Chargeurs électriques contrefaits: le contrôle peu performant

Le décès d'une fillette, suite à l'explosion d'un chargeur à Sidi Allal Bahraoui près de Khemisset, remet la question du contrôle des appareils électriques au cœur de l'actualité. Face à l'invasion du matériel contrefait ou de mauvaise qualité, le dispositif de contrôle s'avère impuissant.

Chargeurs électriques contrefaits: le contrôle peu performant

Le 8 août 2019 à 12h07

Modifié 11 avril 2021 à 2h43

Le décès d'une fillette, suite à l'explosion d'un chargeur à Sidi Allal Bahraoui près de Khemisset, remet la question du contrôle des appareils électriques au cœur de l'actualité. Face à l'invasion du matériel contrefait ou de mauvaise qualité, le dispositif de contrôle s'avère impuissant.

Une fillette est décédée, lundi 5 août, dans un incendie déclenché suite à l'explosion d'un chargeur électrique défaillant. Ce drame rappelle d'autres victimes d'appareils électriques contrefaits ou de mauvaise qualité qui ont envahi le marché national et dont une grande partie provient de la contrebande.  

Des efforts de contrôle pour peu de résultats

Que font les autorités ? Le contrôle à l'importation est-il défaillant ? Pourquoi ne pas s'attaquer aux dizaines de milliers de commerces structurés ou informels qui affichent chargeurs et autres matériels électriques de bas de gamme et dangereux, au vu et au su de tous ? 

Depuis 2015, une norme marocaine obligatoire NM EN 60335-2-29 définit les spécifications techniques à respecter par les chargeurs électriques, notamment en ce qui concerne l’étiquetage, l’échauffement, la résistance à la chaleur, à l’inflammation et à l’humidité… 

"Comme pour toute marchandise importée, la douane effectue l'examen documentaire systématique de tous les dossiers d'importation. L’entrée sur le marché pour les appareils électriques est soumise à une autorisation délivrée par le ministère de l'Industrie, attestant la conformité avec les normes nationales", se défend une source de l'Administration des douanes.

Pour leur part, les services de contrôle du ministère de l'Industrie, installés au niveau des postes frontaliers marocains, sont censés vérifier la conformité de ces produits. Cette vérification produit quelques résultats.

Au niveau du poste frontalier de Guergarat, par exemple, de nombreux produits défectueux ont été décelés et refoulés depuis le début de l'année, dont une cargaison constituée de 159.000 chargeurs de téléphone non conformes.

Le contrôle à l’importation est constitué de quatre étapes: le contrôle documentaire, le contrôle physique, le prélèvement d’échantillons et l’autorisation d’accès au marché.

Pour s’assurer de la conformité des chargeurs, il est procédé aux prélèvements d’échantillons sur des cargaisons importées, nous explique une source autorisée au ministère. Ces échantillons sont envoyés aux laboratoires agréés pour essais et analyses. A l’issue des essais, les dossiers d’importation non-conformes sont rejetés.

Dans une circulaire publiée en janvier 2018, l’Administration des douanes avait précisé le seuil à partir duquel le contrôle est exigible sur l’importation de certains produits industriels, dont le matériel électrique destiné à être employé dans certaines limites de tension.

Pour le cas des chargeurs de batteries, l’enlèvement sans contrôle des produits importés est ainsi autorisé dans la limite de 5 unités ou 300 DH

La même procédure de prélèvement des échantillons et d'analyse en laboratoire est appliquée au niveau des points de vente des chargeurs à bas prix sur le marché local.

Mais malgré ce dispositif de contrôle, les chargeurs à bas prix et de mauvaise qualité sont encore partout. L'ampleur du phénomène semble dépasser tous les efforts de l'Administration.

Encore du temps pour instaurer le marquage de conformité

Depuis le 1er février 2019, le marquage Cم de conformité réglementaire est devenu obligatoire pour les producteurs et importateurs du matériel électrique basse tension.

Ce marquage permet d’orienter le consommateur marocain vers les produits sûrs et de faciliter le contrôle.

