Opinions. Les attentats en France commentés par 4 experts

L'islam a-t-il réellement joué un rôle ou n'est-il qu'un prétexte dans les abominables attentats qui ont frappé la France? Le caractère passionnel de la relation Orient-Occident a-t-il été instrumentalisé en attisant la haine qui a poussé les terroristes à l'acte? Des questions discutées avec 4 éminentes personnalités marocaines et tunisiennes qui s’inquiètent pour la coexistence des religions et n’excluent plus du tout l’arrivée de l’extrême-droite dans l’Hexagone en 2021 

Opinions. Les attentats en France commentés par 4 experts

Le 3 novembre 2020 à 18h48

Modifié le 11 avril 2021 à 2h48

L'islam a-t-il réellement joué un rôle ou n'est-il qu'un prétexte dans les abominables attentats qui ont frappé la France? Le caractère passionnel de la relation Orient-Occident a-t-il été instrumentalisé en attisant la haine qui a poussé les terroristes à l'acte? Des questions discutées avec 4 éminentes personnalités marocaines et tunisiennes qui s’inquiètent pour la coexistence des religions et n’excluent plus du tout l’arrivée de l’extrême-droite dans l’Hexagone en 2021 

Devant la multiplication récente des attaques barbares qui ont endeuillé plusieurs villes de France (Conflans Sainte Honorine, Nice …), certains politiciens français ont (re)sauté sur l’occasion pour se faire l’apôtre de la théorie très controversée du Choc des Civilisations véhiculée par Samuel Huntington.

Un raccourci facile qui ne doit cependant pas nous empêcher de nous livrer à une nécessaire introspection des relations entre le monde musulman et l’Occident qui depuis peu ne cessent de se détériorer, surtout avec la France.

Médias24 a donc sollicité quatre spécialistes des sciences humaines, de renommée internationale, pour décrypter les origines d’un conflit qui ne semble pas vouloir s’arrêter.

"Difficile d’analyser sous l’effet de la sidération"

A une question concernant la dimension passionnelle de la relation Orient-Occident et son interférence dans ces violences, l’éminent sociologue marocain Mohamed-Sghir Janjar rappelle que "l’histoire des rapports complexes entre le monde de l’islam et l’Occident, a été très riche de tensions, d’échanges et d’interactions de toutes sortes, pour qu’ils soient réduits au ressentiment ou à la haine.

"Nous avons souvent dans ces moments-là de sidération après les actes indescriptibles commis, tendance à expliquer des phénomènes complexes comme le fanatisme religieux, l’instrumentalisation politique de la religion ou l’usage de la violence terroriste contre des innocents au nom de la religion, par un critère unique comme la « haine », le ressentiment ou même la discrimination ou la marginalisation, etc.

"Les musulmans aiment autant qu’ils détestent l’Occident"

"La haine à l’égard de l’Occident marque-t-elle les rapports des musulmans à l’Occident et pourrait-elle expliquer les violences commises par la petite minorité agissante qui passe à l’acte terroriste?

"Je pourrai prendre le contrepied de cette formule et rétorquer que c’est plutôt un mélange de « fascination » sourde et non assumée pour l’Occident qui motive les musulmans depuis qu’ils se sont mis en contact direct et massif avec l’Europe voilà plus de deux siècles".

"A chaque fois que l’autoritarisme politique ou la guerre déstructurent leurs sociétés comme dans le cas actuellement de la Syrie, le Liban, la Libye ou l’Afghanistan, vers quelles autres régions s’orientent les milliers d’exilés arabo-musulmans au prix de leur vie ?

"L’Europe évidemment. Devant les consulats de quels pays nous faisons de longues queues pour obtenir des visas ?

""Vers quelles universités nous rêvons d’envoyer nos enfants ? Quels sont les modes de gouvernance politique, de services sociaux, sanitaires ou éducatifs qui suscitent notre admiration, et ce depuis que Tahtaoui nous a légué sa description de l’Occident moderne dans son « Ibriz ou l’or de Paris » au début du XIXe siècle ?

"Même le vénérable Cheikh Mohammad Abduh ne s’est-il pas exilé à Paris pour publier sa revue « al-‘Urwa al-wuthqa » qui a réinventé l’idée du monde islamique moderne? N’a-t-il pas dit qu’ « à Paris il a trouvé l’islam sans Musulmans et qu’au Caire il a laissé des Musulmans sans islam » ?.

