Volaille: désinformation autour de la modernisation des “Riachat”

Suite à la publication en mai dernier de la circulaire relative à l’aval avicole, la désinformation autour de la modernisation des abattoirs de proximité sévit parmi les propriétaires des tueries professionnelles (Riachat). L’Association nationale des producteurs des viandes de volailles (APV) a réagit par un communiqué explicatif.

Volaille: désinformation autour de la modernisation des “Riachat”

Le 31 juillet 2019 à 12h41

Modifié 11 avril 2021 à 2h43

Suite à la publication en mai dernier de la circulaire relative à l’aval avicole, la désinformation autour de la modernisation des abattoirs de proximité sévit parmi les propriétaires des tueries professionnelles (Riachat). L’Association nationale des producteurs des viandes de volailles (APV) a réagit par un communiqué explicatif.

L’APV tente de clarifier les dispositions de la nouvelle note circulaire relative à l’aval du secteur avicole. Elle a publié le 26 juillet dernier, un communiqué explicatif, afin « d’éviter toute mauvaise interprétation ou incompréhension du contenu de la circulaire ».

Publiée en mai 2019, cette circulaire conjointe des ministères de l’Agriculture et de l’Intérieur est venue préciser les modalités de transport et de commercialisation des volailles vivantes et celles auxquelles doivent répondre les unités d’abattage de proximité des volailles destinées aux besoins exclusifs des ménages.

Contacté par Médias24, un professionnel du secteur explique qu’après sa publication, il y a eu beaucoup de désinformation, notamment sur les réseaux sociaux, autour de ce texte qui devrait remettre de l’ordre dans l’activité des Riachat (tueries traditionnelles).

« Il y a toujours des mauvaises intentions. Plusieurs personnes font circuler l’idée que les Riachat seront bientôt fermées afin de laisser le champ libre aux abattoirs industriels privés. Or l'objectif de la nouvelle circulaire est de réhabiliter le maximum de tueries de proximité », explique ce vieux routier du secteur.

Modalités de reconversion des Riachat

Les unités d’abattage de proximité de volailles doivent, selon la nouvelle circulaire, se convertir soit :

- En unité d’abattage de proximité (Riachat) pour l’approvisionnement exclusif des besoins des ménages en viandes de volailles. Ces unités ne doivent, en aucun cas, approvisionner les lieux de restauration collectifs, les boucheries ou les points de vente au détail ;

- En points de vente de viande de volailles qui ne s’approvisionnent qu’à partir d’établissements agréés (abattoirs avicoles, ateliers de découpe des viandes de volailles, produits à base de viandes et centres de conditionnement des œufs).

La circulaire précise, également, que dans l’objectif d’avoir des unités (points de vente de volailles et unités d’abattage) répondant aux normes exigées sur les plans technique et sanitaire, les nouvelles autorisations ne doivent être accordées par les présidents de Communes qu’après avis favorable de la commission locale d’hygiène, composée des représentants du service vétérinaire local de l’ONSSA, du BCH (bureau d'hygiène communal) et de la délégation provinciale de la santé.

30.000 à 40.000 DH pour la mise à niveau d’une Riachat

Reconvertir les Riachat insalubres en tueries respectant les normes sanitaires passe nécessairement par un effort d’investissement. « L’investissement dans les abattoirs de proximité n’est pas très coûteux. Pour réhabiliter une Riachat, il faut compter entre 30.000 et 40.000 dirhams. Une prime fixée à 30.000 dirhams sera versée à un premier groupe de 2.300 Riachat (sur un total de 15.000) pour l’effort de mise à niveau. Ces 2.300 Riachat sont réparties sur l’ensemble du territoire. Et plus les choses avanceront, plus il y aura d’autres abattoirs de proximité qui bénéficieront également de cette prime », soutient ce spécialiste du secteur.

Les conditions de réhabilitation mises en place par l’actuelle circulaire sont jugées moins contraignantes par les professionnels que celles de la circulaire de 2007. Dans le communiqué de l’APV, il est précisé, d’ailleurs, que les modalités de la circulaire de 2007 ont été difficiles à implémenter. D’où le statu quo qu’ont vécu ces tueries traditionnelles lors des 12 dernières années. La nouvelle circulaire vient ainsi, dans une deuxième tentative, rectifier le tir afin mettre en place des points de vente de qualité.

