Image de la femme dans les médias: Le chemin vers l'égalité est encore long

Entre faible représentativité et forts stéréotypes sexistes, l'image de la femme dans les médias a fait l'objet d'une discussion entre intervenants politiques et médiatiques lors d'un événement organisé par le CNP ce lundi 8 mars.

Image de la femme dans les médias: Le chemin vers l'égalité est encore long

Le 8 mars 2021 à 19h15

Modifié 10 avril 2021 à 23h24

Entre faible représentativité et forts stéréotypes sexistes, l'image de la femme dans les médias a fait l'objet d'une discussion entre intervenants politiques et médiatiques lors d'un événement organisé par le CNP ce lundi 8 mars.

A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, le Conseil national de la presse a organisé un webinaire intitulé "image de la femme dans les médias: idée partiale et partielle ?"

Pour en discuter, diverses personnalités médiatiques et politiques ont été conviées. Parmi elles, Bahia Amrani, DG du groupe "Le reporter", Amina Benkhadra, DG de l'ONHYM, Fathia Elaouni, présidente du comité permanent des panafricaines, Bassima Hakkaoui, ancienne ministre de la Solidarité, ainsi que Othman El Ferdaous, ministre en charge de la communication. 

Ce dernier a, lors de son intervention, cité un rapport du FMI dans lequel l’approche genre au Maroc a été évaluée et selon lequel, “l'atteinte de l’égalité et la complémentarité entre femmes et hommes apportera un bonus du PIB de plus de 35%”. 

Or, comme le précise Mme Hakkaoui, "de nombreux pays très avancés n'ont pas atteint la parité. Le monde entier parle des inégalités qui existent toujours et contre lesquelles ils faut lutter par tous les moyens". Au Maroc, malgré les efforts et les avancées progressives, le constat reste amer et les chiffres le confirment. 

“80% des journalistes au Maroc sont des hommes” 

“Selon les chiffres du CNP arrêtés en 2020, il y a eu, l’année précédente, 2.928 cartes de presse octroyées à des journalistes professionnels. Parmi eux, on ne compte que 831 femmes seulement. C’est peu”, déplore Bahia Amrani. 

Pour cette dernière, les femmes journalistes ne sont ni proches de la parité ni convenablement représentées. Même si, à la fin des années 80, il n’y avait que 53 journalistes femmes et qu’en comparant ce chiffre là à celui de 2020 “certains peuvent être satisfaits”, il faut tout de même “se demander pourquoi cette évolution est si lente ?”, poursuit-elle. 

Si la SNRT compte 228 femmes et que la presse électronique en compte 259, comme l’indique Bahia Amrani, il convient de souligner que “près de 80% des journalistes au Maroc sont des hommes”, déclare Amina Benkhadra. 

De plus, “5% de femmes sont représentées sur l’ensemble des médias au Maroc”, martèle Fathia Elaouni, en citant une étude menée par le “global media monitoring project”. 

En effet, lorsqu’on parle de l’image de la femme dans les médias, il ne s’agit pas uniquement des professionnels puisque la représentativité des femmes au niveau des reportages, des émissions de débats, des spots publicitaires etc. est également prise en compte dans les études. 

20% des femmes représentées dans les reportages 

Selon Mme Benkhadra, “l’image de la femme dans les médias est un problème universel. On constate, à travers les études menées ces dernières années, que dans les programmes télévisuels il existe d’importants écarts entre la représentativité et la visibilité des hommes et des femmes ainsi que d’importants stéréotypes sexistes dans les spots publicitaires”. 

Quant à la présence des femmes, Mme Benkhadra indique que 20% seulement sont représentées dans les reportages. De plus, elles ne sont malheureusement présentes que dans le registre socio-juridique, à 55 voire 60%. 

Ce qui n’est pas le cas du secteur économique (24%) et encore moins du politique (5%). Ce qui confirme les propos du ministre de la Jeunesse qui évoque "un recul, de façon séculaire, de l’activité féminine depuis plus de 20 ans". 

“Nous sommes passés de 29% en 2011 à 21% aujourd’hui”, précise Mme Benkhadra en rejoignant l'avis du ministre. 

Pour remédier à ces disparités, Amina Benkhadra affirme qu’il y a “beaucoup de travail à faire” et que “les médias jouent un rôle important pour contribuer à influencer et à façonner la perception des gens”. 