"Et ce pour montrer à quel point la civilisation occidentale moderne lui paraissait tellement compatible avec l’islam réformé pour lequel il a œuvré durant toute sa vie".

"Ce que je veux dire à travers la mise en avant d’un autre affect comme la « fascination » pour expliquer la nature des rapports des musulmans contemporains à ce qu’on appelle l’ « Occident », c’est qu’il est facile de construire des narrations contradictoires et opposées pour décrire des situations sociales, culturelles, économiques et géopolitiques complexes.

"Il est facile de se réfugier dans des visions fermées, globales et essentialistes qui tournent le dos à l’histoire, aux dynamiques sociales et à l’agir complexe et bricoleur des acteurs.

"Ce genre de narration nous donne certes l’illusion d’expliquer et de dompter l’évènement dans ce qu’il a de tragique et d’imprévu, mais cela ne fait nullement avancer sur la voie de l’intelligibilité et des  solutions à nos problèmes".

"L’Orient a toujours fait partie de l’Occident"

"Pour avancer dans l’explicitation des termes de votre question, je dirai que même l’opposition islam/occident est à déconstruire. Car ça fait longtemps que nous Maghrébins, Egyptiens ou Turcs, nous faisons partie de l’Occident, géographiquement, historiquement, culturellement.

"Ce n’est pas le lieu ici de rappeler tout ce qui fait notre « occidentalité ». Mais citons juste deux exemples significatifs : l’un des quatre Pères de l’Eglise occidentale n’est autre qu’un berbère né en Afrique du Nord, Saint Augustin d’Hippone (l’actuelle Annaba).

"Et le pilier de l’université européenne médiévale au XIIIè siècle, n’était autre qu’Ibn Ruchd, l’andalou-maghrébin. Alexandrie fut longtemps le foyer de la philosophie grecque après le déclin de la Grèce antique. Et on peut multiplier à l’infini les exemples qui illustrent notre ancrage dans cet occident en qui certains voient, par ignorance de leur propre histoire, l’Autre irréductible. Cela s’applique aussi à l’ignorance cultivée sur l’autre rive de la Méditerranée ».

"Sans code, on ne comprendra pas les caricatures"

"Dans l’affaire des caricatures se sont cristallisés les mélanges explosifs de malentendus culturels et d’ignorances réciproques.

"Du côté français, s’est imposée depuis plus deux décennies, une lecture radicale de la laïcité dans un oubli de l’histoire de celle-ci. Je renvoie à un article récent de François Héran dans lequel il a rappelé justement la genèse de la notion de « liberté d’expression » et les conditions de son exercice (laviedesidees.fr).

"Du côté musulman, il faut aussi rappeler que plusieurs générations de jeunes ont été éduquées dans des systèmes autoritaires qui se méfiaient de la satire politique, de la caricature et de toute forme d’expression artistique critique comme de la peste.

"Elles n’ont eu aucun moyen de s’initier au déchiffrement du langage des dessins satiriques dont la tradition française remonte à la Révolution. A défaut d’éduquer nos enfants à l’esprit critique, à la grammaire du monde moderne et aux expressions plurielles de notre temps, nous les lâchons sans les codes ni les outils nécessaires pour s’y acheminer.

"Dans les meilleurs des cas ils l’habitent en étrangers exclus, mais dans d’autre cas rares, comme ce qui se passe en ce moment, ils choisissent la voie de la terreur et la cruauté.

"Dans les deux cas, nous récoltons ce que nous avons semé de façon systématique et continue depuis des décennies. Et comme avait dit Albert Camus « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde »".

"Ce n’est ni le tout sécuritaire, ni l’endoctrinement religieux ou idéologique qui mettront un terme aux errements tragiques de nos jeunesses, mais l’éducation, la formation à l’esprit critique et à l’autonomie intellectuelle.

"C’est le silence de la pensée en nous qui engendre les monstres que nous risquons de voir venir. Telle est la leçon d’Hannah Arendt : le crime se loge dans la faillite du jugement d’une société, de ses acteurs et de son système éducatif", conclut Janjar qui ajoute qu’après les discours anarchistes, nationalistes, d’extrême-droite … empreints de violence, est arrivé le discours islamiste qui finira par être remplacé par un nouveau…

"Les caricatures ne sont qu’un prétexte pour attaquer les ennemis de l’Islam"

Interrogé à son tour, l’islamologue tunisien Cherif Ferjani (*) pense que l'affaire des caricatures n’a été qu’un prétexte pour mener des actions terroristes visant des pays considérés comme des ennemis de l’islam, comme on l’entend quotidiennement dans les prêches.  

"Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter les prêches dans n’importe quel pays musulman ou presque. Si en France, les mosquées sont contrôlées, certains prédicateurs arrivent à tenir, ici et là, des propos de haine, même si c’est de façon plus subtile par peur des sanctions.

"C’est le cas du salafiste tunisien Bachir Ben Hassen qui, une fois rentré en Tunisie après la révolution, est devenu le plus grand takfiriste avec un discours de haine et de violence contre l’Occident et la France. De retour en France, il tient de nos jours un discours totalement différent par peur d’être expulsé.

"Les discours haineux ne sont pas nouveaux et remontent à la surface"

"Tout cela pour dire que les discours haineux ne datent pas d’aujourd’hui et que la xénophobie dans les sociétés musulmanes, sur fond de discours religieux, est ancienne.

"Nous devons reconnaître le continuum entre les attentats et les prêches ou un certain enseignement religieux à travers certains médias et des livres qui submergent toutes les publications dans les librairies de villes musulmanes.

"Quand vous regardez de près les étals, les discours de haine ne sont pas absents.

"Ceux qui passent à l’acte ne sont pas machiavéliques comme les pseudo-théologiens car ils n’ont pas conscience d’être instrumentalisés, tout comme la religion, à des fins idéologiques.

"En effet, ils n’ont ni le bagage ni la capacité de prendre du recul par rapport à un discours bien rôdé qui leur dicte la conduite à avoir.

"Pour les salafistes, la décapitation est la seule sanction contre les détracteurs du prophète"

"C’est notamment le cas d'un prédicateur salafiste tunisien installé en France qui disait, comme beaucoup d’autres imams, à ses disciples que les 4 grands imams sunnites ont affirmé que « celui qui porte atteinte à la personne du prophète n’a droit qu’à une seule sanction, qu’on lui sépare la tête de son corps ».

"Ce discours attise la haine chez une population qui se sent exclue. En effet, plus on est livré au désespoir, plus on sera porté à vouloir en découdre avec le monde entier. Pour cela, on puise dans le stock de haine des prêches et dans des cours de religion qu’on délivre aux enfants dans des écoles, des mosquées et partout ailleurs. Il ne faut donc pas s’étonner que certains passent à l’acte.

"Il est vrai qu’il y a aussi en France, et ailleurs, une islamophobie qui alimente la haine contre l’Occident, à l’égard des juifs, des chrétiens et de tout ce qui n’est pas musulman, sans que, d’un côté ou de l’autre on pense à balayer devant sa porte.

"D’ailleurs même les musulmans qui ne pensent pas comme les salafistes sont traités de kouffars sur qui on jette l’anathème. Dans les religions, il y a des corpus qui prônent et justifient la haine léguée par des théologiens qui font autorité et auxquels se réfèrent tout le monde; et des corpus qui prônent la paix et l'amour du prochain.

"S’il y a des gens qui ont la capacité de relativiser, il y a aussi des jeunes influençables prêts à passer à l’action car sans bagage intellectuel ou religieux leur permettant de relativiser ce qu’on leur inculque", explique Ferjani.

"La majorité des musulmans de France n’aspirent qu’à la paix"

"Il ne faut donc pas faire comme les xénophobes et les islamophobes qui veulent faire assumer à tous les musulmans la responsabilité des attentats islamistes.

"Mais il ne faut pas non plus faire comme ceux qui veulent justifier les crimes terroristes par la publication des caricatures ou par l’islamophobie.

"Certains musulmans s’estiment assiégés dans leur citadelle"

"La montée des haines d’un côté comme de l’autre s’explique par les politiques néolibérales qui ont conduit les Etats à se désengager de leur rôle social, livrant les exclus aux manipulateurs des idéologies religieuses et racistes appelant aux replis sur ce que Amine Maalouf nomme les « identités meurtrières » :

"Chacun considère son identité comme une citadelle assiégée qu’il faut défendre par tous les moyens, y compris la décapitation de ceux qui sont considérés comme des ennemis".

"Marine Le Pen en embuscade"

« Devant l’urgence de la situation, une réponse sécuritaire s’impose ; mais à long-terme, il doit y avoir une réponse culturelle qui passe par l’éducation à la diversité culturelle et religieuse et aux droits humains.

"Aujourd’hui, en France, on assiste à une montée croissante des haines ; si rien n’est fait et si les attentats terroristes continuent, Marine Le Pen aura une autoroute devant elle", conclut Ferjani qui ajoute que même si les idéologies de haine s’opposent en apparence, la xénophobie de l’extrême-droite alimente l’islam politique et ce dernier travaille pour le rassemblement national (FN).

