Ramadan et couvre-feu : Ce qu'en disent les psychologues et nutritionnistes

Sur le volet nutritionnel, les longs et copieux repas devant la télévision sont à éviter, surtout en cette période durant laquelle les activités physiques seront certainement très limitées après le ftour. Sur le volet psychologique, le couvre-feu va réveiller ce que le ramadan exige de nous, à savoir la privation, alimentaire aussi bien que festive.

Ramadan et couvre-feu : Ce qu'en disent les psychologues et nutritionnistes

Le 1 avril 2021 à 16h42

Modifié 11 avril 2021 à 2h51

Sur le volet nutritionnel, les longs et copieux repas devant la télévision sont à éviter, surtout en cette période durant laquelle les activités physiques seront certainement très limitées après le ftour. Sur le volet psychologique, le couvre-feu va réveiller ce que le ramadan exige de nous, à savoir la privation, alimentaire aussi bien que festive.

Si aucune décision n’a pour l’instant été communiquée par les autorités concernant le couvre-feu nocturne pendant le Ramadan, ce mois s’annonce d’ores et déjà particulier compte tenu du contexte actuel. Pas certain, en effet, que les Marocains pourront vaquer à leurs traditionnelles occupations nocturnes, entre cafés, promenades le long de la corniche, dans les malls ou les souks, et prières dans les mosquées. Ce sont plutôt les soirées au sein du foyer qui se profilent.

Contacté par Médias24, Karim Ouali, docteur en médecine et spécialiste en nutrition, craint, lui, les soirées "passées à grignoter devant la télévision". Il s’en explique : "Il ne faut surtout pas tomber dans le piège de passer la soirée à faire du grignotage compulsif par manque d’activités ou d’intérêt. Le repas devant la télévision, de surcroît pendant le Ramadan, c’est vraiment un point noir. Pendant le Ramadan, les gens ont effectivement tendance à se rabattre devant la télévision. Ils mangent sans se rendre compte de ce qu’ils mangent et sans trop mastiquer les aliments, parce qu’ils mangent la bouche ouverte. L’année dernière, pendant le confinement, une étude de la Société marocaine de nutrition a montré qu’un Marocain sur deux avait pris du poids. Il est donc préférable, surtout pendant le mois de Ramadan, de bien organiser son alimentation."

Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ? "Il s’agit de rompre le jeûne légèrement, sans consommer d’aliments trop lourds, trop caloriques, et en privilégiant les protéines et les légumes, pour pouvoir ensuite faire un repas correct. Si on se positionne uniquement sur un premier repas, généralement copieux et rempli de sucres rapides et de fritures (comme les briouates), on va se retrouver gavés ; d’autant que le couvre-feu empêche la pratique d’une activité physique, ce qui favorise la prise de poids", explique Karim Ouali.

"Si l’on jeûne dans les règles de l’art, une perte de poids est possible"

Si le couvre-feu risque en effet de limiter grandement les sorties après le ftour, le nutritionniste recommande de "faire de l’exercice juste avant la rupture du jeûne, modérément compte tenu des longues journées passées à jeûner".

Il recommande également de ne pas négliger le repas du shour, "car c’est lui qui permet de faire ses réserves pour la matinée". Parmi les aliments qu’il suggère, les fruits, les légumes, les féculents, comme les flocons d’avoine, le plein complet, les œufs et les yaourts "sans sucre".

La perte de poids pendant le Ramadan "est possible, à condition de jeûner dans les règles de l’art". Autrement dit, sans excès. "Au-delà du devoir religieux, le mois de Ramadan était initialement une période de privation afin de ressentir la douleur de ceux qui ne mangent pas à leur faim. Se ruer sur la nourriture et se goinfrer n’est donc pas dans l’esprit théologique du Ramadan. Donc oui, si l’on jeûne correctement, on peut perdre du poids. En Europe, certaines cliniques se sont spécialisées dans le jeûne thérapeutique, et ça coûte très cher. Là, on a l’opportunité de le faire gratuitement", souligne Karim Ouali.

"Il faut répartir l’alimentation sur deux à trois repas en évitant de grignoter entre chacun d’entre eux, et rompre le jeûne avec une date (maximum trois) et un verre d’eau et, surtout, faire une pause après, avant de reprendre le repas. Cela permet au corps d’entrer dans un processus qui permet la satiété", conseille de son côté Nada Azzouzi, médecin nutritionniste.

"Bien sûr, on évite les aliments gras et sucrés ; on privilégie la cuisson au four, moins grasse, et concernant les viennoiseries de type msemen ou baghrir, une par jour est largement suffisante. On peut également intégrer au repas des oléagineux, c’est-à-dire les amandes, les noix, les graines…", ajoute-t-elle.

"Le couvre-feu va réveiller ce que le ramadan exige de nous : la privation"

Ce ramadan 2021 s’annonce également particulier sur le plan psychologique, justement parce que les retrouvailles familiales et les sorties entre amis risquent d’être drastiquement réduites. "Le Ramadan survient encore une fois dans une situation assez inédite. Le confinement nous a déjà imposé beaucoup de changements et nous a amenés à développer des capacités à nous adapter", souligne Wiam Benjelloun, psychologue clinicienne, jointe par Médias24.

Elle veut pourtant croire que Ramadan et couvre-feu ne sont pas incompatibles. "Le Ramadan, c’est d’abord et avant tout une pratique religieuse, même si beaucoup en font des moments festifs plus que religieux. Or cette année, nous serons privés du côté festif. Cette situation inédite a pourtant quelque chose de bon, de salvateur… Le Ramadan nous ramène à une spiritualité qui nous grandit, et le fait de le vivre dans ce confinement nocturne nous enjoint à nous adapter. Cela va réveiller ce que le Ramadan exige de nous, c’est-à-dire être dans la privation et savoir s’adapter à cette abstinence", soutient Wiam Benjelloun.

Et d’ajouter : "Quelque part, le Ramadan, c’est aussi un mois durant lequel on travaille sur soi, sur notre spiritualité… Ce couvre-feu nous obligera donc à être tournés beaucoup plus vers l’intérieur que vers l’extérieur. Et ce sont exactement les exigences que demande ce mois si particulier, et encore plus cette année. En fait, le couvre-feu ne fait qu’exacerber davantage ce travail, cette introspection à laquelle appelle le Ramadan. Être confinés le soir nous amènera donc à le vivre de manière plus spirituelle et personnelle."

Cela ne risque-t-il pas également de susciter, voire d’exacerber, certaines angoisses ? "Oui, effectivement. Mais le fait de se concentrer sur la pratique du Ramadan en étant tourné vers soi plutôt que vers l’extérieur permettra peut-être d’alléger certaines difficultés", conclut Wiam Benjelloun.

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