Braconnage de gazelles de cuvier: prison ferme pour trois braconniers

Trois individus condamnés pour actes de braconnage de gazelle de cuvier. Cette espèce en danger a fait l'objet d'une récente étude dans la région du Bas-Drâa. La condamnation très rapide à la prison ferme est une première.

Braconnage de gazelles de cuvier: prison ferme pour trois braconniers

Le 1 juin 2020 à 17h00

Modifié 11 avril 2021 à 2h46

Trois individus condamnés pour actes de braconnage de gazelle de cuvier. Cette espèce en danger a fait l'objet d'une récente étude dans la région du Bas-Drâa. La condamnation très rapide à la prison ferme est une première.

Evitant les sources d'eau et la présence humaine, la gazelle de cuvier est adepte des zones montagneuses accidentées. Elle y trouve un abri contre la prédation et le braconnage. Mais elle n'en est pas pour autant immunisée. 

En effet, comme le rapportait la MAP le 20 mai 2020, "des agents des Eaux et forêts en coordination avec la Gendarmerie royale et les autorités locales ont réussi dans la nuit du 4 au 5 mai 2020, à arrêter trois individus ayant chassé 2 gazelles de cuvier, dans les montagnes à Tafraout (province de Tiznit)".

Trois semaines après leur arrestation, précisément le 28 mai, le tribunal de première instance de Tiznit a condamné ces 3 braconniers à un an de prison ferme et une amende de 100.000 DH.

Ils ont été accusés d’avoir chassé un animal protégé (la gazelle de cuvier), en temps de nuit, en dehors de la période réglementaire et d’avoir violé l’état d’urgence sanitaire en ne respectant pas le couvre-feu mis en place par les autorités.

La voiture et l’arme de chasse ayant servi à la consommation de l’infraction ont été confisqués par les autorités. Le tribunal a décidé que le reste des biens saisis sera retourné à qui de droit.

Par ailleurs, l’un des accusés s’est vu confisquer son permis de port d’arme.

A noter qu'il ne s’agit pas d’un cas isolé. Le ministère de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, avait constaté plusieurs actes de braconnage durant la période de confinement.

Cela dit, même en dehors des circonstances actuelles, la gazelle de cuvier est convoitée par les braconniers. Elle est considérée comme une espèce en danger au Maroc.

C’est notamment ce que rapporte une récente étude publiée le 19 mai 2020 dans la prestigieuse revue Nature. Elle porte sur "les zones de conservation prioritaires dans un environnement saharien en mettant en avant la gazelle de cuvier en voie de disparition comme espèce phare".  

Habitat éloigné des dangers

L’étude a été menée sur la région du "Bas Drâa-Aydar". Avec l'Anti-Atlas occidental, il s'agit des deux principales zones où les populations de gazelle de cuvier ont été identifiées.

Cette région connait la présence de la plus large population de l'espèce avec 935 têtes. Il s'agit de l'effectif le plus important en termes de quantité et de diversité génétique du Maghreb, "ce qui la rend essentielle à la longévité et à la conservation de l'espèce".

Par ailleurs, l'étude rapport que de petites populations sont situées dans le Haut Atlas occidental (au nord d'Agadir) et sur le côté sud du Haut Atlas central et de l'Atlas oriental.

Les chercheurs ont réussi à mettre en exergue les facteurs les plus déterminants de la présence et de la distribution de l’espèce dans la région. Il s'agit des zones montagneuses avec un terrain hétérogène ainsi que la faible densité humaine.

"Couvrant une grande variété d'habitats du niveau de la mer à 2600 mètres, la gazelle de cuvier vit principalement dans les chaînes de montagnes et les plateaux associés, tels que les forêts ouvertes semi-arides de chêne-liège méditerranéen de chêne-liège (Quercus suber ), de chêne vert (Quercus ilex ), de Pinus spp. , le sandarac (Tetraclinis articulata ), le cèdre de l'Atlas (Cedrus atlantica ), l'arganier (Argania spinosa ) et le genévrier de Phénicie (Juniperus phoenicea), mais aussi dans les steppes, maquis ou garrigues, et même dans les champs céréaliers d'Algérie et du Maroc", lit-on dans l’article.

Les scientifiques ont comparé le comportement de la gazelle de cuvier à celui de la gazelle dorcas en Tunisie, qui "semblait affectée négativement par la présence humaine et l'utilisation des terres, plutôt que par les caractéristiques de l'habitat". 

Insaisissable, cette espèce vit dans des zones d'habitat éloignées. La gazelle de cuvier est très peu étudiée. Le fait d'en savoir si peu sur sa biologie peut conduire à un manque de protection et même à des extinctions locales. 

Les chercheurs derrière cette étude ont donc effectué des enquêtes de terrain. Ce qui leur a permis de remarquer la présence de nomades traversant la région ainsi que des braconniers venus de villes voisines dans le but de chasser ces gazelles. 

La zone couverte par l'étude: régions massifs isolés, ravins, points d'eau

Quid de la stratégie de protection ? 

"Les zones de protection, désignées par la stratégie marocaine pour la préservation des espèces en danger, doivent être étendues", estiment les chercheurs. 

Les autorités marocaines envisageaient la création de plusieurs projets dont le "parc national du Bas-Drâa", ainsi que deux réserves de chasses à "Messeied Abeteih" et "Oued Chbika". Or, "ces projets sont au point mort depuis plus de deux décennies", lit-on dans le rapport.

Pourtant, les résultats de cette étude démontrent que cette partie du Maroc est une "zone cruciale" pour la préservation de la gazelle de cuvier ainsi que d'autres espèces d'ongulés en voie de disparition encore présentes dans la région.

Il s’agit notamment de "la gazelle dorcas et les moutons barbares sahariens ( Ammontragus lervia sahariensis ), ainsi que les carnivores tels que la hyène rayée ( Hyaena hyaena ), le chat des sables ( Felis margarita ), le caracal ( Caracal caracal ) et, selon toute vraisemblance, le guépard saharien en danger critique d'extinction ( Acinonyx jubatus hecky )".

Selon cette étude, cette zone pourrait permettre le rétablissement de ce dernier, ainsi que d'autres espèces éteintes d'ongulés, comme "la gazelle mhorr dama (Nanger dama mhorr), l'oryx à cornes de cimeterre et l'addax".

Outre les dangers liés au braconnage, d'autres menaces se révèlent de plus en plus importantes. Selon les données collectées par les scientifiques dans la zone d'étude, le surpâturage et la perte d'habitat sont à surveiller.

"Ces dangers ne semblent pas avoir eu d'effets majeurs jusqu'à présent, mais ils doivent être étudiés", signalent les chercheurs.

"Récemment, nous avons remarqué une augmentation du nombre de brouteurs domestiques et de pasteurs locaux. Cela semble être lié à l'ouverture de nouvelles routes (certaines pavées) et à l'utilisation de grands plastiques flexibles pour le stockage de l'eau, permettant une exploitation plus stable du bétail dans les zones éloignées des sources d'eau".

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