"La haine actuelle est le fruit d’un long contentieux"

Joint dans son cabinet parisien de psychanalyste, le Franco-Tunisien Fethi Benslama qui est une autorité internationale en termes d’analyse de comportements déviants et en particulier terroristes, pense que les récents attentats ne sont que le fruit d’un long contentieux entre plusieurs acteurs.

"En effet, la question du blasphème est revenue à la surface après plusieurs décennies à savoir l’affaire Salman Rushdie, côté musulman, et le film « la dernière tentation du Christ », côté chrétien.

"Il n’y a donc pas que l’Islam qui est en cause car le christianisme a aussi conduit des opérations de protestation qui ne sont cependant pas allées jusqu’au meurtre (cinéma brûlé à Paris) mais la question du blasphème revient désormais dans l’actualité.

"Une laïcité toujours mal comprise"

"De plus, il y a en France une particularité liée à la laïcité qui est mal comprise par certains religieux.

"Celle-ci est un principe, et pas une valeur, qui veut que l’Etat soit indifférent à toutes les religions et cela peut être interprété par des mouvements islamistes comme une hostilité à leur religion.

"C’est à partir de là que certains d’entre eux installés en France ont commencé à lancer la notion d’islamophobie qui correspond à une réalité mais peut aussi devenir un piège qui fait de tous les musulmans des victimes et porte des accusations fausses d’islamophobe contre l’Etat français.

"Sont venues les caricatures du prophète de l’Islam qui ont été l’affaire qui a créé l’hostilité des musulmans qui ne comprennent pas et n’acceptent pas la caricature des personnages religieux.

"Une mauvaise interprétation des caricatures ?"

"Cela n’existe que dans le monde musulman où les gens restent fondamentalement croyants et où il ne leur vient pas à l’idée de caricaturer des dieux ou des prophètes d’autres religions révélées.

"La caricature est automatiquement perçue comme une insulte alors que les caricaturistes n’insultent pas les musulmans mais se moquent plutôt des extrémistes islamistes.

"De plus, ils ont une longue histoire avec ce qu’il y a de plus ridicule dans la religion chrétienne car avant de croquer les islamistes, ils l’ont fait à maintes reprises avec des curés ou des rabbins.

"L’Islamophobie se transforme en propagande"

"Il y a donc une interprétation tronquée et fausse à dessein qui a été favorisée par les mouvements extrémistes pour apparaître à nouveau comme des victimes de l’Occident.

 "S’il y a un rejet indéniable de l’Islam en France, il est injuste de dire que ce pays est un Etat raciste car selon moi, ce n’est rien d’autre que de la propagande et une construction de l’esprit.

"Sachant que les dirigeants français essayent de protéger leur pays, il est tout à fait normal qu’ils deviennent extrêmement rigoureux contre l’extrémisme, présent depuis de nombreuses années, et qu’ils ne se laissent pas faire.

"Le président Macron s’est mal exprimé"

"Ceci dit, le président Macron a commis une maladresse quand il a déclaré dans son discours de la Sorbonne, que la France continuerait à faire des caricatures. En effet, cela a été compris comme une volonté de continuer à caricaturer le prophète de l’Islam en particulier.

"C’était une vraie maladresse car il aurait dû se contenter de défendre la liberté d’expression en général et point barre.

"En effet, ceux qui en voulaient déjà à la France en ont profité pour faire du pays agressé un pays agresseur avec un retournement de situation incroyable", précise Benslama.

"Une haine qui repose sur de l’envie et de l‘incompétence"

Sur les raisons de la haine antérieure de certains détracteurs de la France, le psychanalyste explique qu’elle repose à la fois sur de l’envie et en même temps sur la détestation des dominants.

"S’ils aimeraient que le dominant cesse de les dominer, ils se doivent de créer les conditions pour y arriver mais ils ne sont pas capables de le faire et leur impuissance se transforme en colère.

"A ce propos, l’exemple d’Israël est plus qu’édifiant. En effet, ce pays qui domine le Moyen-Orient est détesté par tous les pays du monde arabe qui l’entourent car malgré leurs richesses, ils n’ont pas su créer les conditions pour contrebalancer sa domination. Ce qui est fou est qu’aujourd’hui, ils sont en train de normaliser leurs relations avec cet Etat détesté.