Une période de transition a été accordée aux importateurs pour le marquage. Elle devait expirer le 31 juillet dernier, avant que le ministère de l'Industrie ne la prolonge jusqu’au 31 décembre 2019.

Ce prolongement du délai est justifié par l'objectif de "permettre au plus grand nombre d’opérateurs de se conformer à la législation en vigueur". Car ce sont les importateurs/fabricants de ces produits qui doivent apposer le marquage et non les autorités !

Les produits importés avant le 1er janvier 2020 ne portant pas le marquage pourront être autorisés à franchir l’enceinte des postes frontaliers, sous condition de n’être commercialisés qu’après l’apposition du marquage. Les importateurs/producteurs seront tenus d’informer la délégation concernée du ministère de l’Industrie pour procéder au contrôle physique afin de vérifier l’apposition effective du marquage sur les produits.

Mais une fois marqués Cم, les produits peuvent entrer et circuler sur le marché marocain sans essais de contrôle. La vérification sur simple base documentaire fera foi. Les contrôles sur le marché local se limiteront à la vérification de l’existence du marquage Cم.

Comment s'assurer que les produits qui porteront le marquage sont bel et bien conformes à la norme marocaine ?

Le ministère de l'Industrie assure avoir initié dès cette année un plan national d’enquête qui porte sur sept familles de produits, dont les produits électriques (câbles, ampoules, chargeurs électriques, interrupteurs, …) et les produits électroménagers.

Sur plus de 2.400 produits électriques contrôlés au niveau des villes marocaines, les tests réalisés en laboratoire ont révélé qu’une dizaine de produits seulement sont entachés de "non conformités graves".

Cela est loin de correspondre à la réalité du marché telle que perçue par les consommateurs.

En attendant, le consommateur n'a qu'à bien choisir son chargeur électrique

Le ministère de l'industrie reconnait que le contrôle à lui seul est insuffisant pour éradiquer les risques liés à l’utilisation des produits électriques en général et plus particulièrement ceux inhérents aux chargeurs de téléphones portables.

"L’une des causes principales des accidents résultant de l’utilisation de ces chargeurs, réside dans leur mauvais usage. Certains consommateurs utilisent ces appareils dans des conditions inappropriées, les placent sur des produits inflammables (sur un tissu, sous un coussin, …), notamment pendant le coucher", précise-il.

"Un nombre de critères sont recommandés par les professionnels. Par exemple, il faut éviter les chargeurs électriques "surpuissants". Il faut également vérifier que la batterie est compatible avec le chargeur électrique pour éviter les risques d’explosions ou d’incendies en cas de non compatibilité", poursuit-il

Mais il y a le facteur prix qui est déterminant. Un chargeur de qualité coûte au moins 150 DH contre 15 à 30 DH pour un chargeur adaptable de mauvaise qualité. Ce dernier peut coûter à l'utilisateur sa vie, mais a-t-il les moyens d'acheter un chargeur d'origine ?

Un fléau mondial

Dans un rapport sur la contrefaçon des marchandises dans le monde, l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) avait constaté que le fléau de la contrefaçon touche de plus en plus les batteries des smartphones, les chargeurs, les cartes-mémoires, les cartes à bande magnétique, les disques statiques et les lecteurs audio.

L’analyse des données douanières relève que 19% des téléphones et leurs accessoires qui traversent les frontières sont des faux.

La majorité des produits contrefaits saisis lors de contrôles douaniers proviennent de Chine et de Hong Kong. Les Emirats arabes unis, la Turquie, le Singapour, la Thaïlande et l’Inde constituent les autres principaux lieux de provenance.

"En raison de leur valeur et de l’engouement qu’ils suscitent, les smartphones et les accessoires TIC sont devenus des cibles lucratives pour les contrefacteurs. Le problème touche un volume et un éventail croissants de produits", explique le rapport. 

Les biens TIC de contrefaçon comportent des risques pour la santé et la sécurité, provoquent des pannes de service et occasionnent un manque à gagner pour les entreprises et les pouvoirs publics. 

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