Elle propose, à titre d'exemple, de dédier une émission hebdomadaire dans toutes les radios, à des sujets liés à l’éducation, à la place de la femme dans la société, aux problèmes des femmes, en leur donnant la parole en évitant que cela ne soit fait que lors des grandes occasions. 

Une suggestion à laquelle répond Fathia Elaouni en déclarant que ce n’est pas faute de vouloir faire intervenir les femmes pour parler de tous les sujets importants de la société, mais le problème majeur est de trouver ces femmes, car “tant qu’elles n’occupent pas de postes importants, en particulier en politique, où allons-nous les chercher ?”, interroge-t-elle.  

“Tant que les femmes n’auront pas une véritable représentation au sein des partis politiques nous ne les entendrons pas. Elles ne sont pas assez nombreuses, pas assez mises en avant par les politiques pour que nous puissions exploiter tout ce qu’elles ont à nous dire”, poursuit-elle.

Multiplier les débats dans les médias et mettre en avant les femmes politiques ne sont pas les seules propositions qui ont été faites durant ce webinaire pour réduire les inégalités de genres. 

Mme Benkhadra propose également "d'aller plus loin que les textes" et de faire en sorte que "les médias agissent sur la connaissance des conditions réelles des femmes marocaines et l’évolution de leurs droits". 

De plus, elle suggère de "mettre en place des outils pour évaluer la présence des femmes et des indicateurs pour obliger les radios et télévisions à atteindre un seuil minimal et acceptable" de présence féminine dans leurs programmes. 

Malgré l'important travail qu'il reste à faire pour réduire les inégalités de genres, les intervenants ont également listé des éléments positifs, des accomplissements et réussites grâce aux nombreux efforts féministes notamment sur le plan juridique. 

Beaucoup reste à faire... Mais n'oublions pas les avancées progressives

Il s’agit, selon Mme Benkhadra, de la promulgation de nombreux textes en faveur de la femme, tel que le code pénal en 2003, le code de la famille en 2004, le code électoral ou encore la Constitution de 2011 ainsi que la loi sur la parité et la loi contre la violence faites aux femmes etc. 

Pour Mme Hakkaoui, cette dernière porte sur de nouvelles formes de violences (psychologique, financière). Il n’est plus question de lutter contre la violence en générale mais contre la violence fondée sur le genre.

Aussi, Mme Benkhadra évoque les lois électorales de 2015 et celles d'aujourd’hui. Sans oublier les "multitudes de projets et d’actions en faveur de la femme qui ont porté sur l’égalité comme le plan "ikram", le plan "idmaj" et le plan "min ajliki ".

"Sur le plan des médias également plusieurs initiatives ont été lancées. Il s'agit de la charte nationale pour l’amélioration de l’image de la femme, les chartes déontologiques, les nouvelles dispositions de la loi 77.03 relative à la communication audiovisuelle qui inscrit la promotion de la culture de l’égalité comme étant quelque chose d’important etc.", ajoute-t-elle avant de souligner que "ce survol rapide permet de constater les avancées qui peuvent nous réjouir". 

Cela dit, "le combat n’a pas seulement comme objectif que les hommes et les femmes aient les mêmes droits. C'est aussi un projet de société où les mentalités doivent évoluer. On se retrouve avec un très bel arsenal juridique mais avec une mise en oeuvre qui ne suit pas à la même cadence et qui nous maintient très mal placés dans les classements internationaux. Nous sommes 140ème au niveau global genre; 146 ème pour la participation économique; 115ème en terme d’éducation, 138ème en terme de santé et 123ème en politique", précise-t-elle.

"Tout cela montre que le chemin vers l’égalité est encore long. Mais il faudra se mobilier davantage pour lutter contre un certain nombre d’handicaps et de difficultés et surtout de stéréotypes, de coutumes et d’habitudes", ajoute-t-elle.

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.

A lire aussi


Communication financière

Upline Capital Management: FCP “UPLINE PERENNITE” Rapport du commissaire aux comptes exercice du 1er Janvier 2023 au 31 Décembre 2023

Médias24 est un journal économique marocain en ligne qui fournit des informations orientées business, marchés, data et analyses économiques. Retrouvez en direct et en temps réel, en photos et en vidéos, toute l’actualité économique, politique, sociale, et culturelle au Maroc avec Médias24

Notre journal s’engage à vous livrer une information précise, originale et sans parti-pris vis à vis des opérateurs.