"Ce sont donc des mécanismes de ressentiment où il y a à la fois de l’envie et de l’incapacité à créer un rapport de forces pour parler d’égal à égal.

"En parlant d’envie, il n’y a qu’à voir le Maghreb qui a été colonisé par des pays occidentaux et qui ressort sans cesse ce passé désormais lointain pour expliquer ses échecs actuels. Au final, on les déteste car nous avons failli à nous mettre à leur niveau de développement socio-économique.

"Le manque de ressort pour créer les conditions d’une union des pays du Maghreb a fait qu’ils ont non seulement été incapables de créer une entité économique pouvant faire face à l’Europe par exemple mais sont en plus dans des déchirements continuels.

"Des alliés de la France qui mettent de l’huile sur le feu"

"Nous sommes donc dans une situation où il y a une conjugaison de facteurs dans laquelle il y a beaucoup de manipulation par des extrémistes qui sont financés par qui (rires) ???

"Tout simplement par des proches alliés de la France et de l’Europe (Arabie Saoudite, Qatar …). La perversité est d’ailleurs telle qu’aujourd’hui, la situation semble inextricable à court ou moyen-terme.

"Une multiplication des attentats n’est pas à exclure car il y aura toujours des fous pour alimenter l’idée qu’il faut venger la nation islamique de l’occident qui humilie le monde musulman.

"Des psychopathes qui veulent venger Dieu"

"En réalité, ces gens veulent se substituer à Dieu pour le venger comme s’il avait besoin d’eux et comme s’ils étaient en quelque sorte son père.

"C’est le cas de ce criminel qui a tué trois personnes qui étaient en train de prier dans une église à Nice en criant Allah Akbar. Où est la grandeur à accomplir un acte aussi barbare ?

"Si personne ne sait si cet individu est venu en France pour trouver une vie meilleure ou s’il a été envoyé par des extrémistes, il n’en demeure pas moins que c’est un psychopathe ancien délinquant.

"Comme nous en avions déjà parlé après le drame d’Imlil, ces gens ont le plus souvent un terrain favorable pour commettre des actes de décapitation aussi barbares. Ces anciens criminels de droit commun veulent tout à coup devenir des héros de l’Islam et se laver des leurs péchés antérieurs.

"Imaginez la même scène dans un pays du Maghreb par des chrétiens, je n’ose imaginer la réaction des musulmans", s’interroge Benslama pour qui ce drame pourra avoir des répercussions politiques.

"Une situation française proche de l’explosion civile"

"En 50 ans de présence à Paris, je n’ai jamais vécu une situation aussi explosive car certains hommes politiques vont jusqu’à demander la proclamation de l’état de guerre par les plus hautes autorités.

"Cela peut se comprendre quand on se met à couper des têtes de gens sans histoires dans la rue, qui pourrait accepter cette situation dans son pays ? Encore une fois, si cela continue, les réactions violentes vont s’amplifier et il y aura un grand danger pour les musulmans vivant en France", conclut Benslama qui se dit très inquiet pour la coexistence des cultures dans l’Hexagone en ajoutant que les terroristes sont en train de réussir leur opération de division des français de souche et naturalisés.

"Le passé explique le présent"

De son côté, l’Islamologue franco-marocain Rachid Benzine date le début des tensions actuelles à l’année 1979 avec la révolution iranienne et la guerre entre l’ex-URSS et l’Afghanistan.

"On ne peut pas séparer les récents attentats en France de toute une actualité mondiale depuis 41 ans (Révolution iranienne et guerre en Afghanistan).

"Depuis cette période, un affrontement se produit entre, d’une part, le monde occidental et ses intérêts, et d’autre part une partie du monde musulman «revitalisé» par des idéologies islamistes.

"Mais ce qui complique la compréhension des événements, c’est qu’une partie des producteurs d’idéologies islamistes fondamentalistes ont, en même temps, des intérêts communs avec les puissances occidentales (Arabie Saoudite, Qatar... ).

"Il s’agit donc de guerres protéiformes et comportant autant des dimensions d’affrontement internes au monde musulman (l’Iran contre Arabie Saoudite, Qatar contre Arabie Saoudite, Turquie avec ses visées hégémoniques... ) que des dimensions affrontement Occident-monde musulman", conclut Benzine en précisant que dans tous les cas de figure, l’Islam est instrumentalisé au profit d’intérêts politiques et financiers. 

(*) Cherif Ferjani est auteur de l'ouvrage de référence, "Le politique et le religieux en Islam".

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