La nouvelle circulaire moins « contraignante » que celle de 2007

« Dans la première circulaire, il fallait que les propriétaires des Riachat disposent de deux locaux séparés : un pour l’abattage et l’autre pour la vente. On ne peut pas demander à un propriétaire de Riacha qui a déjà un local d’en acheter un deuxième. Ce n’est pas possible. Pour simplifier les choses, nous avons proposé de scinder le même local en deux parties, en mettant par exemple une cloison lavable en PVC », affirme un professionnel du secteur.

En outre, les nouvelles tueries doivent être carrelées pour que tout soit lavable. Le matériel doit être en inox pour qu’il soit lavable aussi. Il est également nécessaire de disposer d’une plumeuse et de l’eau courante chaude. Le bois est proscrit (y compris les cages) puisqu’il ne peut pas être décontaminé.

Pour ce qui est du délai de mise à niveau des tueries traditionnelles, « On part de rien. Si on fait 50% du chemin en 3 ans, c’est déjà pas mal. Et je pense que ça va aller assez vite. Il y aura un effet d’entraînement », table ce professionnel.

Vide juridique

La situation actuelle de l'aval avicole est catastrophique. Alors que 90% de la viande de volaille passe par les Riachat, aucune loi ne régit leur activité. « Même s’il y a la loi 49-99 relative à la protection sanitaire des élevages avicoles, au contrôle de la protection et la commercialisation des produits avicoles, elle ne fait aucune mention aux Riachat. C’est comme si elles n’existaient pas. La récente circulaire vient confirmer leur existence et vise leur mise à niveau», soutient ce professionnel. La mise à niveau des Riachat va de pair avec le respect des normes d’hygiènes, jusque-là quasi inexistantes.

Dans leur note circulaire, les deux départements de l’Agriculture et de l’Intérieur précisent que : « afin d’assurer l’approvisionnement du consommateur en viandes de volailles de bonne qualité sanitaire et d’assurer une meilleure maîtrise d’éventuels risques sanitaires (cas de l’inlfuenza aviaire hautement pathogène), la présente note circulaire conjointe a pour objet d’arrêter :

1-Les modalités de commercialisation des volailles vivantes par les élevages ;

2-Les exigences auxquelles doivent répondre les moyens de transport de volailles vivantes ;

3-Les conditions d’accès de volailles aux marchés de gros de volailles et le fonctionnement de ces marchés ;

4-Les modalités de reconversion des « Riachat » en points de vente de viandes de volailles provenant des abattoirs ou des établissements agréés sur le plan sanitaire par l’ONSSA ou en unités d’abattage de proximité de volailles destinées aux besoins exclusifs des ménages ».

Absence d’exigences sanitaires

La circulaire souligne que : « il est constaté que les Communes continuent à autoriser les points de vente de volailles vivantes sans aucune exigence sanitaire, ni respect du cahier de charges élaboré à cet effet.

« Ces points de vente de volailles vivantes se convertissent après en unités d’abattage de proximité de volailles qui ne disposent pas des conditions minima d’hygiène et approvisionnent les lieux de restauration collective en viandes de volailles. Cette situation est préjudiciable à la santé du consommateur et risque d’être à l’origine de cas d’intoxications alimentaires collectives ».

Pour un professionnel du secteur avicole, les Riachat sont, aujourd’hui, le maillon faible de la filière. « L’amont de la filière avicole est exemplaire en matière de respect des normes sanitaires et de qualité. Près de 95% des fermes avicoles bénéficient de soins vétérinaires. En termes d’usines, de production de poussins et de fermes de volaille, le Maroc n’a rien à envier à l’Europe. Pour ce qui est des aliments de volaille, la loi est également respectée. Ce n’est malheureusement pas le cas des abattoirs de proximité. Ces points de vente ne sont pas à l’image de toute la filière ».

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