Jouahri : le Maroc n'activera jamais la planche à billets en faveur de l'Etat

Le Conseil de Bank Al-Maghrib a décidé de réduire de points de base le taux directeur à 1,5% et de libérer totalement les banques de la réserve obligatoire. Voici les déclarations et les réponses de Abdellatif Jouahri, Wali de BAM, en direct du point de presse tenu à l'issue du Conseil.

Jouahri : le Maroc n'activera jamais la planche à billets en faveur de l'Etat

Le 16 juin 2020 à 16h08

Modifié 11 avril 2021 à 2h46

Le Conseil de Bank Al-Maghrib a décidé de réduire de points de base le taux directeur à 1,5% et de libérer totalement les banques de la réserve obligatoire. Voici les déclarations et les réponses de Abdellatif Jouahri, Wali de BAM, en direct du point de presse tenu à l'issue du Conseil.

La Banque centrale prévoit pour 2020 une inflation basse, une contraction de l'économie de 5,2%, une forte dégradation du déficit budgétaire et de la dette du Trésor, ainsi qu'une aggravation des finances extérieures. C'est ce qui ressort du communiqué diffusé à l'issue de son Conseil tenu ce mardi 16 juin.

Des prévisions avec un niveau élevé d'incertitude compte tenu de la conjoncture, que BAM ne manquera pas d'actualiser régulièrement. Voici les principales déclarations et réponses de Abdellatif Jouahri :

La réserve monétaire obligatoire qui était à 2% des dépôts passe à 0%. Cela correspond à une injection de liquidités de 10 milliards de DH dans le système bancaire.

27.750 entreprises ont bénéficié de Damane Oxygène au 12 juin, pour un montant total de 13,8 milliards de DH.

491.500 demandes de report des échéances bancaires ont été acceptées à fin mai, dont 94% provenant de particuliers

La circulation fiduciaire a atteint 305 milliards de DH à fin mai, soit +38,5 MMDH depuis le début de l'année 2020 contre 18 milliards de DH pour toute l'année 2019.

La Banque centrale retient pour ses prévisions un scénario de reprise économique en V, eu égard aux mesures prises par le CVE, BAM et attendues dans le cadre de la loi de finances rectificatives. Mais les incertitudes restent fortes, en lien avec l'évolution de la situation économique mondiale et de la situation sanitaire. Les prévisions des différentes institutions internationales sont très disparates.

Avec la hausse prévue du déficit budgétaire et de l'endettement du Trésor, en plus des emprunts prévus par les établissements et entreprises publiques, la dette publique globale devrait passer de 80,5% du PIB en 2019 à 91,5% du PIB en 2020 avant de s'améliorer légèrement à 91,1% en 2021.

Damane Oxygène et Damane Relance : Toutes les entreprises éligibles ou ayant déjà contracté des crédits vont bénéficier des nouvelles conditions de taux (taux directeur qui est désormais de 1,5% + 200 points de base), soit désormais 3,5% contre 4% auparavant. Le taux étant variable.

Activer la planche à billet en faveur de l'Etat : Jouahri oppose toujours un niet catégorique et souligne les risques inflationnistes, sur les réserves de change et la balance des paiements, compte tenu du déficit extérieur structurel. Le Wali de BAM appelle tout le monde à la responsabilité. "Cette crise est beaucoup plus dure que les précédentes : elle est globale, économique, sociale, sanitaire".

Circulation fiduciaire et retard du paiement mobile : la liquidité bancaire a été impactée par les sorties de cash dues aux aides accordées par l'Etat aux ménages (5,4 millions de ménages). S'il y avait le mobile banking, on aurait pu limiter les sorties de cash. On était prêt (switch, agréments, wallets...). Ce qui bloquait c'est l'écosystème des commerçants. Nous avons demandé l'année dernière un soutien aux commerçants pour qu'ils adhèrent. Mais dans la loi de finances 2020, il y a eu une seule mesure fiscale. Maintenant, avec l'expérience de cette année, le ministère des finances est assez sensibilisé sur la nécessité d'encourager l'adhésion au paiement mobile. Il y a une promesse de Benchaâboun suite à une lettre de BAM.

Nouvelle ligne de précaution et de liquidité : le Maroc a demandé au FMI s'il a la possibilité d'en solliciter une deuxième. Le FMI a répondu que dans les textes rien ne l'interdit. Mais une LPL se négocie sur la base de projections macroéconomiques. Au Maroc, nous avons opté pour une reprise en V et nous avons pris les mesures dans ce sens.

Assouplissement des règles prudentielles des banques : tous les pays l'ont fait. Au Maroc, nous avons assoupli temporairement. Le 30 juin, nous allons réévaluer la situation, et décider s'il faut proroger, revenir en arrière... Les stress tests montrent encore la résilience du secteur bancaire.

Appel à la suspension de la distribution des dividendes par les banques : Il y a des banques qui ont décidé de distribuer avant l'appel de BAM. Certaines vont convertir les dividendes en actions, d'autres vont bloquer le montant des dividendes en compte courant.

Sortie du Maroc sur le marché financier international : le principe est acquis. Mais pour le quand, le combien, le comment, le ministère des finances doit faire son due diligence avec ses banques conseil.

Troisième élargissement de la bande de fluctuation du dirham : Il y a eu une dépréciation du dirham après le deuxième élargissement de près de 3% à cause de tensions sur les liquidités. Il est revenu au milieu de la bande après le tirage de la LPL. Maintenant, il faut d'abord commencer par défendre les nouvelles limites de la bande. Or depuis 2018, les banques n'ont pas sollicité BAM. Nous avons un budget prévu pour intervenir. Et si le choc externe devient beaucoup plus fort, par exemple à l'occasion d'une deuxième vague de la pandémie, à ce moment là on jugera. Il ne faut pas oublier que le passage à une nouvelle phase exige des prérequis. Nous ne voulons pas passer à cause d'une crise de change. Il faut qu'un ensemble d'indicateurs restent maitrisés.

Propositions de mesures de relance au gouvernement : le gouvernement doit mesurer combien il peut mettre sur la table et qu'est-ce qu'il doit exiger en retour du secteur privé. Dans le tourisme par exemple, il y a un changement de paradigme que les opérateurs doivent prendre en compte (digital, sécurité sanitaire...). Le gouvernement doit aussi fixer ses priorités et ce qui lui permettra d'assurer une reprise en V. Quand on analyse la situation en matière de création d'emplois et de valeur, on trouve des points de repère.

Application par les banques des intérêts intercalaires dans le cadre du report des échéances fiscales : Tous les pays ont appliqué les intérêts intercalaires. Quand vous reportez, ça coûte. Le temps coûte aux banques. Nous avons tout de même pris en compte ces intérêts dans une certaine limite d'échéances. Il ne faut pas fragiliser le secteur bancaire et l'Etat.

Difficultés d'accès à Damane Oxygène : BAM a exigé des banques de répondre dans les 72h aux clients en cas de refus. BAM reçoit aussi un reporting détaillé avec les rejets et les motifs. Le CVE a par ailleurs amélioré le processus d'octroi des crédits (simplification des justificatifs).

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