Lors d’un webinaire organisé le 10 juin par la coalition marocaine pour l’eau (COALMA) en partenariat avec le groupe OCP, la stratégie de ce dernier en matière de gestion de l’eau et de développement durable a été exposée par de hauts responsables du groupe.

L’optimisation de la gestion de l’eau, une priorité pour l’OCP

Selon Karim Saoud, Vice-président water energy au groupe OCP, les besoins en eau du groupe sont passés de 62 millions m³ en 2010, à 120 millions m³ actuellement et vont atteindre 160 millions m³ en 2030. D’autre part, le groupe a lancé un programme d'optimisation qui va permettre d'économiser 15% de sa consommation en eau.

Dans sa politique de développement durable, OCP compte beaucoup sur l’utilisation des eaux dites “non conventionnelles". Ce sont celles qui sont principalement issues du traitement des eaux usées domestiques et du dessalement de l’eau de mer. Actuellement, les sources non conventionnelles représentent 31% de la consommation d’eau d’OCP. L’objectif est de la porter à 100% à l’horizon 2030, dont 28% émaneront de l’épuration des eaux usées domestiques et 72% du dessalement de l’eau de mer en utilisant exclusivement de l’énergie propre.

Il y a actuellement deux stations de dessalement de l'eau de mer qui ont été mises en service, l’une à Jorf Lasfar et l’autre à Laâyoune. Leur extension est déjà programmée, en plus de la construction d’une nouvelle à Safi. Le groupe considère que l’expérience est réussie, il donne l’exemple de celle de Jorf qui a coûté une somme de 800 MDH et qui arrive à produire le mètre cube d’eau à 5,6 DH. Il est important de noter que ces stations fonctionnent à 100% à l’énergie propre, selon les responsables OCP. 

Quant à la première station d’épuration des eaux usées du groupe, elle fut inaugurée en 2010 à Khouribga. Deux autres ont suivi à Youssoufia et à Benguerir et trois autres sont prévues à Tadla, Fquih Ben Salah et Safi.

L’adoption de l’économie circulaire est motivée autant par l’engagement dans le développement durable que par la logique de rationalisation des ressources et d’optimisation des coûts. Aujourd’hui, 80% de l’eau utilisée dans les laveries de l’OCP est recyclée, chiffre qui sera prochainement porté à 95%, grâce à l’introduction d’innovations récentes.

Stratégie d’OCP pour le développement durable

Le groupe OCP s’est engagé sur un objectif de zéro carbone net en 2040. Par ailleurs, il est déjà arrivé à assurer 89% de sa consommation d’électricité à travers des énergies propres, essentiellement issue de la cogénération de l’énergie éolienne. Le groupe a l’objectif de porter ce chiffre à 100% à l’horizon 2030.

L’effort de décarbonation se fait également dans le sens de la compensation des émissions de carbone, en œuvrant à la plantation des arbres qu’on irrigue par les eaux recyclées d'OCP. Un total de 4,5 millions d’arbres ont déjà été plantés et le groupe prévoit d’en planter 1.000 ha supplémentaires tous les ans. C’est également un moyen intelligent de réhabiliter les mines après leur exploitation.

Le groupe s’était fixé comme objectif de doubler sa capacité de production minière, tripler sa capacité de production d’engrais et réduire les coûts à travers une optimisation dans la chaîne de valeur. Cette stratégie a dû passer par des décisions audacieuses, comme celle de remplacer le transport ferroviaire de la matière première par un pipeline inédit de 180 Km entre  Khouribga et Jorf Lasfar. Ce pipeline a permis de réduire considérablement les coûts et de gagner 1,3 million m³ d’eau annuellement et à terme, 3 millions m³/an.

Pour Hanane Mourchid, Directrice Sustainability and Green Industrial Development chez OCP, le groupe se définit comme le gardien des phosphates pour la planète. Le Maroc disposant de 75% des réserves mondiales de cette ressource, le groupe a la mission d’assurer son partage pour le monde entier. Cette mission centrée sur l’humain qui vise à nourrir le monde ne peut se faire sans une véritable stratégie de développement durable.

En plus de l’économie circulaire, cette stratégie comprend également l'engagement communautaire, comme avec le projet Act4community, qui permet aux collaborateurs d’OCP de s’impliquer pendant 4 semaines par an dans des initiatives à but social. Ou encore à travers des projets à fort impact pour le développement humain dans le pays, comme celui de l’Université Mohamed VI Polytechnique. Cette dernière travaille en coordination avec le groupe et sa filiale JESA dans la recherche et développement afin de trouver des solutions innovantes aux défis que confronte le Maroc en général et le groupe OCP en particulier.

L’eau, une problématique de haute priorité pour le Maroc

D’autre part, la présidente de COALMA, Houria Tazi Sadeq, qui représente également le Maroc au conseil mondial de l’eau, a fait part de ses préoccupations quant à la raréfaction de cette ressource vitale dans le royaume. Pour elle, la problématique de la sécurité hydrique au Maroc doit s’ériger en priorité, en concordance avec le discours royal du trône de 2018. Elle appelle à l’implication de toutes les parties prenantes et la mise en cohérence de toutes les politiques publiques dans l’objectif de réussir ce chantier capital. 

Elle plaide, à l’image de ce que fait l’OCP, pour la multiplication des stations de dessalement d’eau de mer, des stations d’épuration des eaux usées, des barrages, des réseaux d’irrigation et toutes autres solutions qui peuvent contribuer à garantir la sécurité hydrique au Maroc.