comportement de la population a changé aussi par rapport à l'année dernière à la même période où les mesures individuelles étaient respectées. Elles sont absentes aujourd'hui", avance notre interlocuteur qui insiste aussi sur la différence du contexte en matière de mesures gouvernementales.

A pareille date en 2020, les fêtes de mariages étaient encore interdites, les espaces de loisirs (restaurants, café et autres ...) n'étaient pas autorisés, les liaisons internationales très limitées,...

Si demain le gouvernement décide d'instaurer de nouvelles mesures plus restrictives ou si le comportement des populations change positivement ou si la vaccination connaît une plus forte accélération,... la courbe pourrait s'aplatir.

"Il faut une implication plus active des populations dans le respect des mesures gouvernementales et des mesures barrières pour aplatir la courbe épidémique durant les prochaines semaines", ajoute Dr Mrabet. "Les mesures barrières sont efficaces, quel que soit le variant".

Une vague plus rapide et relativement moins létale

Cependant, malgré la hausse vertigineuse des nouveaux cas, les chiffres montrent que le ratio décès/nouveaux cas est plus faible en comparaison avec 2020.

Illustration. Le 12 novembre 2020 correspond au pic de la deuxième vague. 6.195 nouveaux cas de contamination en 24h détectés sur un total de 23.565 tests. Un taux de positivité de 26,3%. 64 décès. Le pic des décès est atteint huit jours plus tard, le 20 novembre avec 92 décès en 24h.

Avec plus de 9.000 cas, le nombre des décès est de 32. C'est le plus élevé depuis des mois. Le graphique ci-haut permet de le visualiser clairement.

L'effet de la vaccination est clair. Cela veut-il dire que cette vague est/sera moins létale ?

"C'est une remarque fondée. Si je peux résumer la vague actuelle, je dirais qu'elle est plus rapide, plus accélérée et a priori moins létale en terme de létalité relative (taux de létalité)", commente Dr Mrabet.

"Dans la mesure où c'est une vague plus rapide qui touchera plus de monde, ce qu'on gagne en terme de létalité relative on peut le perdre en terme de létalité absolue. Avoir plus de cas risque de générer plus de décès", ajoute-t-il.

"Heureusement deux facteurs permettent de contrer cela. Il y a la vaccination d'un côté. Et de l'autre le rôle extraordinaire des cliniciens qui prennent en charge les cas graves et par l'effort colossal des équipes d'interventions rapides sur le volet du testing. Les tests dépassent les 40.000 par jour", poursuit-il.

"Tester massivement, c'est détecter précocement et prendre en charge rapidement pour à la fois circonscrire la transmission et éviter les cas graves", conclut-il.

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